Ary Chalus n’a pas fait dans la demi-mesure. Le président de Région a honoré les skippers guadeloupéens de fort belle manière en leur dédiant une pleine journée. Elle s’est déroulée en deux temps. Dans la matinée, les navigateurs ont été présentés aux nombreux visiteurs de l’espace Région Guadeloupe. Puis, en fin de journée, ils ont été reçus au dernier étage du Palais du Grand Large, au cours d’une soirée de prestige. 250 personnes, pas une de moins, étaient tournées vers la petite scène aménagée pour l’occasion.
Alors que la pluie s’abat sur les larges vitres du bâtiment, il règne au dernier étage du Palais du Grand Large, une chaude ambiance. En maître de cérémonie, le président de la Région Guadeloupe, Ary Chalus, félicite une nouvelle fois ceux qui traverseront l’Atlantique sous la bannière de l’archipel. « Nous avons pu les encourager, leur dire que nous sommes à leurs côtés. Cette journée a également été l’occasion pour moi de féliciter toutes les personnes qui ont travaillé depuis plus d’un an sur cette Route du Rhum. »
S’il est incontestable que la Région Guadeloupe est le partenaire majeur des navigateurs guadeloupéens, la soirée est aussi l’occasion de remercier les différents sponsors qui se sont engagés dans les différents projets guadeloupéens. Willy Bissainte ne pas manque pas de le souligner. « La Guadeloupe est petite. Nous sommes donc obligés de multiplier les partenaires pour arriver à boucler les budgets et trouver la voie vers Saint-Malo ». Le skipper évoque en quelques mots son projet. « Même si la Route du Rhum est une compétition, il faut également savoir transmettre des valeurs de solidarité. » Il insiste aussi sur cette nécessité promouvoir les énergies renouvelables et les productions locales.
De son côté, David Ducosson, toujours avec l’air débonnaire qui le caractérise exprime au public son mal du pays. « J’ai hâte de retourner en Guadeloupe. Voilà déjà six mois que je suis parti et l’île commence à cruellement me manquer. » Sportivement, l’ancien préparateur d’Anne Cazeneuve, se dit très heureux de pouvoir courir sur un bateau témoin d’une si grande histoire. « Ce sera sa 5e participation à la Route du Rhum et c’est aussi le tenant du titre en catégorie Rhum Multi », rappelle le successeur d’Anne Caseneuve à la barre de Défi an nou.
Et puis, comment passer à côté de Dominique Rivard ? L’homme aux deux lunettes remercie très chaleureusement la Région Guadeloupe de la confiance accordée. Un peu comme Carl Chipotel, il sait qu’il n’y aura pas de miracle et qu’il ne franchira pas la ligne en vainqueur de sa catégorie. Cependant, le Marie-Galantais réaffirme sa volonté d’être le premier des bateaux ayant déjà un certain nombre d’années, à franchir la ligne d’arrivée à Pointe-à-Pitre. « Je suis sur un Class40 vintage et cela me tient vraiment à cœur de prendre la première place des monocoques vintages car je ne peux pas rivaliser avec les machines de guerre de ma catégorie. Dans tous les cas, je vais tout faire pour porter le plus haut possible les couleurs de Marie-Galante. »
C’est bien loin des ambitions du président de Région, qui voue une foi inébranlable en ces champions. Il l’a encore dit : il veut la victoire en Guadeloupe. Sauf que le vouloir risque bien de ne pas suffire. En revanche, il est à souligner que c’est la première édition où la Route du Rhum voit partir autant de marins guadeloupéens expérimentés. Tous les rêves sont donc permis.
Invité par la Région Guadeloupe et le CTIG pour animer les rues de la cité corsaire et le village de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, le « group-a-po » Nasyon a Nèg Mawon a répondu à l’appel du large, avec générosité. Alors que les préparatifs de la saison carnavalesque vont bientôt débuter en Guadeloupe, le « mas » s’offre une présaison à Saint-Malo, pour le plus grand plaisir des résidents et visiteurs.
Le départ de la 11e Route du Rhum — Destination Guadeloupe aura bien lieu dimanche 4 novembre, à 14 heures (heure de Saint-Malo). Un soulagement après la rumeur d’une remise en question de cette date, qui a circulé au début de cette semaine. À l’origine de cette incertitude, la menace de prévisions météorologiques délicates sur la Bretagne. Finalement la dépression atmosphérique annoncée en approche semble moins dangereuse que prévu. Une conférence de presse des organisateurs est venue rassurer tout le monde, notamment la Région Guadeloupe. La crainte d’une arrivée des premiers bateaux, avant une mise en place complète des villages d’animation de Pointe-à-Pitre et de Basse-Terre, prévue le jeudi 8 novembre, avait laissé apparaître quelque inquiétude au sein de la collectivité régionale.
Des canots saintois dans la rade de Saint-Malo ? Oui, c’est le cas tous les après-midi, depuis, hier, lundi 29 octobre 2018, et jusqu’à demain, mercredi 31. Cette animation est le résultat concret d’une convention signée entre la Ville de Saint-Malo, la Société nautique de la baie de Saint-Malo (SNBSM) et l’Association nautique de Sainte-Anne (Anasa). Cette compétition amicale de voile traditionnelle guadeloupéenne, baptisée Trophée des Saintoises, fait partie du programme officiel de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe. Après avoir participé au Traditour, l’équipage malouin accueille les Guadeloupéens de Fouillole pour un « match retour ».
Avec 15 ans d’expérience maritime et déjà une Route du Rhum au compteur, Rodolphe Sépho n’est plus un néophyte malgré ses 30 ans. En participant à sa deuxième transatlantique entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, le Guadeloupéen espère faire mieux que sa 26e place, il y a 4 ans, et surtout porter son projet en lien avec l’économie bleue. Point d’orgue de sa préparation au départ, le baptême de son bateau Rêve de Large a été célébré en grande pompe, malgré un vent glacial.
Réunis au cœur de l’amphithéâtre de l’illustre palais du Grand Large, à Saint-Malo, les 123 skippers de la 11e Route du Rhum attendent impatiemment le briefing de l’organisation. Après les festivités qui ont marqué l’ouverture du village d’animation, l’atmosphère semble un peu plus tendue. Et si les mines sont graves, c’est qu’elles sont en symbiose avec les bulletins météo. Le vent et la pluie arrivés dans la journée du vendredi 26 octobre feraient presque oublier la douceur de ces derniers jours. Lors du briefing des coureurs assuré par Mathieu Sarot de OCSport, organisateur de la course, la mer est en train de passer par-dessus les murs du bord de plage.
Les skippers ont été particulièrement attentifs aux éléments liés à la sécurité. On le sait, la Route du Rhum c’est avant tout de la casse. Beaucoup de casse. Aussi, à la sortie du briefing, les Guadeloupéens n’avaient que le mot « météo » à la bouche. Willy Bissainte est sans détour : « Elle n’est pas du tout appétissante et, pour le départ, ce n’est pas fameux pour l’instant, mais il faut encore attendre. » Le temps sera long jusqu’à mardi, date du premier briefing météo.
Carl Chipotel est comme à son habitude, simple et concis : « Il faut absolument bien se préparer pour affronter des éléments, qui, me semble-t-il, ne seront pas cléments. »
Seul Dominique Rivard, n’est pas trop inquiet. C’est sa deuxième Route du Rhum et le skipper de Marie-Galante explique « faire confiance à l’organisation pour les bulletins météo car ils en savent beaucoup plus que moi ». Toutefois, il avoue que « malgré la météo qu’il y aura, j’espère réitérer ma première sortie de la Manche qui avait été très bonne ». Le Marie-Galantais est même étonnamment détendu, très heureux de voir les autres skippers, les autres « copains ».
En ce deuxième jour d’ouverture du village de la Route du Rhum, le Pavillon des îles de Guadeloupe a déjà pris ses marques. La Région Guadeloupe, partenaire majeur exclusif de l’évènement, a mis les petits plats dans les grands avec plus de 1 000m² de stands, afin de valoriser la destination Guadeloupe. Un espace de 120 m² est exclusivement dédié à la collectivité régionale et à ses partenaires institutionnels dont les chambres consulaires. Outremerlemag a rencontré Jean-Claude Nelson, chef de projet Route du Rhum, à la Région Guadeloupe afin d’avoir ses premières impressions.
Les animations autour de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe sont enfin lancées. La Cité corsaire, a accueilli les visiteurs pour le premier jour des festivités. Outre les bateaux et leurs skippers qui ont attiré les badauds, le village du Quai de Saint-Malo, dominé par le Pavillon des îles de la Guadeloupe, connaît déjà le succès. D’un stand à l’autre, celui de Lucas et Olivier retient toutes les attentions. Leur rhum fabriqué à Saint-Malo fait sensation.
Sonia Petro vient d’être réélue à la présidence du parti Les Républicains de Guadeloupe remportant au passage plus de 90% des suffrages. A 49 ans, la Basse-terrienne entame son deuxième mandat à la tête de la droite « traditionnelle » locale. Son axe reste inchangé : ouvrir la politique à la jeunesse. Guadeloupéenne jusqu’au bout des mots, Sonia Petro ne triche pas et dit les choses. Outremerlemag est allé à sa rencontre.
La vanille de La Réunion est en passe d’obtenir son Indication Géographique Protégée (IGP). Il ne manquerait plus que la validation du ministère de l’Agriculture pour qu’elle rejoigne, entre autres, le melon de la Guadeloupe au rang des productions locales ultramarines protégées. Une grande victoire pour les producteurs qui pourront poser une étiquette « Vanille de La Réunion » sur leurs gousses et, ainsi, se différencier des autres vanilles de l’Océan Indien dites « Bourbon ». Une chance pour l’exportation et pour la production ultramarine, encore trop faiblement protégée par des labels ou des appellations.
Ouvert en 2002, le dossier visant à labelliser IGP la vanille de la Réunion prenait les airs d’une Arlésienne. Après de longues années de débats entre producteurs, le dossier avait, pour ainsi dire, été laissé de côté.
Il a fallu qu’en 2015 l’entreprise Provanille et une association pour la valorisation de la vanille le déterrent. Elles réussissent, au passage, l’exploit de fédérer les producteurs. Aujourd’hui, la vanille de La Réunion est en passe de devenir IGP. L’indication Géographique Protégée est un label européen permettant de garantir l’origine géographique d’un produit mais surtout de sa qualité. Il fait partie de la famille des labels existants comme l’AOC française et son équivalent européenne l’AOP, à la seule différence que l’IGP possède un cahier des charges moins contraignant que les deux susnommées. La victoire est d’autant plus belle que les produits issus des territoires ultramarins ne sont que très peu qualifiés. A l’heure actuelle, le Rhum traditionnel de Martinique est le seul produit bénéficiant de l’appellation AOC. Les autres Rhums de Guadeloupe, de la Guyane et de la Réunion sont IGP.
Vanille « Péi », vanille « Bourbon »
Concrètement, les producteurs de la Réunion pourront aisément, avec ce label, faire valoir leur processus de création lors de la vente. Ce gage de qualité sera d’ailleurs immédiatement matérialisé sur les marchés de l’île et concurrencera ouvertement les vanilles importées des Comores ou de Madagascar. Pour l’heure, ces gousses sont souvent vendues avec l’appellation « Vanille Bourbon », applicable à toutes celles produites dans l’Océan Indien et profitent allègrement de la confusion récurrente des consommateurs avec la vanille « Péi ». Aujourd'hui, tous les consommateurs auront la possibilité de reconnaître une vanille locale d’une autre importée. D’autant que l’indication protégée est un gage de qualité très apprécié lors de l’achat d’un produit dit de “terroir”.
L’Outre-mer pas assez protégée
Les producteurs Réunionnais pourraient, par cette victoire, ouvrir le chemin à leurs collègues ultramarins. On parle ici du café bourbon pointu ou le vin des Cilaos pour La Réunion, la banane de Guadeloupe et de Martinique, le ylang ylang de Mayotte, ou encore le Monoï de Tahiti. Mais il leur faudra de l’endurance sur ce long chemin parsemé d’embûches. Il est d’abord nécessaire de déposer un dossier devant l’Institut Nationale de l’Origine et de la qualité (INAO). Cette structure gère les dossiers des appellations protégés en France et malheureusement, elle n’a pas d’agents en Outre-mer. Donc pour qu’un produit devienne protégé dans ces territoires, il convient que ce soit une initiative personnelle des producteurs, comme ce fut le cas pour la vanille de la Réunion. Cela a été détaillé dans une audition de Jean-Luc Dairien, l’ex-directeur de l’INAO, lors de la commission sénatoriale des Outre-mer le 28 juin 2016. « Nous sommes à l'écoute de tous les porteurs de projet qu'ils soient montés par des producteurs ou des coopératives. Bien souvent, nous sommes aussi approchés en amont par les chambres d'agriculture, par les acteurs économiques et politiques territoriaux, par les collectivités locales ou encore par les administrations déconcentrées qui peuvent tous nous signaler des produits intéressants qui mériteraient d'être protégés. » Ainsi, sans porteur de projet, pas de protection pour les productions. Mais l’initiative des associations et coopératives de vanilles montre bien qu’avec de la patience, de l’entente et un bon dossier, les productions ultra-marines arriveraient à être protégées.