Économie

mardi, 16 octobre 2018 19:42

La vanille de la Réunion : le parfum de la labellisation

La vanille de La Réunion est en passe d’obtenir son Indication Géographique Protégée (IGP). Il ne manquerait plus que la validation du ministère de l’Agriculture pour qu’elle rejoigne, entre autres, le melon de la Guadeloupe au rang des productions locales ultramarines protégées. Une grande victoire pour les producteurs qui pourront poser une étiquette « Vanille de La Réunion » sur leurs gousses et, ainsi, se différencier des autres vanilles de l’Océan Indien dites « Bourbon ». Une chance pour l’exportation et pour la production ultramarine, encore trop faiblement protégée par des labels ou des appellations.

Ouvert en 2002, le dossier visant à labelliser IGP la vanille de la Réunion prenait les airs d’une Arlésienne. Après de longues années de débats entre producteurs, le dossier avait, pour ainsi dire, été laissé de côté.

Il a fallu qu’en 2015 l’entreprise Provanille et une association pour la valorisation de la vanille le déterrent. Elles réussissent, au passage, l’exploit de fédérer les producteurs. Aujourd’hui, la vanille de La Réunion est en passe de devenir IGP. L’indication Géographique Protégée est un label européen permettant de garantir l’origine géographique d’un produit mais surtout de sa qualité. Il fait partie de la famille des labels existants comme l’AOC française et son équivalent européenne l’AOP, à la seule différence que l’IGP possède un cahier des charges moins contraignant que les deux susnommées. La victoire est d’autant plus belle que les produits issus des territoires ultramarins ne sont que très peu qualifiés. A l’heure actuelle, le Rhum traditionnel de Martinique est le seul produit bénéficiant de l’appellation AOC. Les autres Rhums de Guadeloupe, de la Guyane et de la Réunion sont IGP.

Vanille « Péi », vanille « Bourbon »

Concrètement, les producteurs de la Réunion pourront aisément, avec ce label, faire valoir leur processus de création lors de la vente. Ce gage de qualité sera d’ailleurs immédiatement matérialisé sur les marchés de l’île et concurrencera ouvertement les vanilles importées des Comores ou de Madagascar. Pour l’heure, ces gousses sont souvent vendues avec l’appellation « Vanille Bourbon », applicable à toutes celles produites dans l’Océan Indien et profitent allègrement de la confusion récurrente des consommateurs avec la vanille « Péi ». Aujourd'hui, tous les consommateurs auront la possibilité de reconnaître une vanille locale d’une autre importée. D’autant que l’indication protégée est un gage de qualité très apprécié lors de l’achat d’un produit dit de “terroir”.

L’Outre-mer pas assez protégée

Les producteurs Réunionnais pourraient, par cette victoire, ouvrir le chemin à leurs collègues ultramarins. On parle ici du café bourbon pointu ou le vin des Cilaos pour La Réunion, la banane de Guadeloupe et de Martinique, le ylang ylang de Mayotte, ou encore le Monoï de Tahiti. Mais il leur faudra de l’endurance sur ce long chemin parsemé d’embûches. Il est d’abord nécessaire de déposer un dossier devant l’Institut Nationale de l’Origine et de la qualité (INAO). Cette structure gère les dossiers des appellations protégés en France et malheureusement, elle n’a pas d’agents en Outre-mer. Donc pour qu’un produit devienne protégé dans ces territoires, il convient que ce soit une initiative personnelle des producteurs, comme ce fut le cas pour la vanille de la Réunion. Cela a été détaillé dans une audition de Jean-Luc Dairien, l’ex-directeur de l’INAO, lors de la commission sénatoriale des Outre-mer le 28 juin 2016. « Nous sommes à l'écoute de tous les porteurs de projet qu'ils soient montés par des producteurs ou des coopératives. Bien souvent, nous sommes aussi approchés en amont par les chambres d'agriculture, par les acteurs économiques et politiques territoriaux, par les collectivités locales ou encore par les administrations déconcentrées qui peuvent tous nous signaler des produits intéressants qui mériteraient d'être protégés. »  Ainsi, sans porteur de projet, pas de protection pour les productions. Mais l’initiative des associations et coopératives de vanilles montre bien qu’avec de la patience, de l’entente et un bon dossier, les productions ultra-marines arriveraient à être protégées.

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