A tout juste 30 ans, Virginie Sainsily ne cesse de gravir les échelons de BFM TV à « vitesse grand V ». Armée d’une volonté de fer et d’un sourire désarmant, la journaliste a déjà un parcours impressionnant. Reporter en Israël et en Thaïlande, elle est journaliste pour la première chaine d’informations de France depuis 2014. Là, elle a pu couvrir des évènements internationaux comme le crash du German Wings, ou nationaux telle que la crise en Guyane. Après des remplacements à la présentation des journaux télévisés durant l’été 2017, la Guadeloupéenne présentera la pré-matinale de BFMTV en direct dans la tranche de 4h30-6h. La voici donc sous les feux de la rampe. Mais avant de se lancer dans l’aventure d’une matinale, Virginie Sainsily était en vacances, chez elle, en Guadeloupe.
Voici un an et demi que Virginie n’avait pas foulé sa terre natale. De retour dans l’archipel pour une courte, mais nécessaire, semaine de vacances. « C’est la première fois depuis très longtemps que je ne pense pas au travail pendant mes vacances, cela signifie que je suis vraiment déconnectée. » Depuis qu’elle travaille à BFM, les retours au pays ont la double caractéristique de la rareté et de l’urgence. Rares en raison des exigences de son planning, urgents par l’appel de ses racines. « Même si j’ai grandi en Guadeloupe jusqu’à l’âge de 18 ans, je prends le temps de redécouvrir les choses. ». Comme à son habitude, elle regarde tout, écoute tout, sent tout. Rien ne lui échappe. « C’est vraiment un plaisir de revoir certains endroits, sans oublier la famille qui est importante pour moi. » Par ailleurs, revenir c’est se réapproprier le goût des épices typiques de l’île…Emblématiques d’une manière de vivre et un état d’esprit qui lui manquent. « J’aime la manière dont on aborde les gens en Guadeloupe. Tout le monde se tutoie et cela permet d’établir une proximité. » La distance avec la Guadeloupe n’est pas que physique elle est aussi dans le rapport à l’autre. La journaliste pourrait même avoir un soupçon de nostalgie lorsqu’elle parle de la vie insulaire. « Quand on revient en Guadeloupe, on a l’impression que tout est facile. On sort du boulot, on peut aller passer voir notre grand-mère, rencontrer les amis au bord de l’eau, c’est hyper agréable. Dans une grande ville c’est impossible. Et ça me manque un peu. » Loin des yeux près du cœur, concède la gosiérienne avec un sourire amoureux « J’ai beaucoup voyagé, mais je trouve que rien n’est plus beau que ma Guadeloupe. »
« Je suis moins courageuse que lorsque j’avais 18 ans »
A peine majeure, Virginie Sainsily est partie à la conquête de l’Hexagone. Elle n’envisageait pas particulièrement la vie parisienne. « J’avais pensé étudier dans des villes plus au sud telles que Toulouse ou Montpellier, qui abritent une forte communauté d’étudiants Antillais. Mais une fois à Paris, je n’en suis jamais repartie. » Et pourtant, dans une ville connue pour la rudesse de son marché de l’emploi, se frayer un chemin jusqu’au le plateau de présentation de BFM TV demande un solide caractère et une bonne dose de détermination. C’est pour cela que Virginie repense à la jeune Guadeloupéenne débarquée à Paris avec une certaine admiration. « Je la trouve très courageuse. Tout ce que j’ai fait à cet âge-là, je ne suis pas sûre, aujourd’hui, je serais capable de le faire. C’est-à-dire, annoncer à ses parents que l’on veut s’occuper soi-même de ses études, faire un prêt étudiant, chercher les appartements seule et en changer dès que l’endroit ne plaît plus. J’ai même changé quatre fois d’appartement lors de mes quatre premières années. Toutes ces décisions, aujourd’hui, je réfléchirais à deux fois avant de les prendre. » Malgré cette « sagesse » venue au fil des ans, la Guadeloupéenne n’hésite pas à se retourner, à regarder le chemin parcouru et à appeler la jeunesse de l’archipel à ne pas se laisser brider par des discours trop décourageants. « Il ne faut pas se dire que l’Hexagone se moque de nous parce que l’on vient de loin. Très honnêtement, je pense qu’il y a de la place pour tous ceux qui sont motivés et qui sont passionnés. Il est très important de ne pas se mettre de barrières psychologiques. Cela dit, je ne suis pas naïve, ça ne réussit pas à 100%, mais il faut tenter les choses avec passion, ça évite les regrets. » Et même si elle reconnait qu’elle eu de la chance dans sa carrière, Virginie estime qu’elle était légitime à tous les postes qu’elle a occupés en raison de tout le travail abattu. Fort d’un tempérament solide et d’un esprit de compétition bien Guadeloupéen, le jeune Virginie gravit les marches de la Capitale une à une, dans une ascension continue vers le sommet.
Son parcours
Optention d'une licence de Droit et de Science Politique avec mention
Diplomée des écoles de journalisme : ISCPA et CFPJ
A collaborée, dans l'ordre, avec iNews24, Guadeloupe 1ère, Le Grand Journal (Canal +), C à vous (France 5).
Intègre la rédaction de BFM TV en 2014 à l'âge de 26 ans.
Boris Carène est dans son élément. Il se déhanche sur son vélo et grimace de douleur, Les commentateurs expliquent qu’il aime être « dans le rouge », le public électrisé sur le bord de la route scande : « Allez Bobo ! woulé woulé, apiyé, apiyé ! » Nous sommes dans le col des Mamelles, lors du 68ème Tour Cycliste de Guadeloupe et le leader de la Team CCD n’a pas encore gagné le Tour, pas encore.
L’une des singularités de ce Tour, c’est l’hystérie collective pour Boris Carène. Durant 9 jours c’est l’île toute entière qui supporte son champion, le dernier Guadeloupéen à avoir remporté la compétition depuis 1991. Pour le sociologue Franck Garain, Boris Carène fait appel aux valeurs profondes des Guadeloupéens. « Le peuple se sent représenté par Carène car il est le symbole d’un pays de combats. »
Pour bien comprendre cette passion du cyclisme, il faut revenir aux temps des « koud’chenn », lorsque les ouvriers des usines, se lançaient des défis en rentrant du travail. De cet esprit de compétition improvisée, est née le Tour de Guadeloupe en 1948, à l’occasion des 100 ans de la seconde abolition de l’esclavage. Au début, l’engouement n’était pas patent, mais très vite, la foule se passionne pour ses vaillants athlètes qui se dépassent sur l’asphalte. « Dans une société qui a été esclavagisée, beaucoup de choses tournent autour du corps », poursuit Franck Garain. « Les gens sont très friands du cyclisme car ils peuvent se mesurer, corps contre corps, et de la ressort le sentiment de vaillance qui est très fort en Guadeloupe. C’est un pays qui a besoin du goût de l’effort. De plus, la particularité du cyclisme, c’est de voir le corps dompter la machine. » Boris Carène fait donc partie de ces sportifs (tout comme Teddy Riner) qui donne aux Guadeloupéens ce sentiment de fierté. Par ailleurs, l’insularité renforce ce qui pourrait être défini par du nationalisme affectif. Franck Garain va plus loin dans l’analyse en expliquant qu’il « la Guadeloupe est encore jeune est qu’elle essaye d’écrire un récit. En ce sens, il faut des personnes hors du commun comme Boris Carène pour écrire ce récit. »
Le mythe Pauline et Molia
S’il ne fallait retenir qu’une histoire entre toutes celles qui composent le Tour de Guadeloupe ce serait celle-là, la rivalité devenue légendaire entre Alain Pauline et Saturnin Molia, à la fin des années 60. Grand, puissant et taiseux, Alain Pauline était un athlète complet aux allures de dandy. Molia, lui, était ce que l’on appelle dans le jargon cycliste un puncheur. Capable d’attaques fulgurantes, à n’importe quel moment, il aimait blaguer en provoquant le peloton. Il lui arrivait même, avant le départ de la course, d’annoncer à tout le monde, le moment exact où il allait attaquer pour gagner la course. Et il le faisait.
Capture d'écran du film Pauline et Molia, un duel Mythique de Gilles Pedoussaut
C’est lors du Tour 1967 que la rivalité arrive à son apogée. Lors de la dernière étape alors que Pauline est en tête, un coureur, Danquin, percute une voiture mal garée dans la descente de Pigeon à Bouillante. Il meurt sur le coup. Dans un article paru récemment dans France-Antilles, Molia revient sur cet incident en affirmant qu’il voulait arrêter la course et que Pauline lui aurait volé la victoire du Tour sur cette étape. Depuis, Molia a déclaré que depuis cet épisode, Pauline est devenu l’ennemie juré du Molia. Ce dernier prendra sa « revanche » en 1969 lorsqu’il remportera son unique tour. Quoi qu’il en soit ces deux champions aux comportements opposés étaient arrivés à diviser la Guadeloupe en deux. Les pro-Pauline eurent des débats enflammés avec les pro-Molia. Et les débats durent encore aujourd’hui.
Polémiques autour de Carène
Des débats, il y en a eu lors de ce Tour 2018. Au centre, encore et toujours Boris Carène. Certains coureurs du peloton se sont plaints du train trop élevé imposé par les coéquipiers de Boris Carène. Une moyenne de course qui menaçait toutes les tentatives d'échappées, à l'exemple de la courses Abymes-Abymes (quasiment toujours enlevée par un Guadeloupéen) où les échappées des coureurs locaux ont toutes échouées. Une critique qui a été mise à mal lors de la dernière étape, lorsque Boris Carène se retrouve seul sans coéquipier à l'avant du peloton et que d'autres Guadeloupéens comme Loic Laviollette, Fabrice Cornélie, ou encore Romain Vinetot, viennent lui prêter main forte. Et même du côté des médias, des accusations d'être "des groupies de Carène" ont été portées, notamment à l'encontre de Jérôme Boecasse, journaliste à Guadeloupe 1ère. Ce dernier n'a pas manqué de réagir en affirmant "être supporteur d'un Guadeloupéen avant tout" et se dit "fier de pouvoir commenter un coureur du talent de Carène".
Le 9 août est la journée Internationale des peuples autochtones. Crée en 2004 Son objectif est de renforcer la coopération internationale afin de résoudre les problèmes rencontrés par les populations autochtones dans des domaines tels que les droits de l’Homme, l’environnement, le développement, l’éducation et la santé. La France, grâce aux Outre-mer, compte parmi ses citoyens des populations autochtones, notamment en Guyane. La population Amérindienne représente environ 4 % de la population Guyanaise (environ 10 000 sur 256 200 habitants en 2015). Vis-à-vis de la population française, les Amérindiens représentent 0,02 % des citoyens.
C’est dans ce contexte que depuis 8 ans, la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) organise les journées des peuples autochtones de Guyane afin de mettre en avant ces populations beaucoup trop souvent oubliées. En ce sens, la CTG a proposé des animations dans quatre villes du territoire où résident des Amérindiens. Comme ici au Village Espérance de Saint-Georges de l’Oyapock.
©Crédit photo CTG
Durant cette journée, le Président de la CTG, Rodolphe Alexandre, ainsi que Patrice Faure, le Préfet de Guyane ont été sensibilisés aux rituels amérindiens. Ainsi, ils ont porté un intérêt particulier aux rites de passage à l’adolescence dans la tradition des Wayampi ou encore aux rites de purifications chez les Wayana.
A gauche, Rodolphe Alexandre, Président de la collectivité de Territoriale de Guyane ; et Patrice Faure, Préfet de Guyane à droite. ©Crédit photo CTG
Commencées le 4 août, ces journées ont permis à chacun des chefs coutumiers de mettre à l’honneur leurs cultures et leurs traditions respectives. Les 3 autres villages de ces journées se situaient à Macouria, Matoury et Mana. Car il est important de bien faire la différence entre les peuples amérindiens qui habitent en Guyane (voir encadré). Cette décentralisation de manifestation avait été initiée en 2016, puis en 2017, mais a pris une nouvelle dimension en 2018 avec quatre villages, une demande de chefs coutumiers selon la CTG.
Reconnaitre leurs droits sur le territoire
Cette décision n’a cependant pas fait que des heureux au sein de la communauté amérindienne. Lors de la présentation du 9 août de cette journée internationale à Cayenne, la Fédération des Organisations Autochtones de Guyane (FOAG) a exprimé avec force son mécontentement de voir ces journées éparpillées aux quatre coins de la Guyane. Selon la fédération, cette journée devrait être un moment de partage et de rencontres avec l’ensemble de la population guyanaise. Ainsi, par la voix de son président Jean-Philippe Chambrier, le FOAG regrette que ces journées « ne soient réduites qu’a des fêtes de village ». Lors de ce rassemblement, les différentes associations d’autochtones de Guyane ont également revendiqué la reconnaissance de leurs droits. Notamment celui de l’autodétermination de peuples autochtones, initié le 9 août 1982 à l’ONU.
Répartition des peuples amérindiens guyanais :
© Crédit Photo Jacques Leclerc
Issues d’une même tradition halieutique, la yole et le canot saintois font aujourd’hui partie du décor sportif incontournable de la Martinique ou de la Guadeloupe. Cependant, ces deux évènements, ces deux Tour, sont-ils comparables ?
Le 5 août dernier, la Yole UFR/Chanflor rentre victorieuse dans la rade de Fort-de-France. Là, une dizaine de milliers de personnes est sur le bord des quais, impatientes de féliciter leurs champions. Un engouement remarquable pour une course de voile traditionnelle unique au monde.
UFR/Chanflor arrivant en vainqueur à Fort-de-France. © Meg K2Com
Depuis 1984, le Tour de Martinique des Yoles Rondes est l’évènement sportif de l’île aux fleurs. Cela fait 34 ans qu’au début du mois d’août, toute la Martinique se passionne pour cette course haletante où une quinzaine d’équipages se lancent à voile tendue dans une course effrénée de ville en ville. Le créateur de ce Tour, c’est Georges Brival. Il a adapté les « kous kannot arrêté » à la Yole, qui elle-même est issue du gommier. Pour lui le but était très simple, « faire comme un orchestre. C’est-à-dire avec 10 yoles, organiser des courses et gagner de l’argent, à l’image d’une prestation musicale » (1). Depuis l’orchestre a donné lieu à un festival, notamment grâce aux publicités présentes sur les grandes voiles rectangulaires qui peuvent mesurer jusqu’à 85m².
Mi bel kous kanno
Parmi les supporters invétérés de courses de yoles, le chanteur Dédé Saint-Prix est l’un des plus illustres. Grand défenseur de la tradition. Dédé fut présent dès la première édition et n’a cessé de clamer son amour à la Yole. Comme cette chanson, sortie en juillet dernier, Mi bel kous kanno.
« Ce doit être ma 4ème ou 5ème déclaration d’amour à la Yole, j’ai notamment chanté Sikine Sikine en 2002 » avoue Dédé Saint-Prix. Mais pour cette chanson, c’est différent, le « griot des iles » comme il est parfois surnommé, a rencontré un spécialiste du gommier. « Malheureusement, je n’ai pas pu mettre le dixième de ce qu’il m’a transmis dans la chanson » se désole Dédé Saint-Prix. Originaire du François (comme la Yole gagnante du Tour 2018), il a baigné dans les « kous kannot arrété » depuis son enfance. Dédé Saint-Prix voit donc d’un très bon œil la possibilité d’inscrire la Yole au patrimoine de l’UNESCO. « Cependant, j’ai un seul regret » rajoute-t-il, « j’aimerais vraiment que les yoleurs qui prennent sur leur temps et qui prennent des risques soient rémunérés comme il se doit. »
« La Yole c’est un événement mythique »
A presque 200 kilomètres de là, le canot saintois, autre embarcation traditionnelle, aimerait connaitre le même engouement que pour les yoles lors de son Tour de Guadeloupe. « Pour moi (le Tour de Yoles) c’est un monde à part » confie Ofélia Cruces, patronne du seul équipage féminin du Traditour. « Nous aimerions vraiment nous rapprocher de cette convivialité avec la population. Il faudrait vraiment que cela devienne une fête pour tout l’archipel ». De son côté, Hugo Thélier, vainqueur des deux derniers Tour de Guadeloupe, va encore plus loin. « Cela fait bien 5 ans que je scrute la télé au début du mois d’août pour ne pas rater une seconde du Tour de Yoles Rondes. La yole c’est un évènement mythique ! Il y a une telle ferveur ! »
Echange Yole / Saintoise
A en croire les spécialistes, la navigation des deux embarcations n’ont rien à voir. C’est l’avis de Christian Bellay, qui a participé aux deux derniers Tour de Guadeloupe. « Pour moi, il n’y a vraiment de comparaison possible entre la yole et la saintoise. L’instabilité qui réside dans la yole est vraiment unique. Les yoleurs sont vraiment des acrobates ! Alors qu’à mon sens, la saintoise se rapproche de la voile moderne, c’est plus stable et plus tactique. » Malgré ces différences patentes, il existe depuis quelques années, un rapprochement entre les deux disciplines, notamment avec les patrons. L’exemple de Christian Bellay et Loic Mas cette année, où de Christian Dédé l’an dernier, montre l’intérêt de yoleurs pour la voile traditionnelle. Que ces champions martiniquais s’intéressent de plus en plus à la voile traditionnelle de l’île voisine n’est pas un hasard. « Avant d’être des yoles ou des canots saintois, ces embarcations étaient toutes des gommiers (surtout vrai pour la yole, moins pour le canot saintois, NDLR) » explique Christian Bellay. « C’est un bateau utilisé depuis les Arawaks pour pêcher, pour naviguer dans la mer des Caraïbes ». Depuis 2014, Christian Bellay a arrêté les courses de yoles pour revenir à son premier amour : le gommier. Ce dernier continue d’être pratiqué sous sa forme « primitive » mais il est loin d’avoir le même succès que les yoles ou, dans une moindre mesure, le canot saintois. C’est dans le cadre d’un échange avec un équipage d’Anse-Bertrand que Christian Bellay a pu concourir au Traditour. En retour, les Guadeloupéens ont pu s’initier au gommier. Un échange qui laisse songeur Hugo Thélier. « J’aimerais vraiment participer à une course de yoles, ce serait un challenge sportif incroyable » annonce le sociétaire de Petit-Bourg. « L’objectif premier serait vraiment d’apprendre car je suis conscient que la navigation est vraiment différente. » A quand, donc, un équipage guadeloupéen au Tour de Yoles Rondes ?
(1) : propos tenus par Georges Brival lors d’une interview à Martinique 1ère en 2014.
Ofélia Cruces était à la tête du seul équipage féminin du Traditour, la nouvelle formule du Tour de Guadeloupe de voile traditionnelle. Outremerlemag est allé à la rencontre de cette passionée de la mer.
OutremerLeMag : Comment avez-vous découvert la voile traditionnelle ?
Ofelia Cruces : C’est d’abord grâce aux copains. Mon ancien barreur de hobycat avec qui je faisais des compétitions m’a proposé de faire de la voile traditionnelle. Il m’a dit « je suis sûr que ça va te plaire ». J’ai accroché tout de suite car j’aime le challenge, les sports à sensations fortes et j’ai besoin d’un sport d’équipe. Après très vite, j’en suis venue à barrer, je voulais être constamment sur l’eau (les équipiers d’un canot effectuent un roulement entre chaque course, sauf le patron, NDLR). Or, ce n’est pas possible dans un équipage mixte, puisque je suis un petit gabarit et dans ces équipages, on fait naviguer ces petits gabarits que par petit temps.
OLM : Comment s’est formé votre équipage ?
O.C : Par des connaissances, des copines qui sont venues soutenir l’équipage Ti Bijou. C’est un gros avantage de bien se connaître, d’être soudées. Cela nous permet de faire les efforts ensemble, de nous parler. Si jamais il y a un problème on se le dit, parce que c’est essentiel de toujours communiquer. Lorsque nous sommes dans le bateau, nous savons très bien que les non-dits nuisent au plaisir de naviguer que chacune peut avoir.
L'équipage Ti Bijou, lors de la première étape du championnat de Guadeloupe de voile traditionnelle à Saint-François.
OLM : Donc pas de situations chaudes ou électriques sur le canot ?
O.C : Tout dépend. Sur le Tour c’est un peu particulier parce que l’on court tous les jours, le classement peut changer d’un jour à l’autre et on se met plus de pression. Evidemment plus on se connait moins il y a de tensions. Mais quand ça devient chaud, c’est vrai que l’on peut crier dans tous les sens. Mais nous travaillons là-dessus. Surtout cette année où nous étions beaucoup plus dans le jus, d’ailleurs lorsqu’elles me disaient “ mais Ofélia tu nous cries dessus ”, et je leur répondais “ oui mais vous voulez gagner ou pas”. Donc, oui, il peut y avoir des moments de tensions mais cela se travaille à l'entraînement.
L'équipage Ti Bijou en action, lors de la première étape du championnat de Guadeloupe de voile traditionnelle à Saint-François
OLM : Comment est l’ambiance sur l’eau notamment vis-à-vis des garçons ?
O.C : C’est vraiment la bonne ambiance, on est une bande de copains. Quand, dans une course, on les dépasse par tribord, on en rigole, ils en parlent pendant un moment. Même entre eux ils se chamaillent. Je pense que l’on est un petit peu leur baromètre, sur lequel ils se comparent parfois. Mais nous sommes très bien accueillies par les équipages masculins. D’ailleurs, j’encourage les filles qui veulent faire de la voile à faire comme moi, c’est-à-dire commencer par les équipages mixtes pour se mettre le pied à l’étrier. C’est la raison pour laquelle on titille souvent les gars pour qu’ils ouvrent leur équipage aux femmes.
OLM : En parlant de canot, parlez-nous du vôtre, Ti Bijou.
O.C : Le canot Ti Bijou est le fruit d’un projet de l’entreprise Eurogold créé il y a 12 ans. C’est un canot féminin, car Eurogold est une entreprise qui compte beaucoup de salariés féminins. Deux équipages ont précédé le mien. Donc on reprend le flambeau d’un travail en cours et un canot qui était déjà connu dans la voile traditionnelle. Pour l’anecdote, quand j’ai commencé et que je disais que je faisais de la voile traditionnelle on me demandait toujours “tu es sur Ti Bijou ? “ alors que j’étais dans un équipage mixte. Ce n’est pas évident de faire savoir qu’il y a des filles sur des canots barrés par des hommes.
La "Team Eurogold" lors de l'arrivée de Ti BIjou sur la plage du Souffleur à Port-Louis lors de la dernière étape du Traditour.
OLM : Avec ce nouveau tour de Guadeloupe vous vous retrouvez le seul équipage féminin alors que pendant le TGVT il y avait d’autres équipages, ça ne vous dérange pas ?
O.C : Effectivement il y a eu Nemanja (aujourd’hui Ti bo Doudou, NDLR), Maison 60 jours qui était là et il y avait une compétition dans la compétition. Oui, nous avons perdu cela mais maintenant on fait vraiment la course avec les autres équipages, et le niveau est très élevé. C’est aussi ce qui nous a permis de progresser, nous devons être plus juste techniquement pour arriver à leur niveau. Et c’est ainsi que l’on s’est rendu compte que l’on avait un fonctionnement complètement différent de celui des garçons, autant en mer que sur terre, notamment sur la gestion du temps, du matériel, etc. Et puis un équipage de femmes a peut-être beaucoup moins de temps qu’un équipage homme pour s’occuper de la logistique, de l'entraînement.
OLM : La voile traditionnelle est une activité chronophage ?
O.C : Je crois bien que c’est la voile en général ! Mais au-delà du challenge et de l’esprit de compétition je suis convaincue que c’est avant tout la volonté de liberté qui nous anime. On construit notre moyen de déplacement et puis on va en mer, où les frontières n’existent pas. C’est un moment de liberté que l’on s’octroie et plus il dure… plus on est content. Donc, oui, cela prend du temps, mais c’est vraiment un moment de plaisir. Certains aspects sont durs mais la quête de liberté est un gros moteur.
OLM : L’année de voile traditionnelle a été tumultueuse. Vous, en tant que secrétaire de la Classe et patron de canot, comment l’avez-vous vécu ?
O.C : Comme beaucoup de patrons, j’ai adhéré au projet de la classe lors de sa création il y a un an. J’ai voulu donner de mon temps, de mon énergie, de ma bonne volonté pour faire avancer la voile traditionnelle. Ce qui m’a convaincu c’est de voir des patrons avoir le courage de se remettre en question, de se dire « bon les gars, on a merdé (sic), ça fait des années que ça dure ». J’ai trouvé ça très fort car je ne pense pas que tout le monde soit capable de se remettre en question. Après sur l’année en elle-même, c’était compliqué parce j’ai des équipières qui ont été investies soit dans la classe soit dans l’A.Na.Sa (le club organisateur du Traditour, NDLR). Donc nous avons été pas mal dispersées et par rapport à Ti Bijou nous avons beaucoup fonctionné sur l’inertie née de nos bons rapports. Mais c’est vrai que ça n’a pas été facile cette saison de mobiliser les filles avec la tension, la pression que nous avions pour que tout se passe bien. Du coup, les conditions de navigation ont été plus difficiles à gérer. Et ça a été plus compliqué d’arriver à trouver le plaisir de naviguer. Pendant le Traditour, nous avons privilégié une vraie belle ambiance en mer comme sur terre et je pense que nous y sommes arrivées, surtout en mer, où cela s’est ressentie, car la flotte était très regroupée et très soudée. A titre d’exemple, lors du TGVT de l’an dernier, j’ai dû passer toutes mes fins de courses en réclamation. Donc, c’est bien l’état d’esprit qui a été le grand gagnant de cette première édition.
OLM : Qu’est-ce qui vous plaît dans cette nouvelle formule de courses beaucoup plus nerveuses ?
O.C : C’est vraiment grisant ! L’an dernier, on était au frottement pendant une heure avec les autres mais après on passait une heure, voire deux, ou plus, seules au milieu de l’eau à essayer d’apercevoir les autres bateaux au loin. Alors qu’aujourd’hui, on est constamment plus ou moins au contact avec les autres équipages donc la motivation est encore plus grande de grappiller des points du début à la fin.
OLM : C’est l’année des 40 ans de la Route du Rhum, c’est une expérience qui vous tente ?
O.C :(Rires) On m’en a parlé. Mais j’ai du mal avec le concept de traversée solitaire ! Mon plaisir, je le trouve dans le partage, c’est ce qui me donne l’envie de remonter sur un bateau à chaque fois. Après je n’ai jamais fait de traversée de l’Atlantique, et bien sûr, ça m’intéresse.
Du 20 au 27 juillet au centre Rémy-Nainsouta de Pointe-à-Pitre, est exposée une série de clichés du photographe Robert Thimodent retraçant la période bénie du Zouk en Guadeloupe et en Martinique. Au fil des photos, le compagnon des stars nous ramène dans la chaude ambiance des soirées du New Land, au travers de moments historiques, figés à jamais dans le papier argentique. Visite guidée de l’exposition avec Robert Thimodent.
Sur la scène du New Land lors de la “Nuit des Stars” au Gosier. En train de chanter Patrick Saint-Eloi, les Zouk Machine, Tanya Saint-Val (en blanc) et Francky Vincent (avec le chapeau) entre autres. © Bob Thimo
Dominique Panol et Jeff Joseph du groupe Volt-Face, ici à Cuba. © Bob Thimo
Les inséparables : Luc Leandry à gauche et Eric Brouta à droite. © Bob Thimo
Gilles Floro aussi brillant au piano qu’au chant. © Bob Thimo
Dominique Bernier, chanteur du groupe Dissonance. © Bob Thimo
Pour l'occasion, la rédaction d'Outremerlemag propose une selection de 25 titres incontournables de zouk "retro" avec la contrainte d'un seule chanson par artiste :
Rekonsilyé - Patrick Saint-Eloi et Viviane Rangon
Sové lanmou - Zouk Machine
Bonnè serré - Harry Diboula
Romantik - Tatiana Miath
Amazone - Joelle Ursull
De moins en moi - Jacques d'Arbaud
Pou vou - Experience 7
Mi tchè mwen - Jocelyne Beroard
La pli si tol - Chiktay
Sentimental - Annick et Jean-Claude
Lé ou lov - Jean-Michel Rotin
En haut, en bas - David et Corinne
Belle inconnue - Pascal Vallot
Profité - Jean-Michel Jean-Louis
Sandra - Patrick Benoit
Mi mwen - Edith Lefel et Olivier Jean-Alphonse
Bèl kréati - Jean-Philippe Marthély
Calin - Tanya Saint-Val
Lanmou raid - Battery Cremil
Vagabond - Paulo Albin
Une dernière fois - Nathalie Perroni
Amertume - Dissonance
Latine girl - Théorèm
Impasse - Leila Chicot
Ouragans, tsunamis, éruptions volcaniques, oubliez tout ce que vous pensiez savoir. Lors d’un débat citoyen à la salle Tarer de Pointe-à-Pitre, coorganisé par le LION’S Club et l’Office de l’Eau le 14 juin dernier, plusieurs experts étaient présents pour parler de la prévention des risques naturels et la résilience des populations. Un expert a fortement retenu l’attention du public, Christian Anténor Habazac, l’ancien responsable de l’observatoire sismologique et volcanologique de Guadeloupe.
En visite pour 48 h aux Antilles pour se rendre compte de l’impact des algues sargasses sur les côtes Guadeloupéennes et Martiniquaises, Nicolas Hulot et Annick Girardin sont repartis le 12 juin, usés par le marathon. Retour sur cette visite expresse.
Dans le cadre des Assises des Outre-mer, un vote permettra d'élire les projets innovants pour les territoires. Ce sont au total 837 projets qui ont été déposés et depuis le 30 mai dernier, 36 ont été sélectionnés. Il ne doit qu'en rester 12. Les votes se termineront le 13 juin à 23h59, heure de Paris. Outremerlemag fait le tour d'horizons de quelques projets.
Guyane : Quand le verre devient sable.
L’objectif est de collecter le verre, le broyer, le transformer en sable puis le valoriser sur le territoire dans différents domaines. L’idée est venue à Mathieu Troubé en octobre 2016, « Je me baladais avec ma chienne le long du Maroni et elle s’est blessée la patte sur un morceaux de verre. Ça été le déclic, j’en ai eu marre de voir tout ce verre qui traîne partout. » Ce professeur des écoles a effectué un véritable travail de fourmi en recherchant de manière autodidacte les procédés de transformation. « Le projet n’est pas nouveau, » concède Mathieu Troubé « mais il se veut réalisable sur l’échelle du territoire alors que les autres n’ont jamais abouti. Et à terme cela permettrait de pouvoir produire du béton. »
Guadeloupe : La création d’une auto-école sociale et solidaire.
Ce projet est déjà plébiscité sur le territoire. L’objectif est de permettre aux populations en précarité d’être un peu plus autonomes. L’idée est venue de Sabine Lautric, qui porte le projet depuis 8 mois. « Pour moi ça été une belle grosse surprise d’être dans les 36 sélectionnés, même si je sais la qualité de mon projet. » affirme la Guadeloupéenne. « Mais ce n’est pas seulement une auto-école à moindre coût, c’est un véritable projet social, visant l’accompagnement de personnes en grande difficulté tant économique que sociale. Il y aura une véritable prise en charge en fonction de leurs besoins et ainsi ils bénéficieront d’un enseignement adapté. » détaille Sabine Lautric. Dans un premier temps, le projet d’auto-école sociale et solidaire sera implanté dans le Nord Grande-Terre, mais à terme l’objectif sera de l’étendre à tout le territoire guadeloupéen. « C’est un projet conçu pour le peuple donc il est important de s’en saisir, » conclut la trentenaire.
La Réunion : Des clowns à l’hôpital pour nos marmailles
Le projet est porté par l’association Eclats d’île en activité depuis 2003. Deux fois par semaine, il offre à des enfants hospitalisés de recevoir la visite d’un clown. « Nous effectuons des prestations dans les deux CHU de l’île, cependant nous ne pouvons pas, à l’heure actuelle, couvrir tout le service pédiatrie de ces deux établissements, » regrette Natacha Roy, chargé de projets à Eclats d’île. « Nos deux clowns se rendent dans chaque chambre et font un spectacle individuel » poursuit la jeune femme qui annonce « la nécessité de pouvoir ajouter une 3ème journée à notre activité car les clowns n’ont pas le temps d’aller à la rencontre de tous les enfants. »
Martinique : Mi Bel Madam/ L’art dans la ville
Il s’agit d’un projet artistique, collaboratif et territorial de réhabilitation des berges du canal Levassor, avec la réalisation d’une fresque artistique et paysagère de 600 mètres. Imaginé par la Maison d’Artistes/Un Oeuf, ce projet a été monté dans le but de revaloriser le centre-ville de Fort-de-France et de mettre en avant la richesse artistique martiniquaise. L’objectif est double, valoriser artistiquement les berges du canal mais aussi de mettre en valeur la création d’art martiniquaise.
Mayotte : Uzuri wa dzia, coopérative laitière
Regroupés autour d'un objectif commun, sept éleveurs Mahorais ont pour projet de mettre en place une laiterie collective à Mayotte. La population est en demande de lait local que les grandes surfaces ne leur offrent pas pour le moment.
Nouvelle-Calédonie : Cyber-tribu
Ce projet veut connecter la jeunesse de l’île de Lifou, au large de la Grande-Terre. Œuvrant depuis 1999 en ce sens, l’association AJI espère pouvoir consolider et pérenniser la lutte contre la fracture numérique des habitants des îles de la loyauté
Polynésie Française : Ecole bilingue pour les étudiants des archipels lointains.
L'École Bilingue espère, avec son initiative, donner une chance aux enfants des 118 archipels d’étudier dans de meilleures conditions. Dans un territoire grand comme l’Europe, seules deux îles sont équipées de lycées quand certaines n’ont même pas de collèges. Et certains enfants quittent le domicile de leurs parents dès l'âge de 10 ans pour se rendre sur un archipel qui possede un collège.
Wallis et Futuna : développer la pratique du va’a
Le Va’a est le sport traditionnel de toute la Polynésie. Les îles de Wallis et de Futuna n’échappent pas à cette pratique intergénérationnelle. Cependant, le territoire ne dispose seulement que de trois pirogues pour 150 rameurs. Ce projet est pensé comme une tentative de sauvegarde et de transmission du patrimoine culturel de l’archipel.
Saint-Pierre et Miquelon : une coopérative maritime
L’histoire de cet archipel est liée à la pêche. Mais depuis l’effondrement des réserves de poissons nécessaires à la fabrication de morue et la zone de pêche autorisée considérablement réduite au profit du Canada voisin, une coopérative maritime à Saint-Pierre et Miquelon permettrait de créer une véritable filière de pêche artisanale.
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Willy Bissainte est en route pour Lorient. Le skipper a fait son au revoir à la Guadeloupe le matin du 6 juin, devant un parterre d’enfants venus de collèges des 4 coins de l’archipel. Josette Borel-Lincertin, la Présidente du Conseil Départemental, principal partenaire du skipper, était aussi présente sur le ponton de la Marina de Pointe à Pitre.
Une bonne soixantaine d’écoliers avait rendez-vous avec Willy Bissainte, quelques minutes avant son départ. Issus de plusieurs collèges de la région, les enfants ont eu l’opportunité de poser leurs questions au skipper qui va participer à sa 3ème Route du Rhum. Comment vit-il ses traversées? Que mange-t-il ? D’où lui vient cette passion de la voile ? Des parfois questions intimes, mais aussi plus techniques.
Willy Bissainte s’est prêté au jeu avec plaisir. Tel un conteur, le navigateur raconte ses exploits et son quotidien. Pour lui, la rencontre avec les collégiens, juste avant son départ, est source d’une belle énergie.
Bien entendu présente, Josette Borel-Lincertin a déclaré avec l’emphase qui la caractérise « Le conseil départemental se doit d’être au côté de Willy. Comme les enfants, nous avons eu les yeux écarquillés devant son discours et je voudrais que nous soyons nombreux à accueillir, ici même, un Willy Bissainte vainqueur. »
Le skipper de Baie-Mahault désormais paré pour se rendre à Lorient où, là-bas, il peaufinera son bateau et sa préparation de course. Il a profité des micros tendus pour donner quelques renseignements sur l’objectif de cette traversée en direction des côtes bretonnes. Il espère y arriver en 17 jours.
Côté finances, la traversée est, elle, nettement moins tranquille. En effet, malgré les 100 000 euros de subventions financés par le Conseil Départemental, Willy Bissainte a lancé une campagne de crowdfunding pour boucler sa participation à la 11ème Route du Rhum.
Avant d’embarquer dans son monocoque de 50 pieds, répondant au nom de C la Guadeloupe, Willy Bissainte a promis à ses jeunes supporters qu’il donnera des nouvelles par mail chaque jour pour « vous dire si tout va bien. »