Société

mercredi, 09 mai 2018 21:42

Billet de Foire by Migail Montlouis-Félicité

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"A la Foire on y vient essentiellement pour manger et boire" "A la Foire on y vient essentiellement pour manger et boire" ©Migail Montlouis-Félicité

C’est véritablement un parcours du combattant de déambuler dans les allées du Hall des Tropiques, de plus, le dernier jour !

Cette année je n’avais guère l’envie de m’y rendre d’ailleurs, un ressenti persistant depuis ces dernières années où me semble t-il, l’espace ne convenait plus à nos territoires. En effet,  à mon sens, et à mon humble avis de visiteur, cette configuration n’offre plus  véritablement une visibilité positive.

N’étant pas une spécialiste du tourisme encore moins de l’économie de nos pays, d’où  le « Billet » pour vous en parler.

En échangeant avec divers artisans, je me rends compte de leurs difficultés financières… Ils en parlent et leurs stands y perd en espace, chaque année de plus en plus.  La difficulté d’obtenir des subventions ou des aides à la création…

Les Délégations des Régions elles-mêmes n’ont guère plus de superficie pour exposer, sans doute le fait du prix des stands labellisés «  Foire de Paris ».

A une époque bien révolue, il y avait dans le Hall « Terre des Tropiques » une valeur sûre qui était au-delà de la consommation culinaire et de la musique.

Une partie qui était réservée à la littérature, cet espace a complètement disparu et, cela  me chagrine grandement. Je suis une passionnée de littérature et j’aimais aller à la rencontre de nos écrivains.

Les maisons d’éditions ne viennent plus. Les maisons du tourisme de certaines communes qui ont quant à elles écrites les premières pages de l’histoire de « Terre des Tropiques » ne voyagent plus vers la capitale.

Au Hall des Tropiques, l’Outre-mer est désormais comme un îlot enfermé entre les régions du Maghreb, d’Afrique, des Indes, d’Asie. Nous survivons à la confusion identitaire, comme une terre en danger, danger d’un vent de marées qui nous porte préjudice.

On peut aussi déplorer les allées extrêmement bruyantes, avec la difficulté d’échanger sur un produit ou des offres commerciales des quelques stands sur l’immobilier, les cosmétiques ou les bijoux… ou simplement d’une discussion entre amis ou au cours de nouvelles rencontres.

D’un stand à l’autre, c’est un duel de sons, à qui mettra la musique le plus fort. Le voisinage n’est pas chose aisée dans le village qui se veut festif.

On ne s’entend guère, c’est une véritable cacophonie. Mais c’est aussi l’ambiance des foires.

Mais « nou vini pou amizé nou » comme me le soulignent quelques visiteurs. Face au podium Tropiques en Fête où se succèdent les artistes invités, les places sont prises d’assaut. On ne peut guère y accéder ne serait-ce que pour une photographie. « Sè lè à amizman, lè a Kannaval ». En même temps nous sommes au dernier jour des festivités, je ne m’en plains pas, je constate et patiente.

Le Hall des Tropiques est baigné par une chaleur assez suffocante, les parfums des bokits, des sorbets et des rhums arrangés enivrent presque... A la foire on y vient essentiellement pour manger et boire me soulignent d’autres visiteurs.  Il y a aussi les quelques points nature avec les fleurs de nos terres d’origines.

On s’y bouscule sans ménagement.

Et cependant on s’y retrouve avec des souvenirs du pays, qui sans doute manquent cruellement à certains visiteurs.

Après passer en revue  les autres halls d’électroménagers, d’autres produits du terroir, les amis des tropiques se précipitent avec moult bagages pour  apprécier les gourmandises créoles. Avec enthousiasme ils badinent les yeux et joues rougies par les « petits punchs », les autres alcools péyi ou le piment.

Rhums

 Peut-on véritablement prendre le temps de découvrir ces régions qui ont tellement besoin de plus de valorisation ?

Dommage ou peut-être ne l’ai-je pas vu, qu’un stand n’ait pas été dédiée au 170ème anniversaire des Abolitions de l’Esclavage Coloniale, c’était sans doute l’occasion de mettre en lumière une page de nos histoires concernant différents départements représentés ici, des dates grandement symboliques en 2018.

Toutefois nous devons souligner que la Délégation du Crefom (Conseil représentatif des Français d’outre-mer) a visité le Hall des Tropiques le samedi 5 mai avec à sa tête son Président Jean-Michel Martial.

Certains représentants dont Serge Romana, du Collectif de la Marche du 23 mai 2018 sont allés à la rencontre d’ultramarins pour les informer des 20 ans de la Marche de 1998…

En 2018, on peut remarquer que pour la Martinique, le stand avec peu d’espace ne donne plus l’occasion de s’y arrêter pour au moins faire une interview des responsables. La Guadeloupe, proposait deux haltes, avec un stand à l’intérieur du Hall un autre à l’entrée de la foire… Une case créole plutôt jolie.

Casé créole Gpe

La Guyane recevait sur son espace avec ses artistes, sa Reine et son Roi du Carnaval 2018 sublimes,et une histoire du Touloulou sous forme de poupées et de cartes.

Roi&Reine de GuyanePoupées Touloulou

Il y  eut quelques coups de cœur, pour les stylistes Mesdames Doudou Dièz de la  Guadeloupe, fidèle depuis des années, Evelyne René-Corail de la Martinique, on ne pourrait pas imaginer ce rendez-vous des artisans de Martinique sans elle. Madame  Didière Sinseau, styliste et modéliste, spécialiste de l’arbre Bakoua auquel elle redonne des lettres de

noblesse, était l’invitée du Comité du Tourisme de la Martinique pour les 4 derniers jours. Le Bakoua étant un arbre ancestral dont elle récolte les fruits pour en faire un matériau

de tressage pour des chapeaux, des boucles d’oreilles et autres accessoires de décoration.

Leurs talents reflètent bien de la splendeur de nos matériaux, de nos tissus, de la dentelle pour fabriquer des habits d’antan avec une vision moderne et autres accessoires de beauté.

Doudou DièzDoudou Dièz devant sa machine à coudre

Création Evelyne René Corail

La collection d'Evelyne René-Corail

Didière Sinseau

Didière Sinseau travaillant le Bakoua

Certains plasticiens et autres artistes étaient présents à l’édition 2018 dont la plasticienne Abishag.

On ne peut se promener à la Foire tropicale de Paris sans s’arrêter  à la cuisine de Monsieur Jean-Marc Floro.

Gourmets  par JMFLORO

Jean-Marc Floro prenant lui même les commandes

Sa table offrait aux visiteurs toutes les saveurs des Antilles.

A mon arrivée, je l’avais aperçu dans le carré « Discover me by Foire de Paris ». La MAISON TINAS, des espadrilles faites à la Martinique, une marque Martiniquaise fabriquée dans la capitale des espadrilles Mauléon.

Espadrilles TINAS

Des espadrilles qui ont fait la joie des visiteurs et que nous avons tous l’envie de porter. Willem Germany est l’initiateur de la marque. C’est un jeune entrepreneur qui voulait des espadrilles qu’il ne trouvait pas, il les a donc créées il y a 4 ans. La Directrice du Réseau touristique pour la Martinique, Mme Muriel Wiltord lui a donné la visibilité à la Carribean Week, une manifestation Fashion design, et depuis à New-York il se dit : « Tina is an original French caribbean brand, born in Martinique, made in Mauleon...» 

La particularité de ces espadrilles qui s’offrent à certains Présidents, aux artistes est qu’elles sont faites avec du matériel bio, dont la corde est fabriquée à base de feuille du bananier, et des tissus très originaux.  Kareen Guiock notre nationale journaliste de M6, originaire de la Guadeloupe en est déjà adepte...

Karine Guiock & Willem Germany

C’est définitivement ma bonne raison d’être allée à la Foire de Paris 2018  et d’avoir pu les rencontrer. Désormais je marche en TINAS.

A l’heure où la Foire clôture sa 114ème édition, j’espère pour nos artisans et exposants de bien meilleures conditions pour l’avenir.

By Migail M.-F.

©Migail Montlouis-Félicité pour Outremerlemag

Lu 8905 fois Dernière modification le vendredi, 11 mai 2018 17:11

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