Le Songe d’une autre nuit, d’après Le songe d’une nuit d’été de William Shakespeare, n’est pas une simple adaptation. C’est bien mieux que ça ! C’est le point d’intersection et d’interrogation entre deux cultures. Un métissage réussi à l’initiative de Jacques Martial et Nicole Aubry, metteurs en scène, et d’Ewlyne Guillaume et Serge Abatucci fondateur du TEK, le Théâtre école de Kokolampoe (Guyane). Aux comédiens issus du TEK — qui incarnent dans notre Songe les « invisibles » agissant, malins, puissants, espiègles — Jacques Martial adjoint les élèves de l’ENSATT de Lyon tout juste sortis de leur cursus. Cette rencontre fait des étincelles.
C'est une histoire complexe dont l’action se déroule en Grèce et qui réunit, pour mieux les désunir, deux couples de jeunes amants. C'est la rencontre de deux mondes, celui des Athéniens et celui des êtres de la forêt, ne se fait pas ici de manière conventionnelle. C’est une réalité. Ces êtres existent en Guyane, et beaucoup d’entre nous l’ignorent. Des hommes et des femmes qui vivent dans la forêt équatoriale, en osmose avec elle, les Bushinengués, littéralement « les hommes de la forêt ». Aujourd’hui ces hommes et ces femmes prennent la parole et apportent avec eux sur la scène un peu de leur forêt quotidienne.
UNE SORTE DE FOLIE FURIEUSE...
Tant de fois adaptée au théâtre, cette comédie fait l’objet d’une nouvelle interprétation qui est présentée ce samedi 15 novembre, à L’Artchipel-scène nationale, à Basse-Terre (Guadeloupe). La pièce est interprétée par une quinzaine de jeunes comédiens, âgés de 19 à 27 ans, issus en grande partie des communautés Bushinengés de Guyane : Sterela Abakamofou, Serge Abatucci, Kimmy Amiemba, Pierre Cuq, Augustin Debeaux, Sophie Engel, Miremonde Fleuzin, Rosenal Geddeman, Mac-Gyver Jingpai, Belisong Kwadjanie, Carlo Kwadjani, Nolinie Kwadjanie, Mathieu Petit et Carlos Rémie Seedo.
Le comédien et metteur en scène Jacques Martial en est à l’initiative. « Le Songe d’une nuit d’été est l’une des grandes comédies de Shakespeare que j’ai toujours rêvé de mettre en scène, avoue-t-il. C’est une sorte de folie furieuse, comme un bateau qui se met en marche et que rien ne peut arrêter, mais une pièce extrêmement drôle. Avec cette adaptation, nous proposons une rencontre des cultures dans tous les sens du terme. C’est une rencontre entre ces jeunes descendants des nègres marrons vivant dans la forêt guyanaise et de jeunes occidentaux. »
Après L’Artchipel, la troupe doit se rendre en Martinique, la semaine prochaine.
Songe d’une autre nuit, samedi 15 novembre, à 20 heures, à la salle Anacaona, à L’Artchipel, à Basse-Terre.
Tarif : de 15 à 25 euros. Tél. 05 90 99 29 13.