Les observateurs de la vie politique calédonienne et française, notamment les instituts de sondage, avaient pronostiqué un triomphe (entre 60 % et 75 % des suffrages) des opposants à l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Au terme du référendum, qui s’est déroulé ce dimanche 4 novembre 2018, ils devront se satisfaire d’une belle victoire, sans plus : 56,4 % des suffrages contre 43,6 % aux partisans de l’indépendance, qui ont réalisé un bien meilleur score que prévu. La participation a été massive avec 80,6 %.
VERS UN DEUXIÈME RÉFÉRENDUM ?
Avec ce résultat en faveur des adversaires de l’indépendance, la porte reste ouverte à un deuxième référendum. C’est l’accord de Nouméa de 1998 qui le prévoit. Il permet, en effet, à la demande d’un tiers des membres du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, de solliciter à nouveau les électeurs, dans les deux ans, suivant la victoire du « non ». Et le processus ne sera pas fini, puisqu’en cas de résultat identique, il sera encore possible d’organiser un troisième référendum. C’est, en fait comme au tennis, il faudra trois sets (trois victoires) au camp du « non » pour l’emporter définitivement.
PAS PRÊTS POUR L’INDEPENDANCE
Après ce rendez-vous manqué, les partisans de la pleine souveraineté ont donc deux chances supplémentaires de faire triompher leurs idées. Reste à savoir, si ce volet de l’accord sera appliqué pleinement. Quoi qu’il en soit, le résultat obtenu leur permet d’espérer. Si la région de Nouméa a largement voté en faveur du maintien dans le giron français (plus de 80 %) les indépendantistes peuvent encore gagner des suffrages dans le reste de l’archipel, auprès notamment de ceux qui ne veulent pas rester sous la tutelle de la France mais qui disent ne pas être prêts pour l’indépendance. Les indépendantistes devront faire preuve de pédagogie, pour convaincre du bien-fondé de leur projet de changement en profondeur de la société calédonienne, en vue d’un développement pensé localement.
EMMANUEL MACRON : « SE TOURNER VERS L’AVENIR ».
En attendant, dès ce lundi, le Premier ministre français, Edouard Philippe, et sa ministre des Outre-Mer, Annick Girardin, se rendront sur le Caillou du Pacifique Sud. Ils viendront « proposer aux forces politiques de Nouvelle-Calédonie de se réunir dans les prochaines semaines ». C’est l’annonce faite par le président de la République, Emmanuel Macron, dans une allocution prononcée à l’issue de ce référendum. Le chef de l’État a salué « la promesse tenue depuis 30 ans sans considération des changements de majorité à Paris ou en Nouvelle-Calédonie » et « la sincérité de ce scrutin ».
« Les électeurs ont pu choisir souverainement », a-t-il souligné avant de dire son « immense fierté que nous ayons ensemble passé cette étape historique ». Il est fier aussi que la majorité des Calédoniens ait choisi la France ». Selon lui « c’est une marque de confiance dans la République française, dans son avenir et dans ses valeurs ». Désormais, chacun est invité à « se tourner vers l’avenir » de la Nouvelle-Calédonie, qui n’est pas prête à devenir la Kanaky ; par ailleurs, surnommée le Caillou du Pacifique Sud pour la richesse de son sous-sol en nickel surtout, mais aussi en chrome ou en cuivre.