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vendredi, 03 août 2018 14:28

Ofélia Cruces : “ La voile traditionnelle, c’est un moment de liberté ”

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Ofélia Cruces, secrétaire de l'association de Classe de canots saintois de voile traditionnelle, lors de la conférence de presse de présentation du championnat de Guadeloupe. Ofélia Cruces, secrétaire de l'association de Classe de canots saintois de voile traditionnelle, lors de la conférence de presse de présentation du championnat de Guadeloupe.

Ofélia Cruces était à la tête du seul équipage féminin du Traditour, la nouvelle formule du Tour de Guadeloupe de voile traditionnelle. Outremerlemag est allé à la rencontre de cette passionée de la mer. 

OutremerLeMag : Comment avez-vous découvert la voile traditionnelle ?

Ofelia Cruces : C’est d’abord grâce aux copains. Mon ancien barreur de hobycat avec qui je faisais des compétitions m’a proposé de faire de la voile traditionnelle. Il m’a dit « je suis sûr que ça va te plaire ». J’ai accroché tout de suite car j’aime le challenge, les sports à sensations fortes et j’ai besoin d’un sport d’équipe. Après très vite, j’en suis venue à barrer, je voulais être constamment sur l’eau (les équipiers d’un canot effectuent un roulement entre chaque course, sauf le patron, NDLR). Or, ce n’est pas possible dans un équipage mixte, puisque je suis un petit gabarit et dans ces équipages, on fait naviguer ces petits gabarits que par petit temps.

OLM : Comment s’est formé votre équipage ?

O.C Par des connaissances, des copines qui sont venues soutenir l’équipage Ti Bijou. C’est un gros avantage de bien se connaître, d’être soudées. Cela nous permet de faire les efforts ensemble, de nous parler. Si jamais il y a un problème on se le dit, parce que c’est essentiel de toujours communiquer. Lorsque nous sommes dans le bateau, nous savons très bien que les non-dits nuisent au plaisir de naviguer que chacune peut avoir.

L'équipage Ti Bijou, lors de la première étape du championnat de Guadeloupe de voile traditionnelle à Saint-François.

OLM : Donc pas de situations chaudes ou électriques sur le canot ?

O.C : Tout dépend. Sur le Tour c’est un peu particulier parce que l’on court tous les jours, le classement peut changer d’un jour à l’autre et on se met plus de pression. Evidemment plus on se connait moins il y a de tensions. Mais quand ça devient chaud, c’est vrai que l’on peut crier dans tous les sens. Mais nous travaillons là-dessus. Surtout cette année où nous étions beaucoup plus dans le jus, d’ailleurs lorsqu’elles me disaient “ mais Ofélia tu nous cries dessus ”, et je leur répondais “ oui mais vous voulez gagner ou pas”. Donc, oui, il peut y avoir des moments de tensions mais cela se travaille à l'entraînement.

L'équipage Ti Bijou en action, lors de la première étape du championnat de Guadeloupe de voile traditionnelle à Saint-François

OLM : Comment est l’ambiance sur l’eau notamment vis-à-vis des garçons ?

O.C : C’est vraiment la bonne ambiance, on est une bande de copains. Quand, dans une course, on les dépasse par tribord, on en rigole, ils en parlent pendant un moment. Même entre eux ils se chamaillent. Je pense que l’on est un petit peu leur baromètre, sur lequel ils se comparent parfois. Mais nous sommes très bien accueillies par les équipages masculins. D’ailleurs, j’encourage les filles qui veulent faire de la voile à faire comme moi, c’est-à-dire commencer par les équipages mixtes pour se mettre le pied à l’étrier. C’est la raison pour laquelle on titille souvent les gars pour qu’ils ouvrent leur équipage aux femmes.

OLM : En parlant de canot, parlez-nous du vôtre, Ti Bijou.

O.C : Le canot Ti Bijou est le fruit d’un projet de l’entreprise Eurogold créé il y a 12 ans. C’est un canot féminin, car Eurogold est une entreprise qui compte beaucoup de salariés féminins. Deux équipages ont précédé le mien. Donc on reprend le flambeau d’un travail en cours et un canot qui était déjà connu dans la voile traditionnelle. Pour l’anecdote, quand j’ai commencé et que je disais que je faisais de la voile traditionnelle on me demandait toujours “tu es sur Ti Bijou ? “ alors que j’étais dans un équipage mixte. Ce n’est pas évident de faire savoir qu’il y a des filles sur des canots barrés par des hommes.

La "Team Eurogold" lors de l'arrivée de Ti BIjou sur la plage du Souffleur à Port-Louis lors de la dernière étape du Traditour.

OLM : Avec ce nouveau tour de Guadeloupe vous vous retrouvez le seul équipage féminin alors que pendant le TGVT il y avait d’autres équipages, ça ne vous dérange pas ?

O.C : Effectivement il y a eu Nemanja (aujourd’hui Ti bo Doudou, NDLR), Maison 60 jours qui était là et il y avait une compétition dans la compétition. Oui, nous avons perdu cela mais maintenant on fait vraiment la course avec les autres équipages, et le niveau est très élevé. C’est aussi ce qui nous a permis de progresser, nous devons être plus juste techniquement pour arriver à leur niveau. Et c’est ainsi que l’on s’est rendu compte que l’on avait un fonctionnement complètement différent de celui des garçons, autant en mer que sur terre, notamment sur la gestion du temps, du matériel, etc. Et puis un équipage de femmes a peut-être beaucoup moins de temps qu’un équipage homme pour s’occuper de la logistique, de l'entraînement.

OLM : La voile traditionnelle est une activité chronophage ?

O.C : Je crois bien que c’est la voile en général ! Mais au-delà du challenge et de l’esprit de compétition je suis convaincue que c’est avant tout la volonté de liberté qui nous anime. On construit notre moyen de déplacement et puis on va en mer, où les frontières n’existent pas. C’est un moment de liberté que l’on s’octroie et plus il dure… plus on est content. Donc, oui, cela prend du temps, mais c’est vraiment un moment de plaisir. Certains aspects sont durs mais la quête de liberté est un gros moteur.

OLM : L’année de voile traditionnelle a été tumultueuse. Vous, en tant que secrétaire de la Classe et patron de canot, comment l’avez-vous vécu ?

O.C : Comme beaucoup de patrons, j’ai adhéré au projet de la classe lors de sa création il y a un an. J’ai voulu donner de mon temps, de mon énergie, de ma bonne volonté pour faire avancer la voile traditionnelle. Ce qui m’a convaincu c’est de voir des patrons avoir le courage de se remettre en question, de se dire « bon les gars, on a merdé (sic), ça fait des années que ça dure ». J’ai trouvé ça très fort car je ne pense pas que tout le monde soit capable de se remettre en question. Après sur l’année en elle-même, c’était compliqué parce j’ai des équipières qui ont été investies soit dans la classe soit dans l’A.Na.Sa (le club organisateur du Traditour, NDLR). Donc nous avons été pas mal dispersées et par rapport à Ti Bijou nous avons beaucoup fonctionné sur l’inertie née de nos bons rapports. Mais c’est vrai que ça n’a pas été facile cette saison de mobiliser les filles avec la tension, la pression que nous avions pour que tout se passe bien. Du coup, les conditions de navigation ont été plus difficiles à gérer. Et ça a été plus compliqué d’arriver à trouver le plaisir de naviguer. Pendant le Traditour, nous avons privilégié une vraie belle ambiance en mer comme sur terre et je pense que nous y sommes arrivées, surtout en mer, où cela s’est ressentie, car la flotte était très regroupée et très soudée. A titre d’exemple, lors du TGVT de l’an dernier, j’ai dû passer toutes mes fins de courses en réclamation. Donc, c’est bien l’état d’esprit qui a été le grand gagnant de cette première édition.

OLM : Qu’est-ce qui vous plaît dans cette nouvelle formule de courses beaucoup plus nerveuses ?

O.C : C’est vraiment grisant ! L’an dernier, on était au frottement pendant une heure avec les autres mais après on passait une heure, voire deux, ou plus, seules au milieu de l’eau à essayer d’apercevoir les autres bateaux au loin. Alors qu’aujourd’hui, on est constamment plus ou moins au contact avec les autres équipages donc la motivation est encore plus grande de grappiller des points du début à la fin.

OLM : C’est l’année des 40 ans de la Route du Rhum, c’est une expérience qui vous tente ?

O.C :(Rires) On m’en a parlé. Mais j’ai du mal avec le concept de traversée solitaire ! Mon plaisir, je le trouve dans le partage, c’est ce qui me donne l’envie de remonter sur un bateau à chaque fois. Après je n’ai jamais fait de traversée de l’Atlantique, et bien sûr, ça m’intéresse.

Tibijou 6

Lu 8537 fois Dernière modification le lundi, 10 septembre 2018 20:09

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