« Le temps des vérités ce n’est pas le temps des fakes news ». C’est par ces mots que le directeur du CHU, Pierre Thépot a commencé son intervention. « Oui la Guadeloupe fait face à une situation grave, mais toutes les équipes du CHU font preuve d’un grand courage. » Même son de cloche chez Josette Borel-Lincertin, « Non, l’hôpital n’est pas en train de couler (…) La solidarité entre le public et le privé a été exemplaire. » Patrice Richard, directeur de l’Agence Régionale de Santé Guadeloupe (ARS), a également salué cette solidarité.
Les violons étaient donc parfaitement accordés en ce mercredi 21 février dans la salle du conseil du CHU de Pointe-à-Pitre. Il était important pour les instances dirigeantes de communiquer bien et juste puisqu’une une semaine auparavant, un collectif de défense du CHU de Guadeloupe s’est formé, avec à sa tête Mona Hédreville, cardiologue au CHU et Gaby Clavier, responsable UTS-UGTG de l’hôpital. Largement relayé par la presse, le collectif pointe du doigt l’échec de la direction et de l’ARS dans la gestion de crise, notamment dans la décision de réinvestir la tour sud alors qu’une opération de nettoyage et de décontamination n’avait pas encore été opérée. Ce sera chose faite selon les experts présents autour de la table lors de la conférence de presse. Il a été décidé de mettre en place une opération de « nettoyage tiroir » au sein de la tour sud, c’est-à-dire de remettre en état un étage (en l’occurrence le 8ème qui est quasiment libre) et ensuite de transférer les services d’un étage vers l’étage fraîchement nettoyé. Il s’agirait ici de répéter l’opération jusqu’à ce que la tour soit en pleine capacité d’usage. Combien de temps prendra l'opération ? La réponse de Pierre Thépot, directeur du CHU de Guadeloupe
Cette option (qui devrait être choisie par le CHU d’ici le 26 février) a été pensée par la direction en raison des résultats négatifs sur la toxicité de produit pouvant se trouver dans l’hôpital. Pas de doses anormales pour les produits incriminés lors des malaises d’après incendie. Le lieutenant Alix Adin a expliqué qu’ « il n’y avait pas de composés autres que ceux qui se trouvent dans la suie ». Il a expliqué qu’après un incendie, la suie rémanente dans de nombreux conduits, pouvait entraîner une odeur nauséabonde. Rien d’anormal donc, toujours selon le lieutenant Adin. Cette dernière a également annoncé une recherche champignonnière dont les résultats seront connus au début du mois de mars. Mais avant cela fin février, seront mis en place des capsules qui aspirent l’air et qui permettront peut-être de voir les composés organiques volatiles (COV). Un début de réponse aux malaises qui ont eu lieu à l’hôpital depuis l’incendie.
Cependant, la direction, n’étant pas en mesure d’apporter des explications sur la cause de ces malaises, a décidé de mettre en place des questionnaires destinés au personnel. Ils espèrent que les résultats permettront d’éclairer sur ces phénomènes plus que controversés.
Les autres possibilités
Depuis quelques jours, la possibilité de délocaliser les services de la tour sud vers le nouveau centre hospitalier gérontologique des Abymes à Palais Royale, a été évoquée. Il devrait être livré début mars 2018 en remplacement à l’actuel situé morne Vergain jugé trop vétuste. Selon Jean-Claude Toly, directeur par intérim du CHGR, le centre est prêt à allouer 20 lits au CHU mais dans la mesure où ses résidents ne soient pas perturbés par le rythme inhérent à un hôpital.
Autre centre hospitalier, capable d’accueillir des patients du CHU (40 lits), celui de Capesterre-Belle-Eau. Son directeur, Elie Régent, explique que la solidarité inter-hôpital a été effective depuis l’incendie et qu’il est prêt à continuer l’opération.
Pour l’heure, l’objectif principal de la direction est que le CHU possède à nouveau un plateau technique (scanner, radio) et des urgences (qui comme le service traumatologique est toujours délocalisé à la clinique des Eaux-Claires). La professeure Suzy Duflo, présidente de la Commission Médicale de l’établissement a rappelé l’importance primordiale d’avoir sur un même site, un plateau technique et les urgences. En attendant les grandes manœuvres, le CHU va bénéficier de 2 blocs opératoires mobiles qui doivent être livrés le 1er mars. Cependant, il faudra trois semaines pour les monter et ensuite ils devront être inspectés et validés par l’ARS avant leur utilisation. Donc, ces blocs opératoires mobiles seront disponibles aux environs du 1er avril.