Vitejte (Bienvenue)
Tout va bien mais Alizé tourne un peu en rond. « Je suis quelqu’un qui aime les challenges, j’aime les renouveaux. » Débauchée par une société américaine pour former des personnes à la paye française en République Tchèque, elle n’hésite pas longtemps avant de tenter l’aventure. Là-bas, c’est la découverte. La première année se passe très bien, tout est nouveau. De surcroît, « au début des années 2000, quand on est black en République Tchèque, on passe un peu pour un OVNI. J’ai rencontré des familles qui n’avait jamais rencontré de black. ». Le rythme « cool » et la rencontre de personnes « formidables » n’ont pas eu raison d’un ennui professionnel qui se fait de plus en plus sentir. Partie pour une mission de deux ans renouvelable, Alizé reviens en France, dans son entreprise… « Une fois que l’on a gouté à l’expatriation, on a du mal à revenir en France. »
Le rêve américain
Alizé atterri sur le parvis de New-York avec juste une valise en main. D’un poste de cadre supérieur, elle a quitté son confort pour réaliser son rêve. « Je ne connaissais personne, j’ai dû me débrouiller toute seule. Je me suis vite rendue compte que mon anglais était vraiment moyen, puisque quand les gens me parlaient, je ne comprenais rien. Pourtant j’étais très bonne à l’école. Ici c’est vraiment la meilleure école de la vie. » Très vite, elle attaque la grande pomme à pleines dents et trouve des petits boulots par-ci par-là. Entre les baby-sittings, les cours de Français dans des familles cossues et les cours d’anglais le week-end, elle travaille entre 80h et 90h par semaine. « Durant deux ans, je ne suis pas sortie. Ça été très dur. Au bout d’un moment, j’étais si mal que j’avais des nausées avant d’aller à l’école. ». Mais Alizé n’oublie pas ses débuts. Ils sont marqués au fer rouge et expliquent son humilité. « Je pense que ce qui a beaucoup impressionné les gens c’est ma gentillesse, ma bienveillance. Surtout qu’ici on est prêt à vendre sa mère pour gagner quelques billets. Mais j’ai toujours eu des valeurs, je n’ai pas sombré à l’appât du gain tout en étant déterminée. » Il est important de ne pas arriver avec son esprit « Français » à New-York, selon Alizé « il va plutôt privilégier la qualité de vie quitte à être « pantouflard ». « Mais au moins il n’est pas uniquement axé sur l’argent. » Par ailleurs, en traversant l’Atlantique, Alizé s’est reconnectée avec sa foi. « Avec toutes mes galères à New-York, j’ai retrouvé ma spiritualité. Ma foi m'a permis de garder la force pour avancer. »
La construction d’un empire
Aujourd’hui pleinement intégrée dans son cadre, Alizé ne cesse de développer ses activités. Créée il y a 4 ans et pierre angulaire de sa société, le magazine AlizéLaVie a déjà sollicité 380 personnes à travers le monde. « Mon idée originelle était de rapprocher les cultures. J’ai commencé toute seule et aujourd’hui ce magazine c’est mon bébé, j’ai du mal à le lâcher alors qu’il faudrait que je délègue un peu plus. Mais maintenant AlizéLaVie c’est plus qu’un magazine, puisque je viens de lancer AlizéLaVie Consulting, une société de conseil en entreprise. » La New-Yorkaise vit à 1000 à l’heure et enchaîne les projets aussi rapidement que le déboisement de la forêt amazonienne.
Retour en terre natale
Si Alizé est née en Guyane, elle découvre le « peyi » à 13 ans. Impressionnée par le patriotisme qui règne sur sa terre natale, la New-Yorkaise rentre régulièrement en Guyane. « Aujourd’hui, la Guyane commence à me reconnaître, ça a pris du temps mais maintenant que je vais là-bas, je suis vue comme une enfant du pays. » Alizé mesure la chance qu’elle a de s’épanouir dans une ville qui fait fantasmer. En ce sens, elle a déjà accueilli 60 étudiants de Guyane et de Martinique, et les a insérés dans le monde professionnel New-Yorkais, le temps de leur voyage.
« C’est important de prendre soin de sa communauté, et puis quand on est noir on a en soit une connexion avec ses racines. Ma réussite dépend de celle des autres. Il est important que des jeunes ultramarins puissent réussir dans les meilleures conditions. Par exemple on ne peut pas arriver ici à la caribéenne et regarder les choses passer. Ici c’est une culture de la gagne. » En clair, il faut sortir de sa zone de confort et prendre des risques.
Les étudiants guyanais sur les traces d'Alizé, à la conquête de New-York.
© James Hercule. Sponsor : Fier d'Être Guyanais