L’univers carcéral, en Guadeloupe comme dans tous les Outre-?Mer, interpelle car les conditions de vie des détenus sont une tâche pour la République, en ce qu’elles aboutissent à une grave et inacceptable déshumanisation de femmes et d’hommes dont l’incarcération devrait normalement contribuer, après qu’ils aient payé leur dette envers la société, à donner un sens et une direction à leur existence, afin de mieux favoriser leur réinsertion.
Surpopulation, vétusté et insalubrité des locaux, violences physiques, promiscuité, insuffisance de moyens humains et matériels, absence d’encadrement approprié, désert culturel, centre de formation à l'école de la délinquance.
Le rapport de Madame le Député Hélène VAINQUEUR sur la vie carcérale en Guadeloupe a bien démontré, en son temps, les limites et imperfections du système, tout comme les risques liés à la dramatique absence de politique adaptée aux besoins de la population carcérale.
Si un autre rapport sévère du contrôleur général des prisons, Adeline Hazan, critique le traitement des détenus dans certaines prisons hexagonales, le monde carcéral que j'ai rencontré en amont m'indique que la situation atteint en Guadeloupe un tout autre niveau.
Mais, en tout état de cause, il s’agit de nos enfants, de nos frères et sœurs, de compatriotes dont le
sort ne peut laisser indifférent.
J’ai très vite pris la mesure des risques inhérents à cette situation explosive et saisi les autorités gouvernementales sur l’urgence d’apporter des solutions, au drame humain se déroulant au sein des institutions carcérales de Basse-?Terre et de Baie-?Mahault.
Comme Conseiller général et Maire de la ville de Baie-?Mahault où est installé le Centre pénitentiaire de Fond Sarail, je n’ai eu de cesse de réclamer des mesures destinées à l’amélioration du cadre de la détention et ce, en termes d’hygiène, de suivi et de formation des jeunes en vue de leur réinsertion.
En ma qualité de parlementaire, j’ai réitéré ma démarche, me faisant, le relais des doléances des
détenus, des surveillants et de l’Administration elle-?même auprès de Madame la Garde des Sceaux,
Christiane TAUBIRA et des autres ministères directement concernés, dont celui de la Santé.
Des réponses ont été apportées à ces correspondances et interventions mais elles restent, en
deçà de la prégnance des graves inquiétudes inspirées par la vie dans les prisons guadeloupéennes.
Les mesures urgentes que j’appelais, hier, ne sont, pour l’essentiel, toujours pas appliquées et il en résulte une détérioration des rapports entre détenus d'une part et entre détenus et personnel pénitentiaire d'autre part. Cette dégradation des conditions recèle, les ingrédients d’une sourde mais réelle tension au sein des établissements, et laisse craindre le pire.
Sur le plan immobilier et afin d’annihiler les effets dévastateurs de la surpopulation, des problèmes d’hygiène et de salubrité, il convient, sans plus tarder, d’engager les travaux de construction de la nouvelle Maison d’arrêt de Basse-?Terre et ceux de l’extension du Centre pénitentiaire de Baie-? Mahault.
L’état actuel des prisons de la Guadeloupe est indigne du pays des Droits de l’Homme et, pour les infractions caractérisées à la Loi pénitentiaire, au Code pénal, la France s’expose aux condamnations de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour la gestion calamiteuse des conditions de détention dans notre Département.
Si la prison doit être un lieu de peine, elle doit aussi être un espace propice à l’amendement, faite pour transformer les délinquants autant que pour punir. Il faut humaniser la prison afin qu’elle ne soit pas l’école du crime et de la délinquance mais, bien, celle de la réinsertion, du retour du détenu au droit chemin, à un comportement conforme aux valeurs républicaines, comme le préconise Robert BADINTER, dans "La prison républicaine".
A ce propos, je compte évoquer avec elle ma proposition de créer le premier EPIDE (Etablissement Public d'Insertion de la Défense) en outre-?mer.
Plus largement, et dans le cadre de la visite ministérielle, je tiens à préciser que le monde judiciaire est dans l'attente et il y a lieu d'intervenir également afin de remédier au manque de moyens humains et techniques alloués à ceux qui exercent leur métier dans des conditions souvent difficiles voire inacceptables.
Je mise beaucoup sur la visite de Madame Christiane Taubira, la Ministre de la Justice, sa capacité d'écoute et sa bonne connaissance du terrain, afin qu'ensemble nous puissions parvenir à trouver des solutions pérennes.
Communiqué de presse Ary CHALUS Député Maire