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vendredi, 24 juillet 2015 14:42

Visite de Christiane TAUBIRA au centre pénitentiaire de Baie Mahault en Guadeloupe

La  Maison  d’Arrêt   de  Basse-­?Terre   et  le  Centre  pénitentiaire   de  Baie-­?Mahault   cumulent   les dysfonctionnements  et handicaps  qui font de l’incarcération  une impasse, un enfer et un espace tout  aussi  impossible,  insupportable  pour  l’Administration  pénitentiaire,  les  surveillants  et  les détenus.

L’univers carcéral, en Guadeloupe comme dans tous les Outre-­?Mer,  interpelle car les conditions de vie  des  détenus  sont  une  tâche  pour  la  République,  en  ce  qu’elles  aboutissent  à  une  grave  et inacceptable  déshumanisation  de femmes  et d’hommes  dont l’incarcération  devrait  normalement contribuer, après qu’ils aient payé leur dette envers la société, à donner un sens et une direction à leur existence, afin de mieux favoriser leur réinsertion.
 
Surpopulation,  vétusté  et insalubrité  des locaux,  violences  physiques,  promiscuité, insuffisance  de moyens   humains    et   matériels,    absence d’encadrement approprié,    désert   culturel, centre   de formation à l'école de la délinquance. 

Le  rapport  de  Madame  le  Député  Hélène  VAINQUEUR sur  la  vie  carcérale en  Guadeloupe a  bien démontré, en son temps, les limites et imperfections  du système, tout comme les risques liés à la dramatique absence de politique adaptée aux besoins de la population carcérale.

Si un autre rapport sévère du contrôleur général des prisons, Adeline Hazan, critique le traitement des  détenus  dans  certaines  prisons  hexagonales,  le monde  carcéral  que  j'ai  rencontré  en  amont m'indique que la situation atteint en Guadeloupe un tout autre niveau. 
 
Mais, en tout état de cause, il s’agit de nos enfants, de nos frères et sœurs, de compatriotes dont le
sort ne peut laisser indifférent.

J’ai très vite pris la mesure  des risques  inhérents  à cette  situation  explosive  et saisi les autorités gouvernementales sur l’urgence d’apporter des solutions, au drame humain se déroulant au sein des institutions carcérales de Basse-­?Terre et de Baie-­?Mahault.

Comme Conseiller général et Maire de la ville de Baie-­?Mahault  où est installé le Centre pénitentiaire de Fond Sarail, je n’ai eu de cesse de réclamer des mesures destinées à l’amélioration du cadre de la détention et ce, en termes d’hygiène, de suivi et de formation des jeunes en vue de leur réinsertion.

En  ma  qualité  de  parlementaire,  j’ai  réitéré  ma  démarche,  me  faisant,  le  relais  des  doléances  des
détenus,  des  surveillants  et  de  l’Administration  elle-­?même  auprès  de  Madame  la  Garde  des  Sceaux,
Christiane  TAUBIRA et des autres ministères directement concernés, dont celui de la Santé.

Des  réponses  ont  été  apportées  à  ces  correspondances  et  interventions  mais  elles  restent, en
deçà de la prégnance des graves inquiétudes inspirées par la vie dans les prisons guadeloupéennes.

Les mesures urgentes que j’appelais, hier, ne sont, pour l’essentiel, toujours pas appliquées et il en résulte  une  détérioration  des  rapports  entre  détenus  d'une  part  et  entre  détenus  et  personnel pénitentiaire d'autre part. Cette dégradation des conditions recèle, les ingrédients d’une sourde mais réelle tension au sein des établissements, et laisse craindre le pire.

Sur le plan immobilier et afin d’annihiler les effets dévastateurs de la surpopulation, des problèmes d’hygiène et de salubrité, il convient, sans plus tarder, d’engager les travaux de construction  de la nouvelle  Maison  d’arrêt  de  Basse-­?Terre  et  ceux  de  l’extension  du  Centre  pénitentiaire  de  Baie-­? Mahault.
 
L’état actuel des prisons de la Guadeloupe est indigne du pays des Droits de l’Homme et, pour les infractions caractérisées à la Loi pénitentiaire, au Code pénal, la France s’expose aux condamnations de la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) pour la gestion calamiteuse des conditions de détention dans notre Département.

Si la prison doit être un lieu de peine, elle doit aussi être un espace propice à l’amendement,  faite pour transformer les délinquants autant que pour punir. Il faut humaniser la prison afin qu’elle ne soit pas l’école du crime et de la délinquance mais, bien, celle de la réinsertion, du retour du détenu au  droit  chemin,  à  un  comportement  conforme  aux  valeurs  républicaines,  comme  le  préconise Robert BADINTER, dans "La prison républicaine".
 
A ce propos, je compte évoquer avec elle ma proposition de créer le premier EPIDE (Etablissement Public d'Insertion de la Défense) en outre-­?mer. 

Plus largement, et dans le cadre de la visite ministérielle, je tiens à préciser que le monde judiciaire est  dans  l'attente  et  il  y  a  lieu  d'intervenir  également  afin  de  remédier  au  manque  de  moyens humains et techniques alloués à ceux qui exercent leur métier dans des conditions souvent difficiles voire inacceptables.
 
Je mise beaucoup sur la visite de Madame Christiane Taubira, la Ministre de la Justice, sa capacité d'écoute et sa bonne connaissance  du terrain, afin qu'ensemble nous puissions  parvenir à trouver des solutions pérennes.

Communiqué de presse Ary CHALUS Député Maire

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