Société

jeudi, 28 novembre 2013 09:38

Les Sociétés Créoles à la dérive?

Errol Nuissier Psychologue expert judiciaire auprès du Tribunal de Basse-Terre (Guadeloupe) vient de publier PSYCHOLOGIE DES SOCIETES CREOLES. Outremerlemag l’a rencontré et vous propose une interview inédite qui suscite un réel questionnement.

 


Outremerlemag : Vous avez choisi de radiographier un segment de la population créole. Qu'entendez-vous par cette identification "créole" des populations des Outre-mer ?
Errol Nuissier : Ce que j'entends par créole (qui vient du portugais et de l’espagnol criollio) ce sont les personnes qui sont nées dans les terres d'outre-mer, c'est le cas des Antilles, que ce soit pour les Espagnols, les Portugais, les Français et les Anglais. Ces personnes qui naissaient au-delà de la métropole, qui était aussi souvent, le pays colonisateur. Nous pensons que cette définition peut être élargie car, ce qui fait qu’un sujet soit créole, n'est pas uniquement le fait de sa naissance, mais c'est aussi le fait d'habiter dans ces lieux éloignés car, la force de la culture créole, est d'être capable d'assimiler celle de toutes les personnes qui vivent dans ces lieux. En effet, quelle que soit l'origine de l’individu qui vit dans un territoire créole, celui-ci va, au bout de quelques mois, de quelques années assimiler le mode de fonctionnement des créoles, que ce soit dans sa manière de penser, de voir le monde, de manger, de s'exprimer, de parler et, de ce fait, nous pensons que les sociétés créoles sont fortement assimilatrices. Contrairement à ce qu'on l'on peut dire car, elles ne sont pas assimilées mais assimilent pour permettre que ce crée une culture à la fois nouvelle et commune, en raison du métissage, par lequel, chaque communauté, les Indiens, les Libanais, les Syriens, les Israéliens, les Chinois, vont apporter leur savoir, leur savoir-faire, leur culture, leurs connaissances, leur manière de voir le monde, pour ensuite construire une culture commune qui va être cette société créole, ce « Tout Monde » comme l’appelle Edouard Glissant. Et nous pensons que c'est une des sociétés les plus riches, par ses diversités, mais surtout riches, par cette capacité à intégrer, à assimiler et à reconstruire quelque chose de différent à partir des apports pluriels.

Outremerlemag : Le créole est selon vous une identité, un style de vie ?
Errol Nuissier : Le créole est selon moi une identité, un style de vie, une représentation du monde et un vécu au monde, car souvent, en tout cas pour les créoles qui vivent sur des îles, il y a quelque chose de l'ordre de la similitude avec tous les îliens. J'ai pu constater avant la mise en place du pont, la même chose pour les habitant de l'île de Ré ; l'îlien est celui qui vit le plus souvent sur un petit territoire et qui en même temps, à le sentiment qu'il est le centre du monde. Il y a là, à mon sens, un désir d'inverser les tendances, mais aussi le fait que vivant sur « un petit caillou » on a tendance à se méfier de tout ce qui est au-delà du regard, tout ce qui vient de la mer et cela est classique, pas seulement chez les créoles mais chez tous les liens. On a le sentiment que l'ennemi, c'est celui qui va venir de la mer, comme cela a été réellement le cas pour les Caraïbes avec l'arrivée des Espagnols qui les ont massacrés. Et on sait bien que, de manière presque atavique, l'ennemi vient de la mer et que l’on a peu de possibilités de fuir. La différence d'ailleurs avec la Guyane c'est qu'en Guyane, la forêt amazonienne a permis aux Africains, arrivés pour être maintenu en esclavage, de fuir et de recréer leur monde initial avec leurs coutumes, leurs habitudes et leur mode de vie. Ceux que l'on appelle les Noirs Marrons (de l’espagnol cimaron, le fuyard) ont reconstruit leur mode de vie, leur culture et leur histoire du fait de cette possibilité de fuite, ce qui n'est pas possible sur une île. La relation avec l'extérieur, le sentiment d'être le centre du monde et le fait aussi d'être capable d'intégrer la nouveauté, d'intégrer la différence puisque par définition nous sommes des peuples métissés dès l'origine et donc, nous savons que de toutes façons nous ne pouvons pas relever de l'ordre de la pureté et c'est pour cela que la notion de la pureté pour nous ne se pose pas, et que le terme de bâtard n’est pas dévalorisant, mais au contraire nous nous demandons comment nous allons assimiler ce que nous propose l'autre pour qu'il devienne quelque chose que nous connaissons et pour lui permettre de se retrouver aussi dans cette nouvelle chose, qui vient de lui, mais qui n’est pas tout à fait lui, on va créer quelque chose de nouveau, qui ne sera ni la culture initiale de celui qui arrive ni la culture initiale de celui qui le reçoit mais, au contraire, quelque chose de différent qui sera une création commune et c'est en ce sens que la société créole nous semble un formidable réceptacle et de reconstruction. Nous pouvons dire que les sociétés créoles sont de véritables melting-pot, contrairement à ce que l'on a pu dire des Etats-Unis d’Amérique. Il n'y a pas selon nous, des conglomérats mais bien au contraire, quelque chose du métissage, du mélange qui est possible dans les sociétés créoles et qui n'est pas possible ailleurs. C'est parce que nous sommes d'emblée dans la situation de métissage que nous pouvons accepter la différence.

Outremerlemag : Selon votre expertise, la  brutale montée  de la violence en Outre-mer, singulièrement en Guadeloupe, serait conséquente au climat dégradé du département depuis 2009, année de la crise stigmatisée par le LKP ?
Errol Nuissier : C'est vrai mais pas seulement. Il y avait depuis environ 5-6 ans, 2009 inclut, une régulière montée de la violence en Guadeloupe. Il y a eu, depuis 2009, une augmentation significative de cette violence en chiffres, mais aussi de manière qualitative. Jusqu'à 2008 2009, nous avions des violences, notamment des vols avec armes qui visaient essentiellement les zones touristiques, notamment la presqu'île de la marina de Pointe-à-Pitre. Aujourd'hui, le nombre de vols avec armes continue d'augmenter, sauf qu'il concerne avant tout et surtout la population Guadeloupéenne elle-même, que ce soit pour les deux auteurs ou pour les victimes. Deuxièmement, la question des homicides a aussi augmenté, mais ces homicides concernent essentiellement les Guadeloupéens entre (les conflits familuax ou entre voisins qui dégénèrent et aboutissent à des homicides, ou, autre forme de violence qui est aussi apparue fin 2008, ces violences dans ce qu'on appelle des bandes, que j'appelle des clans, c'est-à-dire des jeunes qui sont en situation d'inscription dans un groupe, qui sont issus de familles tellement dissociées, tellement en carence d'éducation, que le groupe devient le modèle éducatif. Mais dans le groupe, le leader n'est pas fixe, il est variable, il peut être modifié mais le jeune va s'identifier à un autre, à sa souffrance, à sa carence et ensemble ils vont construire une sorte de « nouvelle famille ». Et lorsque que l'un des membres de cette « famille » est attaqué, le groupe considère que c'est lui qui est attaqué et il s'ensuit une violence importante, soit pour tenter de rendre l'honneur de celui qui a été bafoué. Cette violence clanique a aussi une fonction d’initiation et d’intégration, elle vise pour l’auteur, qui attaque un sujet d’un clan rival supposé, que l'on est capable de commettre soit aussi un crime, que l'on peut s'inscrire, que l'on peut être intégré dans le groupe. Et si ces deux formes de violences par leur expression et leurs destinataires, ont augmenté surtout depuis 2009, mais il y avait déjà une dégradation des relations sociales du mal vivre ensemble, du fait essentiellement de la défaillance de la solidarité. Les familles les plus en difficulté, ne trouvaient plus de liens éducatifs et sociaux pour aider leurs enfants, en raison notamment depuis 2006, du choix d'une politique de répression, qui enlevait tous les moyens éducatifs et d'assistance aux familles en difficulté et, par conséquent cela à entraîné une augmentation significative de cette forme de violence. On a vu d'ailleurs en Guadeloupe, que la carence des aides à également été présente du fait de ce choix national qui s’est traduit au niveau départemental.

Outremerlemag : Selon vous le LKP aurait brisé les codes qui fondaient notre société, devenue depuis, en rupture avec l'Etat, avec ses politiques… rejetant toutes formes d’autorité ? Pire encore, la société Guadeloupéenne serait sous influence d'une détestation en somme toute fraternelle ? Autrement  dit le guadeloupéen est devenu son propre ennemi et l'ennemi de son frère ? Vous allez même à étayer votre analyse par "la sécurité dont jouit les touristes dans l'île »?
Errol Nuissier : Ce qui a été désespérant avec les manifestations du LKP, qui initialement été fondé sur une juste demande, sur une demande légitime de beaucoup plus d'équilibre, de plus d'égalité entre les hommes, de moins de différences entre les prix des articles de base, entre la France hexagonale et le prix des articles de base dans les outre-mer. Et il est vrai que cette revendication était juste car, il n'était pas possible de continuer à vivre dans cette situation douloureuse et désespérante. Cependant, cette revendication portait aussi, sur la reconnaissance de l'identité, sur l'accès prioritaire des nationaux au poste de responsabilités à compétences égales et était aussi, une revendication légitime car, il n'était pas acceptable que l'on puisse de façon systématique, écarter les citoyens locaux des postes de compétences et de décision, ni que l’on fasse de manière systématique appel à des ressources extérieures pour diriger, alors même que ces décideurs, n’avaient pas toujours la compétence pour exercer ou qu’ils n’avaient que la couleur de peau supposée du dirigeant. De même, la difficulté de monter des structures économiques devait être favorisé par des locaux et non pas continuer à fonctionner dans un système où des lobbys interdit toute possibilité pour des locaux d'accéder à ces postes de compétences et à ces lieux d'investissement. Au départ, ces revendications ont été extrêmement justes et nous pensions qu'elles étaient nécessaires et légitimes. Cependant, ce qui s'est passé dans la réalité, est que l’on a vu des personnes du collectif, tenir un discours extrêmement méprisant à l'égard des entrepreneurs, des hommes politiques, des décideurs, notamment quand ils étaient Guadeloupéens. Autrement dit, leur discours était à l'opposé de leurs revendications initiales et nous pensons qu'en réalité, leut but n'était pas ce que nous avions dit auparavant (revendication d'identité, de justice économique et sociale, pour une fierté locale) mais de créer le chaos et d'humilier les politiques et les entrepreneurs, pour prendre une espèce de revanche sur eux. Car, des membres de ce collectif, avaient eu l'occasion de se présenter à des élections mais avaient aboutis à des échecs cuisants (élections régionales ou municipales) et ils n’avaient jamais pu voir leurs désirs et rêves politiques aboutir et de ce fait, ils rendaient les politiques, responsables de leur échec entrepreunarial et c’est la raison pour laquelle ce sont surtout les décideurs politiques qui ont été stigmatisés. Deuxième élément dans le cadre des entreprises, nous avions vu que certains membres du LKP avait eu l'occasion de prendre en charge des commerces, l'hôtel Ecotel du Gosier, la maison de Marie-Galante à Pointe-à-Pitre par exemple et avaient « coulé » ces commerces et par conséquent il ne suffisait pas de dire que l'on voulait diriger une entreprise pour être capable d’y parvenir. Au lieu de reconnaître leurs erreurs ils ont traités les patrons d'incompétents, alors qu'ils ne faisaient que se regarder dans le miroir et retrouvaient les traces de leurs échecs passés. A l'inverse on a assisté à des scènes tout aussi surréalistes, en regardant la manière dont était traité l'ancien ministre des outre-mer, tel véritable Dieu sur terre et ce, de façon régulière. Et, la population a pu assister à travers ces scènes en direct, filmées par les caméras, assistant le regard impuissant, au dénigrement de notre peuple à travers le dénigrement des politiques, nos semblables, allant de paire avec la divination de tous ces hommes politiques venus de l'extérieur et qui devenaient de véritables références. Nous avons subi une véritable humiliation imposée par nous-mêmes et je pense que cette détestation essentielle de ce que nous sommes aujourd'hui, ce rejet de la loi, ce rejet des élites, et cette incapacité à vivre ensemble (la violence est depuis 2009, une violence proximale, entre parents, entre voisins, entre semblables). De plus, la peur de la sanction dans le cas de la transgression de la loi a été totalement exclue, lorsque nous avons constaté que des discours de mépris, de menaces n'ont jamais été sanctionnés par les tribunaux. Et, par conséquent, il est devenu depuis 2009, légitime de se rallier, de s’insulter, de se mépriser, de se menacer, surtout lorsque l’on se ressemble. Et il en découle que le passage à l’acte sur son semblable devient dès lors légitime, pour peu que celui-ci ne soit pas d'accord avec nos position. Il en est d’ailleurs découlé une absence de débats d’idées, mais le mépris à l’égard de l’autre, un jugement de personnes et non pas un débat d’idées, une relation fondée sur un lien essentiellement mortifère, sur le désir de détruire l'autre en raison de sa différence. Nous pensons que cette expression particulière de la violence, qui nous vise nous-mêmes nous semble en grande partie la conséquence de l’échec de ce mouvement de 2009 en raison de la tournure qu'il a pris et de la confiscation d'une revendication populaire, saine, juste en un mépris des politiques, des dirigeants et de tous ce qui est créoles sans compter que les discours visant à opposer les communautés des unes aux autres ont été pendant 44 jours, particulièrement exacerbés. Un autre élément à prendre en compte, c'est que depuis cette période, il apparaît une fermeture au monde extérieur avec une identification unique, créole = nègre = esclave = gwo ka. Il n'y a pas de possibilité de percevoir l'homme créole comme un chef d'entreprise potentiel, un homme politique qui ferait rêver, un grand constructeur mais, il n'y a qu'une idée négative alors que le bâtisseur et le constructeur et le grand homme politique serait forcément le nous extérieur et un peuple qui vit cette humiliation quotidien à travers les médias ne peut pas avoir la fierté de cette face la plus horrible qui lui a été montrée de lui.

Outremerlemag : Quelles solutions au delà de ce constat alarmant ?
Errol Nuissier : Plusieurs solutions. Il nous semble nécessaire (en raison de la fragilité du tissu économique, du nombre de chômeurs, mais pas seulement) de remettre en avant la fonction solidaire. D'abord, dans le milieu scolaire. Il nous semble important que les enfants en difficultés scolaires puissent bénéficier de cours supplémentaires, de cours de soutien régulièrement chaque semaine, que ce soit par des étudiants de l'université qui pourraient leur prodiguer des cours sur la méthode de travail (pour les collégiens et les lycéens) et pour les élèves du primaire, que les enseignants (et ce n’est pas pour rien à mon sens) puissent participer à ces cours de soutien car, ce ne sont pas seulement des cours de soutien, ce sont aussi des moments où l’on donne des bases, où l’on pose des actes éducatifs, où l’on échange, où l’on aide, on valorise, où l’on permet à l'enfant de comprendre qu'il est capable de réussir et on lui permet aussi, d'intégrer certaines règles sociales et nous pensons que cette solidarité est extrêmement importante. Cela signifie que les parents soient sensibilisés à cette nécessité et qu’ils donnent leur accord mais soutiennent et renforcent, ce que font les enseignants.

Le deuxième axe, serait de remettre véritablement en route, l’action associative. En effet, depuis plus de 10 ans, les associations semblent servir essentiellement de tremplin (ou de renforcement) à une carrière politique. Les associations doivent jouer leur rôle, celui de mettre du lien, de la vie dans les quartiers et de faire en sorte que les gens vivent mieux ensemble.

Le troisième axe de réflexion concerne la mise en place mais surtout la formation des Adultes relais, qui sont là pour répondre aux besoins des familles équipant les prendre en charge dans leurs difficultés, très rapidement plus que les professionnels du secteur médico-psycho-social ne sont pas toujours sur le terrain (notamment le soir et le week-end, périodes de crises). Leur rôle serait majeur pour désamorcer de façon rapide les tensions et les crises entre parents mais aussi entre adolescents. De même, ils pourraient, rapidement expliquer et aux parents comment recadrer, leurs enfants qui transgressent les règles, leur rappeler la nécessité de les respecter, de participer avec eux à comprendre le respect des règles sociales, participer avec les parents en les aidant à mettre en place une éducation adaptée pour leurs enfants.

Le quatrième axe serait de remettre au goût du jour, la notion d’excellence. Celle-ci est souvent refusée car elle est perçue comme un acte de sélection et de ségrégation. Nous pensons au contraire que seule la volonté de faire mieux demain qu’aujourd’hui peut permettre à un enfant, à un adolescent, de vouloir travailler, de participer à la qualité de service, dans la branche qu’il aura choisi. En effet, il n’est pas de sôt métier mais uniquement un exercice sôt de son métier. Il faut que cette conception soit à l’œuvre dès la période scolaire du primaire et s’étendent dans toutes les formations professionnelles, que l’on enseigne l’amour de bien faire.

Le cinquième et dernier axe serait, la nécessité que la loi puisse s’appliquer de la même manière pour tous. En effet, on se rend compte que les jeunes qui commettent des vols avec armes, par besoin d'obtenir de l'argent rapidement, puisqu'ils n'ont pas intégré la notion de travail, d'efforts et d'émulation, sont souvent sanctionnés, or ils voient que des personnes qui ont plus de pouvoir, plus de possibilités, bénéficient d'une espèce d’immunité. Et nous pensons qu'il est nécessaire que la loi puisse être présente pour tous les individus, quelle que soit leur appartenance politique et syndicale. Nous pensons aussi que l'application de la loi est nécessaire dans un contexte de sérénité. Il n'est pas normal que lors de certains jugements on joue du gwo ka à longueur de journée. Cela ne se ferait dans nul autre département français (et non parce qu’ils ne jouent pas du gwo ka). Alors si l’on dit que la société antillaise est colonialiste, effectivement il n'y a que dans une colonie que l'on puisse permettre cela, dans un État de droit on arrêterait immédiatement ce trouble à l’ordre public.

Le sixième axe nous paraît important même s’il ne concerne pas uniquement les DFA : retablir l’exercice effectif de la fonction politique. On a le sentiment, depuis plus de quinze années, que les politiques décident ou dirigent, en fonction des sondages ou selon la volonté de la rue. Or il nous semble qu'un politique a été élu sur un programme, et qu’il doit aller au bout de ses décisions, quitte a en assumé pleinement l’impopularité qui pourrait en découler. Il vaut mieux prendre les bonnes décisions d'être extrêmement impopulaire que de faire marche arrière sans cesse, pour finalement ne prendre.

Partenaires

CANGT NORD GRANDE TERRE
CAP EXCELLENCE

Derniers articles

Les + lus

Rejoignez-nous sur Facebook

Recevez les actus par email

Recevez par mail les dernières infos publiées sur OUTREMER LE MAG'

Rechercher