Ce matin je reçois l'appel d'une radio, l'animateur fébrile me demande si je veux faire une intervention en hommage à Henri Debs. Je refuse et lui dit que je n'ai guère le cœur à cela pour l'instant, parce que la nouvelle est brutale. Un homme est mort, un grand leader de la musique créole. Il était chanteur & musicien, compositeur, producteur, distributeur.

Malgré tout il me pose une ou deux questions auxquelles je réponds tant bien que je sois en scooter, et je lui donne alors le conseil de revisiter l'histoire de Kassav avec l'autre frère Georges Debs (en exemple) pour mieux comprendre l'apport de la maison Debs aux musiciens de nos terroirs. Il ne fait pas bien le rapprochement - plutôt agacée, je mets fin à notre conversation en lui signifiant que le minimum est de connaitre un peu l'histoire de nos gens afin de leur rendre hommage à bon escient. Et qu'il est bien dommage de les honorer qu'à leur décès.

Aujourd'hui, je suis attristée parce que nous avons perdu un grand monsieur, et malgré les quelques controverses qui sévissent sur son parcours au côté de NOS MUSICIENS, on ne peut nier ce qu'il fut.
Ce que je puis dire d'Henri c'est que je l'ai rencontré souvent, un homme plutôt aimable qui aimait la musique, un artiste imprégné de la culture antillaise qu'il avait choisi de mettre en lumière. A ses débuts il affectionnait tango, cha-cha, biguine et slow. Certains de nos artistes lui doivent énormément.
Plus que des mots, les visuels de ces quelques pochettes permettront de bien comprendre le parcours de ce grand homme devant l' Eternel et de sa contribution à la production antillaise.
De la Cadence au Zouk il a cheminé au côté de nombreux d'entre eux.
Le premier disque que j'ai eu de la maison Debs, petite fille. Papa musicien me l'avait offert pour un de mes anniversaires. C'est probablement le microsillon que toute famille antillaise avait dans sa discothèque - Bon ANNIVERSAIRE...
Sur les albums de Debs, il y avait la chanson phare sur la Face A, sur la face B une chanson que quelquefois on écoutait peu parce que on avait la plupart du temps acquis le vinyl pour le titre qui figurait sur la pochette.
Mais dans tout cela, il y un visuel qui retenait le regard c'est le logo de DEBS.
Il y en eut plusieurs d''ailleurs, au fil du temps - certains graphiques de couleurs différentes, il y eut parmi eux un que j'aimais particulièrement - la dame avec sa tête créole.

On peut surtout retenir que Henri Debs a marqué les générations de musiciens, d'aficionados du patrimoine musical créole. En Guadeloupe dès 1959, l'année de ma naissance il fonde sa maison et studio d'enregistrement, puis une autre quelques années plus tard, le succès est au rendez-vous et on voit naitre à Paris la même enseigne. J'ai poursuivi longtemps ma collection de disques grâce à l'autre Debs, un de ses frères qui m'initiait à la musique haïtienne chaque samedi à la boutique au 170 rue du Faubourg Poissonnière Paris 18ème. (...) Cette marque a toujours en fait partie de ma vie.
Pour mieux connaitre Henri Debs, il vous faut lire son livre dans lequel il raconte moults histoires, où il a écrit sa vérité sur notre patrimoine musicale : Mémoires et vérités sur la Musique aux Antilles, paru en 2011. Et si ces écrits ramènent à quelques polémiques, il faut constater que malgré tout il porte témoignage.
Extrait :
"Pour écrire ce livre, "Mémoires et Vérités", il a fallu que Henri
Debs soit lui-même musicien confirmé, et aussi qu'il soit en
contact permanent avec tous les musiciens dont il parle dans
son ouvrage. Il sait donc de quoi il parle. Il est aussi doté d'une
grande mémoire étonnante qui lui a permis de retracer avec
une grande exactitude des faits qui nous éclairent sur l'histoire
de la musique antillaise.
Un grand nombre de personnages se reconnaîtront au fil des
pages, et souvent seront heureux de retrouver des photos
d'eux-mêmes, dont ils ne savaient même pas qu'elles avaient
été prises, ou bien dont ils avaient oublié l'existence, et qui leur
rappelleront une partie de leur passé de musicien.
Ce livre se veut une mise au point nécessaire pour rétablir la
vérité sur certaines "affaires" qui ont été racontées sans grand
souci d'honnêteté, et qui, l'auteur l'espère de tout coeur, remettra
les choses à leur vraie place, et personne ne recevra tous les
honneurs qu'Henri a reçus."




