Société

jeudi, 06 juin 2013 10:41

L’avenir énergétique en Outre-mer, bilan du salon énerg’îles

Du 30 mai au 1er juin, la Collectivité Territoriale de Corse organisait la première édition du Salon "Energ’îles" dédié à la problématique énergétique des territoires insulaires. « Ce salon a vocation à délivrer un message commun, novateur et constructif, qui consiste à mettre en avant le fait que les îles, du fait même des contraintes qui sont les leurs, sont des territoires propices à la mise en oeuvre de politiques énergétiques ambitieuses basées sur la recherche, l'innovation et l'expérimentation », assure Maria Guidicelli qui a mis toute son énergie au service de l'événement. Outre la présence des représentants de l'île d'Ikaria (Grèce) et d'El Hierro (Espagne), de Wight (Royaume-Uni), de Bornholm (Danemark) , les îles de la Guadeloupe, de la Réunion et de la Martinique, étaient les « invités d'honneur » de cette première édition. Le président du conseil régional de la Guyane, Rodolphe Alexandre, était également présent.

A cette occasion , Outremer le mag a recueilli le point de vue de Jean Louis Bal, président du SERE (syndicat des énergies renouvelables).


« Le développement des énergies renouvelables dans les dom a toujours répondu à des objectifs ambitieux, malheureusement les moyens accordés à leur développement ont été oubliés.
Les dernières mesures d’urgence ont essentiellement favorisé l’éolien . Tout est désormais en place pour un véritable progrès : la dérogation à la loi littorale est acquise, le tarif de rachat de l’électricité en zone cyclonique fixé. Il remplace la défiscalisation . Rappelons que cette mesure ne s’applique pas à la Guyane. Depuis plus de vingt ans la défiscalisation avait été l’outil nous permettant d’investir dans ces projets (portant le coût du KWh à 175 euros). En 2010, c’est fini pour le solaire. Pour l’éolien on pouvait encore imaginer cela possible. Mais la défiscalisation vient d’être remplacée par des tarifs de rachat. Nous avions demandé 250 euros du kWh pour soutenir les investissements. L’état nous accorde 235. Les effets de seuil pèsent lourds. Surtout que l’on sait que le prix moyen de l’énergie dans les îles est de 310 euros kWh, très au-dessus du prix tarifaire. En effet , le coût de l’électricité moyen est très élevé, mais il baisse à 200 euros le mgw pour les énergies renouvelables (avec stockage) .

En 11 ans , 9 milliards d’euros ont étaient dépensés en CSPE, dont environ 1,3 milliards par an pour l’importation des énergies fossiles sans compter l’impact du poids des GES émis.
Dans cette situation, où en est-on des objectifs 2020 ? Dans tous les départements on est loin de tenir les objectifs. En 2015 il s’agissait d’être autonome à 50% et à 100% en 2030. Si on met à part la Guyane qui est à plus de 50% d’autonomie grâce au barrage de Petit Saut, on tourne entre 0 (la Martinique) et 35% (La Guadeloupe) pour les plus avancés.
Le premier effort doit donc porter sur la maîtrise de l’énergie, quand on sait que la consommation continue de s’envoler . Ensuite il convient d’assurer un socle d’énergie renouvelable garantie grâce à la biomasse (bagasse) et surtout à la géothermie. Du côté des énergies variables , oeuvrer à des capacités de stockage qu’elles soient centralisées comme les sources dites marines, ou décentralisées comme pourront l’être les batteries à l’hydrogène.

En ce qui concerne la géothermie, avec la mise en route de Bouillante 3, elle peut devenir la première source renouvelable en Guadeloupe avec un objectif de 560 GWh par an à l’horizon 2020 soit 28 % du mix énergétique . Mais le grand projet reste celui de la Dominique La collectivité régionale tient à ce projet phare qui permettrait en outre de développer le projet de coopération avec l’île de la Dominique, « Géothermie Caraïbe II », cofinancé par des fonds européens dans le cadre du programme Interreg-Caraïbe IV, et par le Fonds de coopération régionale. Un projet de 600 M d’euros. Une proposition bien accueillie dans un contexte où les pays de la Caricom sont confrontés au renchérissement croissant du coût du pétrole et donc de l’électricité produite à partir des hydrocarbures. Des coopérations pourraient donc être nouées avec les pays voisins car les installations situées à la Dominique couvrirait 10 % des besoins en énergie de la Martinique et de la Guadeloupe. Certes EDF vient de se retirer du projet, mais les élus tiennent bons « avec ou sans EDF le projet se poursuivra » assurent ils. Il y a aujourd’hui des opportunités au développement de pôles de compétence capables de rayonner sur l’ensemble du territoire national et surtout à l’international dans les bassins géographiques. La géothermie est un de ces atouts , les réseaux de stockage et de distribution « intelligents « en sont un autre. Mais il faudra relever le tarif d’achat par EDF dans les DOM. Aujourd’hui il est de 130 euros le Mwh alors qu’en métropole EDF rachète à 200 euros le Mwh issu de la géothermie. Les systèmes de garantie doivent être mis en place comme sur le continent ».

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