La particularité du festival de cinéma Rochefort Pacifique tient dans le fait qu’il n’y a ni jury, ni compétition. Cet événement, unique en France, est avant tout un lieu d’expression et d’échanges. La programmation se veut riche, dense et diverse : films documentaires, docu-fictions, ou reportages sont sélectionnés autour d’une thématique qui répond à l’actualité et au foisonnement culturel de l’aire Pacifique. La volonté de ce projet : recevoir les acteurs de la diversité du Pacifique, dans une dynamique de partage, d’échanges, et de construction de l’avenir. Echanges favorisés par la présence des réalisateurs et des intervenants chargés d’animer les débats et des tables rondes qui suivaient les projections des films.
Les passionnés du septième art et les observateurs du monde entier avaient donc rendez-vous, du 15 au 20 avril, avec le cinéma océanien émergeant. Ce festival Rochefort Pacifique a été une merveilleuse opportunité pour les îles Fidji de commencer à faire voir et apprécier des films qui atteignent rarement les circuits commerciaux. Comme en témoignait Larry Thomas, directeur du festival, « le but du festival est de projeter des films internationaux qui n’arriveraient jamais sur les écrans fidjiens autrement. On y découvre une immense variété de films fascinants, dont nous pouvons apprendre et tirer des leçons. Des films dont nous pouvons, et devons nous inspirer ».
Plus que de simples spectateurs, les gens du Pacifique sont aujourd’hui invités à raconter leurs histoires à travers leurs regards. En effet, le Pacifique manque peut-être de moyens techniques, mais il ne manque certainement pas d’histoire. C’est dans cette perspective que le festival est non seulement une source d’inspiration, mais aussi un tremplin pour les jeunes réalisateurs. Cette année, le festival a été un véritable catalyseur pour tous ceux qui s’intéressent à la fabrication des films.
On a pu notamment y voir Nune Luepak, jeune réalisateur Kanak révélé lors du FIFO 2012, grâce au film « Imulal », et Damien Faure, réalisateur français, qui a remporté le grand prix du festival du film documentaire des droits de l’homme en 2008 (Documentary Film Festival On Human Rights), pour son film « Sempari ».
Au total, trente-six films ont été présentés. Parmi eux, vingt-trois provenaient du festival de Rochefort, deux autres de Nouvelle-Calédonie, et encore deux autres, du FIFO (Festival International du Film Océanien), avec notamment « Aux enfants de la bombe », qui a reçu le prix du public. Cette excellente rétrospective des mensonges par omission sur les risques pris par ceux qui travaillaient sur les bases nucléaires, raconte le long combat mené par les acteurs de cette page de l’histoire et de la bombe atomique, jusqu’y compris le démentiellement de la base de Mururoa, qui se poursuit encore aujourd’hui.
Le festival a aussi mis l’accent sur trois films documentaires. Le premier venait faire entendre la voix du petit peuple Lak de chasseurs cueilleurs, le second dévoilait l’enfer sur terre du village de Matupit au bord d’un volcan, et le dernier racontait le combat mené par les élites papous du Mouvement de Libération de la Papouasie Occidentale pendant près de six ans.
En 2013, la septième édition du festival Rochefort Pacifique a mis le cap sur ce qui nous conduit à prendre aujourd’hui la mesure de la vie en Papouasie Nouvelle Guinée, dans la fragilité des mutations du monde. Sur l’échiquier du cinéma mondial, le cinéma émergeant océanien a su se faire entendre, et c’est avec impatience que nous attendons la huitième édition du festival de cinéma Rochefort Pacifique.




