La course folle des enfants, des anciens, des hommes, des femmes anime cette place illuminée alors que passe la « caravane de la Garde Suisse ». Toutes les langues, les émotions se croisent. « La messe est dite ».
Ce soir, prières et chants s’envolent de la Place de Saint-Pierre. Les jeunes, les moins jeunes, chantent, prient, se recueillent dans l’attente. Des chants presque célestes s’élèvent au son d’un orchestre italien installé sous la Loggia des bénédictions. En Italie, on s’affaire comme s'il s'agissait d'une cérémonie militaire.
Aujourd’hui, certains disent attendre un Pape qui saurait toucher le cœur des gens. C’est effectivement ce qui importe. Pour la communauté catholique, le Pape à un rôle de porteur, il doit élever toute sa communauté spirituellement, et dans la dignité.??La foule accueille déjà chaleureusement le nouvel élu. Désigné au bout de cinq scrutins et sans encore connaître son nom, cette multitude de personnes loue ce nouveau Pape comme le Bienvenu.
20h06. Une lumière s’est allumée. Les choses se précisent. On fait des pronostics. On parle des challengers. Les favoris : le cardinal Brésilien ou celui d’Italie.
20H12. Les rideaux s’écartent et Jean-Louis Tauran, le Cardinal Protodiacre annonce les mots tant attendus « Habemus Papam ».
Le nouveau Pape est Argentin. Il était arrivé deuxième lors du dernier Conclave. Le Cardinal de 76 ans, Jorge Mario Bergoglio, est un fils d’immigrés italiens. Il a passé sa vie à défendre les pauvres et s’est engagé contre les autorités politiques de son pays. C’est un Jésuite progressiste. Il et considéré comme un chef de file, et sera certainement moins conservateur que ses prédécesseurs.
L'ancien Archevêque du Diocèse de Buenos Aires régnera désormais sous le nom de François 1er. Il n'est pas étonnant de la part d'un homme qui a passé sa vie à protéger les plus démunis, de prendre comme modèle un grand symbole de défenseur des pauvres : Saint François d'Assises.
Il vient d’un monde émergent. Une nouvelle ère s'ouvre pour l'Église catholique. Particulièrement pour celle d'Amérique Latine, dont les pays affichent une foi intense.
20h23. La croix d’argent apparaît. Derrière elle, le visage très ému du 26 6ème Pape.
« Bonsoir. Vous savez que l’objectif du Conclave était de se donner un Evêque à Rome, et mes frères Cardinaux semblent l’avoir cherché quasiment au bout du monde. Je vous remercie de votre accueil. Enfin, Rome à son Evêque et je vous remercie. Avant tout, je souhaiterais faire une prière pour notre Evêque émérite Benoit XVI, prions tous ensemble pour lui, pour que le Seigneur le bénisse et que la Sainte Vierge le protège (…) Nous devons prier les uns pour les autres et pour le monde entier afin que règne une immense fraternité. Je souhaite que ce chemin entamé aujourd’hui puisse aboutir à davantage d’évangélisations au sein de cette splendide ville. Maintenant je voudrais donner la Bénédiction. Je vous demande d’abord de prier Dieu afin qu’il m’accorde sa Bénédiction ».
Les quelques minutes passées avec lui témoignent de sa simplicité, de son humilité, et de sa volonté de proximité avec les autres. Il incarne l’Église de demain et nous offre l’espoir d’une belle ouverture, d’un véritable chœur de rassemblement. « Au revoir, passez une bonne nuit »
