Outremerlemag – Quel est votre ressenti au bout de cet après-midi et de ce colloque essentiel ?
Christine Kelly – Je suis ravie, parce que j’ai l’impression d’avoir été écoutée et entendue. Quand je pense que Najat Vallaud-Belkacem a repris mes propositions qu’elle considère sérieuses et que son ambition est d’aider ces familles, je suis heureuse. Elle a quand même annoncé la revalorisation des 25 % de l’ASF (allocation soutien familiale), je l’ai demandé dans mon rapport, elle a souligné comme d’autres ministres l’importance de la pension familiale qui doit être payée. Ce soir oui, je suis pleinement satisfaite d’avoir été bien entendue par ce gouvernement mais je continuerai à suivre les actions pour que tout soit concrétisé.
Outremerlemag : Aujourd’hui vous vous révélez encore comme une femme de premier plan, « an fanm doubout » (femme combative), une femme universelle.
C.Kelly : Vous savez c’est l’humilité qui précède la gloire, je suis au service des gens. Au service de ces familles, au service de celles qui se battent parce que je les ai vu trop souvent pleurer, souffrir. Et je veux les épauler, c’est ce qui me donne mon énergie quand je les vois en souffrance. Alors lorsqu’on me dit « mais ça n’existe pas », je dis non, stop aux clichés. Les « nanas » et les hommes galèrent pour élever leurs enfants, tout ça me donne envie de les défendre jusqu’au bout.
Outremerlemag : Plusieurs Matadô (nom donné à certaines femmes des Antilles pour saluer leur qualité et courage) dans l’hémicycle aujourd’hui pour soutenir votre Fondation.
C.Kelly : Ah oui, je suis contente que la diversité ait été représentée ici parmi les intervenants et le public. Satisfaite que Georges-Pau Langevin ait répondu à mon appel, que Najat Vallaud-Belkacem ait été présente, que Madame Christiane Taubira la numéro 3 du Gouvernement (qui ne se déplace pas comme ça puisqu’elle a un planning très chargé) soit venue. Toutes trois pour représenter le Gouvernement à notre colloque.
Outremerlemag : Qu’avez-vous envie de dire à ces parents (hommes ou femmes) seuls pour leur donner plus d’espoir et l’envie de pousser la porte de votre fondation ?
C.Kelly : J’ai envie de leur dire de tenir le coup, je sais que c’est difficile. Le premier pas est de constater qu’ils existent et qu’ils ont des problèmes. C’est ce constat qui permet d’engager un processus de soutien. Parce que pour l’instant on était dans l’ignorance, mon livre s’appelle « Le scandale du silence » parce qu’on ne parlait pas d’eux, et ce soir on a brisé ce scandale du silence. C’est un livre que j’ai écrit en mars 2012, paru aux Editions Léo Scheer, une première enquête sur les familles monoparentales.
Permettez-moi un dernier mot pour remercier tous mes partenaires, toute mon équipe parce que sans eux ce colloque n’aurait pas connu ce franc succès. A tous ceux présents les artistes, les invités, les représentants politiques, journalistes et présidents d’associations, merci du fond du cœur.
* Christine Kelly - originaire du Lamentin en Guadeloupe, journaliste, écrivain, membre du CSA et Fondatrice de la Fondation K d’urgences. La 11ème lettre de l’alphabet pour dire combien ces « cas » (prononcer K) sont urgents et méritent une prise en charge évidente. Mais aussi le « K » de Karukéra (ancien nom de la Guadeloupe) qui rappelle combien cette femme de communication est une femme debout prête à porter le flambeau de ces familles longtemps passées sous silence.




