Culture

jeudi, 25 avril 2013 05:49

Christian de Montaguère : « L’art de vivre aux Caraïbes ! »

Né Christian Colineau de Montaguère à Saint-Claude en Guadeloupe en 1972, ce jeune homme a étudié le Commerce à Montpellier. Et depuis cinq années, il a ouvert boutique dans le sixième arrondissement de Paris. De son nom, il a fait un label accolé au slogan inimitable qui se réfère au bien-être dans les archipels des Caraïbes. Aujourd’hui,  sans aucun doute, sa maison « créole »  avec étage, située au 20, rue de l’Abbé-Grégoire est une valeur sûre. Avec lui, on peut tout autant parler d’épices « péyi », de cosmétiques façon « Saint-Barth », de douceurs en tous genres et surtout de rhums de tous horizons.



1. Migail Montlouis-Félicité : Qu’est-ce qui vous a amené à ouvrir ce lieu spécialisé sur le Rhum ?
Christian de Montaguère : Au-delà de la boutique qui plaît, et tant mieux, c’est surtout une décision réfléchie et longuement étudiée. C’est une boutique « Conceptor » avec pour thématique : « l’Art de vivre aux Caraïbes ». Une thématique qui se décline en différentes facettes : l’épicerie fine, la cave à rhum, le bien-être, les cosmétiques, les articles de déco, etc., qui  ont pour point commun : l’Art de vivre aux Caraïbes.

2. M. M-F. : Que définit exactement l’Art de vivre aux Caraïbes ?
C. d. M. : C’est je le crois ce qui fait beaucoup rêver, parce que cela ramène à la vie sous des contrées ensoleillées. On pense parfois à une certaine à une certaine nonchalance, mais c’est surtout savoir prendre son temps et bien vivre.

3. M. M-F. : Combien de références de rhum avez-vous dans cette boutique ?
C. d. M. : Nous avons à ce jour plus de sept cents références de rhums du monde, des rhums blancs et vieux, des punchs et des liqueurs. C’est à ce titre que notre boutique est la plus grande Cave à Rhums et de Punchs de France.



4. M. M-F. : Quels sont les critères pour bien choisir un rhum ?
C. d. M. : Quand on arrive à ce large choix, au fur et à mesure, il s’agit de s’assurer de presque tout avoir de ce qui existe et qui est disponible, en fonction de la demande de notre clientèle.

5. M. M-F. : Et cette clientèle, quelle est-elle ?
C. d. M. : Avec la variété de références que nous avons, chaque rhum trouve son public et il y a affluence ! Je suis quelquefois étonné  de voir comment cette clientèle réunit des connaisseurs et des spécialistes. Les gens viennent parfois de très loin pour des demandes tout à fait précises, des demandes de rhums de diverses origines. Autant pour le rhum de la Martinique que pour ceux de la Guadeloupe, de la Guyane, du Venezuela ou de pays moins connus comme l’Inde ou les Philippines, parmi de nombreux autres.


6. M. M-F. : Comment on peut définir le choix de tel ou tel rhum par rapport à votre clientèle ?
C. d. M. : En fait s’agissant de rhum blanc, ce sont surtout les jeunes qui l’achètent pour des punchs ou des cocktails, afin d’organiser des soirées. Le rhum vieux est choisi par une clientèle plus mûre parce qu’il s’agit d’un produit plus onéreux. Mais cette constatation ne peut pas être considérée comme une règle générale même si on doit en tenir compte.

7. M. M-F. : En songeant à l’affaire Neisson cette année, se dirige-t-on vers une rupture de stocks de nos rhums  dans nos archipels ?
C. d. M. : C’est là une situation particulière propre à Neisson à cette période de l’année. Pour les autres, la situation n’est pas la même parce qu‘ils se servent de leurs propres cannes. En l’occurrence s’ils n’en avaient pas assez, ils utiliseraient les produits d’autres distilleries mais devraient renoncer ponctuellement à ce moment-là, au label AOC.  Malgré tout, tous s’organisent aujourd’hui pour ne pas se retrouver dans ce genre de difficultés. Et même si les coûts de fabrication sont plus élevés qu’ailleurs, ils restent conscients qu’il faut continuer à être très efficaces et pour cela préserver comme depuis plusieurs années une qualité supérieure qui nous a valu bon nombre de récompenses officielles.
 
8. M. M-F. : Qu’est ce que le label AOC ?
C. d. M. : Le label AOC* consacre le savoir-faire lié au terroir. Un savoir-faire ancestral qui est étudié pendant de longues années. Des critères à retenir, comme par exemple ceux qui caractérisent le rhum agricole de la Martinique, une fois qu’ils ont été avalisés par la filière canne à la Martinique et l’INAO* en métropole. Cette connaissance séculaire est en quelque sorte « gravée » dans le marbre et récompensée. Tel produit de qualité peut alors être réalisé.

9. M. M-F. : En cinq ans, comment a évolué la boutique?
C. d. M. : C’est vrai que nous avons eu une progression régulière. Nous sommes sensibles aujourd’hui au fait que notre notoriété va bien au-delà de ce quartier de Paris. Tout cela est amplifié par des articles de presse, de radio ou de télé. Cela nous a ouvert un potentiel de clients dans d’autres villes de France ou d’Europe comme en Belgique, ou au Luxembourg.

10. M. M-F. : Au-delà de la cave à rhum, quel est l’objectif de la maison Christian de Montaguère ?
C. d. M. : Nous défendrons toujours la place du rhum dans cette boutique mais je me dois de mettre en lumière tous ces produits d’épiceries fines, des produits basiques comme le « Soda », certaines confitures que l’on peut trouver ailleurs mais qui restent des incontournables... Ce qui nous importe surtout c’est  de montrer également la facette de produits plus travaillés, plus sophistiqués. De bons et beaux produits de chez nous qui jusqu’à maintenant n’avaient pas de points de distribution à Paris. Nos trois critères de choix de ces articles sont : l’originalité,  la qualité et la bonne présentation.

11. M. M-F. : Cette maison n’est-elle pas également un espace de rendez-vous ?
C. d. M. : Bien sûr, parce qu’il m’importe que ce soit un lieu de vie. On y organise des rencontres entre des chefs d’entreprises et leurs clientèles. Oui, c’est un lieu de convivialité tout entière dédiée à une thématique particulière : celle de l’Art de vivre aux Caraïbes. Je veux qu’on s’y sente bien et qu’on ait l’impression d’être un peu chez soi comme on l’est aux Caraïbes. C’est un moyen de représenter toutes nos richesses et de faire connaître les nombreuses îles qui composent nos archipels.


*AOC : Appellation d'Origine Contrôlée est un label officiel français, marocain ou suisse de protection d'un produit lié à son origine géographique.
*INAO : Institut National de l'Origine et de la qualité - établissement public à caractère administratif français placé sous la tutelle du ministère de l'Agriculture.

Pour en savoir plus sur le rhum
L'élaboration du rhum : http://youtu.be/oueCMOZBIG0


Jerry Gitany, un spécialiste du rhum.

Jerry Gitany est Martiniquais amoureux de la Caraïbe, de sa culture sous toutes     formes et passionné de rhum (un grand-père gérant de distillerie). D’abord client, et grand défenseur des produits de la Caraïbe, c'est à ce titre que Christian de Montaguère lui a demandé de devenir vendeur conseil dans sa très belle boutique, ce qu’il accepté avec plaisir.

« Au rez-de-chaussée, nous confie t’il, il y a les rhums vieux, à l’étage les rhums blancs, mais chez Christian Montaguère on trouve tous les dérivés de la canne comme la Cachaça du Brésil. On assiste depuis cinq ans à une explosion mondiale du rhum, illustrée par exemple par le salon mondial qui s’est tenu du 15 au 21 aux U.S.A. : le Miami Rum Renaissance Festival* organisé par un Américain. Il faut savoir que les Américains sont les premiers consommateurs de rhum au monde, et il existe également des producteurs américains. En France aussi la demande est  extraordinaire. On est parti de plus bas parce que l’importation de rhums des Antilles était interdite en France pour protéger les producteurs de Cognac, de vins etc. C’est seulement après la seconde guerre mondiale qu’on a autorisé l’exportation de nos rhums.

Il y a deux types de rhums. Celui fait à partir de la mélasse (le résidu de la fabrication du sucre), qui après avoir été chauffée  laissait une partie visqueuse qui servait à l’élaboration du rhum. C’est pourquoi à l’origine le rhum était considéré comme un sous-produit pour les esclaves..

Et il y a le rhum agricole de la Martinique, de la Guadeloupe, de la Réunion, et de l’Ile Maurice entre autres qui est  fait à partir du vesou, un pur jus de cannes. Là, les saveurs sont différentes.
On a désormais des rhums de mélasse qui viennent notamment des anciennes colonies espagnoles avec des notes très sucrées, qui sont très accessibles parce qu’ils se boivent très facilement et les gens qui y accèdent pour la première fois les trouvent très bons en  bouche. Vous pouvez trouver aussi les rhums des anciennes colonies anglaises, des rhums de mélasse de Jamaïque, de Barbade, qui sont plus huileux, plus lourds en bouche mais toujours avec des petites notes sucrées, plus épicées, plus boisées.

Les rhums de Guadeloupe ou de la Martinique sont plus complexes, plus puissants. On peut néanmoins les différencier.  Ceux de la Guadeloupe sont plus lourds et ceux de la Martinique plus raffinés à la base. Mais tous présentent des goûts vanille ou caramel selon la fermentation ou le vieillissement.

Le rhum a dans tous les cas un très bel avenir et sa consommation est en évolution constante. »

*Le Miami Rum Renaissance Festival : www.rumrenaissance.com
Miami Rum Fest 2012 Review : http://youtu.be/8zocQNoFj8M

 

 

 

 

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