Culture

jeudi, 07 mars 2013 05:00

Le cinéma de Keen de Kermadec ose montrer l’Obésité !

Il y a des sujets qui ne peuvent s’écrire avec légèreté. Et l’obésité, que nous avons choisie à la rédaction de mettre en lumière depuis le numéro 3 en fait partie. Et, il était nécessaire pour nous de comprendre le cheminement de la jeune femme qui avait osé aborder ce délicat projet. Dans « Cœur Chamallow », Keen de Kermadec a pratiquement tout montrer et c’est pour cela qu’avec légitimité elle a été récompensée par deux prix.



“Connaître mon ressenti suite aux prix ?” - Quelle aventure !!! Magique à vivre ! Une fierté personnelle d’être reconnue dans sa région d’origine. J’ai tellement entendu dire « Nul n’est prophète dans son pays » que j’ai fini par y croire. Je réalise que pour le coup, pour moi cette fois-ci cet adage ne sera pas respecté.
Tout au long de cette entreprise, les choses se sont mises en place comme pour un miracle. Une force supérieure qui décide d’éclairer ce film afin qu’il puisse voir le jour. Et pourtant, les circonstances qui ont conduit à son écriture étaient des plus tristes, puisqu’elles commencent sur une douleur intense, un deuil. Jamais je n'aurais pu imaginer que l'issue de cet évènement se clôturerait par du bonheur : remporter le prix du Meilleur Court métrage et le Prix du Jury Lycéen. Je n’y ai pas songé, même pas en rêve ! Un large public qui récompense cette histoire, ce n’est que du bienfait.
Pour tout dire, le fait qu'il soit sélectionné au « FEMI » en Guadeloupe était déjà un accomplissement personnel.

J’ai surtout travaillé par affection, sans vraiment prendre conscience de toucher un public très élargi. Mon envie profonde était que ce sujet trouve un écho auprès de mes compatriotes, car l’obésité est dure. Elle touche une couche de notre population. Son chiffre ne cesse d'augmenter et j'avais envie avec mes moyens de poser ma pierre sur l'édifice afin de lutter contre cette “foutue maladie”. Une affection qui a gâché la vie de mon beau frère, telle une prison dont il n’a jamais pu se libérer. Son histoire, c’est celle de nombreux malades qui pensent toujours s’en sortir à coup de régimes, de restrictions, de frustrations alors que leur vie devient vite un enfer. Au fil du temps, ils s’habituent, ils subissent leurs corps, leurs kilos qui ne cessent d’augmenter, ils tombent vite dans une obésité dite « morbide ».

Le fait que ce film ait gagné un prix, c'est la cerise sur le gâteau. Je souhaite avant tout qu’il puisse faire l’introduction de conférences traitant de cette pathologie. De nombreux médecins et professeurs en hexagone comme dans les DOM-TOM, ont pris contact avec moi ou avec mon distributeur (Patou films International) pour l’inscrire à leur programme. « Cœur Chamallow » les touche profondément.
Lorsque pour la première fois, un chirurgien m’a félicité sur mon travail, j’ai eu les larmes aux yeux. Que des professionnels soient bouleversés par le traitement et les images de ce film était extraordinaire. Car il est simple, sans prétention, brut et sensible, vrai.

Le cinéma selon moi, c'est aussi prendre assez de recul et de la réflexion pour poser son propre regard, à travers le découpage de votre film, le choix des objectifs, de la lumière, des comédiens (Thierry Fanfant, Pascale Raoux, Varenthia Antoine, et les merveilleux enfants et ados), d'utiliser un flashback ou non. Bref sa propre écriture cinématographique.

Cette idée m’a habité depuis longtemps mais mon engagement pour combattre ce fléau qui touche trop les Antilles a débuté le jour où mon beau frère est mort le 30 novembre 2010. Je ne devais pas laisser son histoire, notre histoire dans l’ombre. Lui qui a toujours souhaité passer inaperçu, se retrouve au devant de l’affiche. Sa vie, c’est aussi celle des autres malades, leurs vies se ressemblent, une vie de souffrance intense mais sourde.
Lutter contre ce fléau c’est lutter contre soi-même et décider de radicalement changer sa vie. Très souvent, certains patients refusent de passer ce cap et c’est pour cela qu’ils doivent être suivis par un psychologue. Ce film mérite d’être partagé et il sera désormais visible lors de conférences et de festivals, pour en connaître les dates, il faut vous connecter sur le Facebook « Cœur Chamallow ».

Je veux également remercier toute mon équipe et le créateur de notre affiche, Bruce Clarke d'Afrique du Sud, parce qu’une affiche fait l’identité d’un film et participe à sa réussite.

Propos recueillis par Migail Montlouis-Félicité

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