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mercredi, 27 février 2013 19:51

Nina Simone, l’universelle voix pour Cri de Femmes !

Avec Nèfta Poetry, le festival « Cri de Femmes » de Paris est  une des artères du Festival Cri de Femmes dont le cœur se trouve à Saint-Domingue. Un Cri qui gronde, et se répercute de plus en plus ici et là, de Santo Domingo à la Cité des Lumières jusqu’à l’archipel de Guadeloupe. Comme une gestation jusqu’à l’accouchement qui porte et donne la vie. C’est une partition vitale pour faire entendre le chant féminin.

En allant à la rencontre de Nèfta Poetry*, elle nous a raconté la genèse de ce mouvement.
« A l’origine, c’est Jael Uribe à Saint-Domingue, femme, poète, remise d’un cancer de l’utérus qui exorcise la douleur et les peurs à travers l’écriture. Soucieuse de partager cette catharsis avec d’autres femmes, elle crée un blog ouvert à d’autres femmes qui y postent leurs poèmes, leurs proses, leurs douleurs. Elle comprend après une tragédie qui toucha l’une d’entre elles que le cri des femmes était plus vaste, et que leurs cris étaient pluriels. Elle fonde le mouvement international des femmes poètes (Movimiento Mujeres Poetas Internacional). Le premier festival est mis en place en 2011 auquel 17 pays participent soit 44 événements… Ce qui est appréciable et merveilleux, c’est qu’au travers de ce mouvement s’est créé un réseau, s’est tissée une chaine humaine entre des actrices et acteurs de bonne volonté qui portent la même cause, et chérissent les mots par ailleurs. Beaucoup sont poètes. En 2011, j’ai adhéré et suis devenue alors l’ambassadrice pour la France, Hexagone et DOM-TOM. J’ai été heureuse d’y prendre part car je crois fermement qu’il est essentiel de ne pas taire les violences infligées aux femmes : elles sont pléthores, elles sont barbares, elles sont rendues tabous ou normalisées, voire normées. Et elles ne doivent plus être indicibles. Tues. Mais révélées, avortées, abandonnées, reléguées au rang de sombres souvenirs archaïques et monstrueux.  Donc, en 2012 je mets en place le premier Festival Cri de Femmes en collaboration avec Cynthia Phibel qui souhaita alors y adjoindre ses événements (Road To Music) à cette initiative. J’ai accepté avec grand plaisir.
 
Cette année, l’équipe est plus restreinte... À Paris, c’est moi (et certains artistes qui ont été d’une aide précieuse, comme Gérald Toto). Je nommerai aussi les collaborateurs : notamment les directeurs des lieux qui ont accepté de mettre leurs espaces (pas toujours gratuitement, mais un lieu a besoin de vivre), au service de la cause des femmes : Raphaël Vion (Cinéma La Clef), Le China, la Galerie Goutte de Terre. En Guadeloupe, il y a ma sœur, Prisca Melyon-Reinette, et ma mère, Viviane Melyon, et Marine qui ont pris en charge la logistique. Je remercie les artistes pour leur mobilisation.
 
Si vous me demandez quel en est le but, je dois définitivement vous répondre que Cri de Femmes célèbre la femme, plus largement que la simple date du 8 mars au niveau mondial. Nous consacrons un mois entier aux femmes dans le monde. D’un côté, il s’agit de les encenser toutes et d’un autre côté d’évoquer, de (dé)crier les violences qui leur sont faites. Porter le regard sur leurs blessures, qu’elles fassent écho à nos expériences ou pas, qu’elles nous interrogent sur nos propres réactions face à de telles situations, mais encore de notre complicité. Taire la violence, c’est quelque part les cautionner. Je le dis sans jeter la pierre. Car il est vrai qu’il est bon de se positionner, mais pas toujours facile d’agir lorsqu’on est confronté à de telles situations…
 
Dans cette perspective, j’ai choisi la figure d’une leader qui des années s’est engagée contre la violence faite aux femmes, Nina Simone. Elle n’est pas apparue uniquement à la seconde édition, elle était déjà présente en filigrane avec le teaser extrait de sa chanson « Four Women ». L’année dernière j’avais déjà choisi l’hymne (comme si nous étions une nation… La nation des poètes et plus largement des artistes qui donnent de la voix pour les sans voix). Elle était bel et bien là. Mais Nina Simone, surtout parce que c’était une femme, noire, artiste qui s’est émancipée dans l’adversité, parce que c’était une femme engagée et qui écrivit et chanta la douleur des femmes (noires certes, mais douleurs que tant de femmes ont connu à travers le monde ; d’être des objets sexuels, des êtres sexualisés ou sensualisés uniquement, pervertis souvent). Je dirais que c’est une figure totemique pour ce festival. Cette année ce sont les artistes masculins Gerald Toto et Ousman Danedjo qui ont revisité cette chanson, entièrement. Avec beaucoup de talent et de respect pour les femmes. Symboliquement, il était important de montrer que les hommes se positionnent aussi. Car les hommes sont concernés – pas seulement parce qu’on les désigne comme bourreaux, et chacun sait qu’il n’y en a pas que de leur côté – mais parce que fondamentalement il s’agit de vivre ensemble). La figure de Nina Simone nous accompagnera encore longtemps je pense…
 
Les artistes font corps et chœur pour cette nouvelle édition. Ils ont choisi la cause. Ils ont choisi les femmes. De défendre, de se positionner… C’est ce qui détermine mon choix. Ensuite, j’ai fait aussi de manière subjective une sélection en fonction de ce que je souhaitais proposer… J’avais envie que leur propos soit cohérent…  Je peux en donner une liste exhaustive pour la partie parisienne. Les poètes : Emmanuel Vilsaint, Capitaine Alexandre, Marie Martias, Abad Boumsong et moi-même. Les musiciens et chanteurs : Fabrice, Ananze Batanga, Natascha Rogers, Christophe Isselee, Gasandji, Gerald Toto, Lara Bello… On décloisonne, car ce sont toutes les femmes que nous célébrons, parce que les femmes de France (hexagonale et ultramarine) sont d’origines diverses… Nous irons des Antilles françaises à l’Afrique, en passant par l’Espagne, Cuba et Haïti…
 Et nouvelle cerise sur le gâteau si je puis dire,  Cri de Femmes Guadeloupe est prévu cette année ! Pour la première fois ! Nous souhaitons que le public y adhère, surtout après les faits révélés et relevés par certaines personnes : ces femmes assassinées, immolées, mutilées par leurs ex-petits amis aux Antilles. En Guadeloupe et en Martinique. On n’entendait parler d’immolations de femmes dans d’autres contrées… J’espère que les mobilisations ne resteront pas lettres mortes, et que toutes les personnes touchées, sensibilisées, viendront écouter les artistes qui se sont mobilisés pour faire entendre leurs voix contre les violences faites aux femmes. Je sais que nous sommes en plein carême, cependant le but n’est pas de faire bombance, mais de célébrer la femme et de réfléchir l’image de la mobilisation, en disant que ce n’est pas que l’affaire des autres ».
 
Propos recueillis par Migail Montlouis-Félicité
 
*Neftà Poetry : En elle deux faces, deux femmes, et une multitude de cordes à son arc. Nèftà Poetry, artiste, femme de scène entre chants et danses, en mots et gestes, toujours en mouvement. Elle le dit tout simplement Nèftà est mon alter égo, puisque « Stéphanie Melyon-Reinette est la partie logique et raisonnable de ma personnalité ». Un parcours pluriel entre études de langues étrangères, littératures & civilisations étrangères, poésie. Elle étonne et fascine lorsque vous la rencontrez. Une jeune femme à découvrir.

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