Culture

mercredi, 27 février 2013 19:40

De Régina Coco à Régine ! 50 ans de  malbouffe

Entre la « Régina » de Léona Gabriel* et la « Régine » de Mighty Ki La* ! Nous allons tâcher de traverser les décennies qui déforment peu à peu la morphologie des Antillais : enfants, femmes et hommes confondus. Lorsque Léona Gabriel écrit cette chanson : « Régina coco, crème à la vanille dou passé siwo (plus douce que le sirop) », a-t-elle imaginé que cette femme-là, plus mince malgré ses formes, se transformerait après presque un demi-siècle en celle-ci, une femme en surpoids : « Allô Régine. C'est toi? Manman. Régine tu as changé! Moi qui comptais t'inviter à manger. Mais non. Ce n’est pas çà que j'ai voulu dire. Si tu veux sortir. Ben on peut sortir ! Demain. Tu veux qu'on fasse un tour en voiture. Du moment que tu arrives à attacher ta ceinture! »

Il y a eu bien des expressions créoles qui définissent l’obésité au « péyi » telles que « ou gwo kon an Daf ». DAF étant la marque des gros camions transporteurs (pas très seyant je l’accorde), il y a une des plus terribles «  pété en grès » (pire encore) - (péter dans sa graisse - être obèse) ou « Gay viand » (regarde une grosse femme). Toutes ces phrases assassines quelquefois sexistes qui  blessent et humilient. La femme grosse n’est pas assimilée toujours à celle gracieuse de Botero*.
A croire que les temps changent. Il y a quelques décennies, être grosse ou gros aux Antilles poussait à se couvrir gracieusement sous des textiles fluides pour se donner l’allure de quelqu’un de bien dans sa peau. Aujourd’hui, le poids même s’il génère des problèmes de santé conséquents semble se vivre plus sereinement, en exemple, l’attitude de certaines femmes et garçons « cintré(e)s » dans des pantalons taille basse et des hauts moulants plus qu’aguichants.
Mais, il faut réaliser combien le surpoids ou l’obésité sont deux fléaux extrêmement négatifs. On a vu s’accroitre la prise de poids chez l’Antillais de métropole soupçonné de « subir » l’hiver et se nourrissant désormais plus mal et ne pratiquant plus d’activités physiques : marches et bains de mer. Mais force est de réaliser également que « les grosses et les gros » sont de plus en plus nombreux sur les plages, sur les dancefloor, dans les administrations.
 
Que dire de l’obésité sinon qu’elle prend une place trop importante aux Antilles? On y distingue comme ailleurs plusieurs formes d’obésité : modérée, sévère et même morbide. Toutes ces silhouettes peuvent se calculer par l’IMC (Indice de Masse Corporelle) en se référant au poids en kilo que l’on divise par la taille au carré.
Au fur à mesure de la lecture de rapports associatifs, régionaux ou gouvernementaux, on peut en faire le constat : l’obésité gagne du terrain à cause des aliments trop riches en apport de calories par le sucre et les lipides. Trop d’aliments détournés s’associent aux troubles du comportement, tout cela accentué par le manque d’activité physique ou de sport. La télé même en prend pour son grade, tellement on passe du temps à la regarder. Selon des études* il a été constaté que certains produits exportés aux Antilles ont un ajout de surplus de sucre, les gens de la Caraïbes soumis à une sorte d’empoisonnement (info ou intox).
A force de recherches on constate également que de nombreux facteurs génétiques, psychologiques et sociaux accumulent la tendance à grossir. Dans le bassin caribéen comme en France, aux Etats-Unis et de nombreux pays industrialisés, le surpoids se complique et devient un sujet plus qu’épineux. Et, plus grave encore, cela touche trop tôt les enfants.
En faisant référence aux rapports officiels, on observe qu’en Guadeloupe ¼ des femmes et 1/10ème des hommes sont obèses. En effet, la Guadeloupe après la Réunion est le département le plus touché suivi par la Martinique et la Guyane. Et personne n’est à l’abri de ce poison : quel que soit le milieu social, déjà en classe préparatoire l’enfant porte son surplus de « gras ». L’institution scolaire porte sa part de responsabilité. Les repas à la cantine sont de plus en plus accusés de participer à cette malbouffe, en proposant aux enfants, un choix d’alimentation trop peu varié et insuffisamment équilibrés.

Force est de constater que l’excès de masse graisseuse conduit à certaines maladies, comme l’hypertension artérielle, le diabète dit sucré, mais également des problèmes articulaires et des soucis d’apnée pouvant mener jusqu’à l’AVC.
L’obésité n’est pas une « mince affaire » et, est selon le corps médical, un déséquilibre entre la génétique et l’espace environnemental.
Aux Antilles, 47 % de femmes contre 34% d’hommes sont en surpoids. L’obésité touche, quand à elle,  25%  de femmes et 10 % d’hommes. « A cause de nos comportements et de la société, nous mangeons trop gras, trop sucré ou trop salé, nous sommes entrain de mal nous alimenter, en mangeant en mauvaise qualité et quantité, manger déséquilibré peut nuire à notre santé (…) » chantent des enfants de 5ème*.
 
Dès le plus jeune âge il faut s’attaquer au surpoids parce que sans précautions, il s’amplifie jusqu’à atteindre l’âge adulte et des conséquences de plus en plus extrêmes. A l’heure où l’image est si obsessionnelle dans un monde envahi pas les écrans, il nous pratiquer marche, natation, vélo et autres activités pour brûler les graisses, améliorer notre métabolisme, et pourquoi pas aussi, parfaire notre allure.

Comme le déclare la First Lady des Etats-Unis*, Michelle Obama : « Nous devons cela aux enfants qui ne réalisent pas leur potentiel car ils n'ont pas accès aux besoins nutritifs journaliers. Et nous devons cela à notre pays, car notre prospérité dépend de la santé et de la vitalité des générations futures ». Des propos universels auxquels on ne peut qu’adhérer.
 
 
*Léona Gabriel : mulâtresse née à Rivière Pilote en Martinique en 1891. De la Martinique à la Guyane puis Paris, elle entame une vie d’artiste après un poste de secrétaire. Elle fera partie de la « jet set de l’époque et sa rencontre avec les plus grands musiciens de l’époque lui ouvre les portes du Tout-Paris. Avec son mari, l’officier Soïme elle vivra un temps à Dakar où ses prestations ont un véritable succès. ;. A lire « Ça c’est la Martinique ! », un catalogue dans lequel elle a répertorié les chansons et la vie dans les communes de la Martinique.

Régina Coco : http://youtu.be/sYVrCFOXA3U
*Mighty Ki La : artiste de reggae/dancehall martiniquais très apprécié aux Antilles comme en Guyane. Un nom mixé entre l’anglais et le créole, on peut traduire par - le Puissant qui est là. En 2011, malgré la polémique, son titre Régine a eu un franc succès.

Régine : http://youtu.be/ZOqS_FMijtw
*Botero : Fernando Botero - Peintre et sculpteur colombien, célèbre pour ses personnages aux formes rondes (nus féminins entre autres).
*La chanson d’une classe d’enfants de 5ème * : dans le cadre du cours sur l’alimentation, des élèves de 5ème ont écrit et enregistré un petit essai musical sous le nom de scène de "p’tits corps malades" par M.Pelligrino (professeur de SVT-Collège Fraissinet).
 
*Selon les études – cf – Rapport fait au nom de la Commission des Affaires Sociales sur la proposition de loi par M. Victorin Lurel visant à prohiber la différence de sucre entre la composition des produits manufacturés et vendus dans les régions d’outre-mer et celle des mêmes produits vendus dans l’hexagone.
 
*Etats-Unis - Beyonce combat l’obésité :  http://youtu.be/mYP4MgxDV2U
 
Pour plus d’infos :
 
*France hexagonale : www.sante.gouv.fr
*Martinique : Réseau Prévention Prise Charge Obésité Martinique - REPPOM : 0596 68 18 18 - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
*Guadeloupe : Réseau de prévention et de prise en charge de l'obésité infantile en Guadeloupe - 0590 28 81 75 - Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.
*Guyane : ORSG : Observatoire Régional de la Santé Guyane : 05 94 29 78 00 –Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

Partenaires

CANGT NORD GRANDE TERRE
CAP EXCELLENCE

Derniers articles

Les + lus

Rejoignez-nous sur Facebook

Recevez les actus par email

Recevez par mail les dernières infos publiées sur OUTREMER LE MAG'

Rechercher