Ce nouveau paysage concurrentiel constitue un défi pour sa filiale locale la Société Le Nickel et son usine locale, la « vieille dame de Doniambo » située à Nouméa : ERAMET-SLN va perdre son monopole sur la production de ferro nickel et va devoir affronter des concurrents beaucoup plus importants par la taille. Leurs deux usines de dernière génération seront particulièrement compétitives sur les marchés asiatiques de l’inox, principaux débouchés du nickel calédonien. Selon des expertises qui restent à approfondir, la Nouvelle-Calédonie détiendrait plus de 30% pour cent des réserves mondiales de nickel ainsi que d'autres métaux stratégiques. L'extraction, la transformation et l'exportation de ces minerais vers la Corée, le Japon, la Chine et l'Ukraine sont au cœur de l'avenir politique aussi bien qu'économique du territoire qui se cherche un nouveau statut institutionnel.
Le nickel se trouve ainsi au cœur des défis de la province nord, de la Nouvelle-Calédonie et de la France.
Le développement rapide du « triangle V.K.P » les villages de Voh, Koné et Pointbout autour de l’usine du Nord et sur la côte-ouest du caillou sera t-il partagé avec les tribus kanaks de la côte est, cette « côte oubliée » de la province nord ?
Quel sera l’avenir des relations entre la S.M.S.P le bras économique des indépendantistes calédoniens et son partenaire le géant GLENSTRATA qui naitra le 15 mars prochain de la fusion entre Glencore et Xstrata ? Le mariage entre le premier négociant mondial de matières premières et le second producteur mondial du secteur ne débouchera t’il pas sur un bras de fer forcément inégal avec leur « petit » partenaire calédonien pour lui retirer le contrôle majoritaire de l’usine du Nord ? Quelle sera alors l’attitude de l’Etat français face au risque que représenterait une prise de contrôle du nickel calédonien par l’une des premières multinationales de la planète ? Xstrata et Glencore avec l’usine du Koniambo au nord, le brésilien Vale avec l’usine du sud à Prony, pour la première fois de son histoire le français ERAMET-SLN implanté à Nouméa se trouve pris en étaux entre les nouvelles usines de ses deux puissants concurrents. Mais il n’est pas sans atout et dispose encore de 60% du grand domaine minier calédonien. Et à l'avenir, l’Etat français ne sera sans doute pas disposé à de nouvelles concessions qui porteraient atteintes aux intérêts nationaux, car le nickel c’est aussi le blindage des chars et les pièces ultra-résistantes des sous marins nucléaires et des avions de chasse.
Pour toutes ces raisons, ce nouveau défi au capitalisme français n’est pas sans implication dans les choix politiques que feront en 2014 partisans et adversaires de l’indépendance du territoire. Le nickel calédonien était un monopole français, désormais c'est un "lit pour deux rêves". celui d'Eramet va devoir s'accommoder de celui de ses concurrents suisses, anglo-saxons et brésiliens. Des rêves qui tous passent forcément par le contrôle de la plus grande partie du vaste territoire minier calédonien. A quelques semaines de l'inauguration de l'usine du nord dont l'entrée en production se fera progressivement tout au long de l'année 2013, les grandes manœuvres ne font que commencer.
