L’exposition Désir Cannibale qui se tient à la Fondation Clément du 27 juillet au 19 septembre met à mal les pulsions archaïques du spectateur. Avec l’aide de 9 artistes Guadeloupéens, Jean-Marc Hunt, le commissaire de l’exposition nous invite à s’affranchir des barrières psychiques et physiques pour devenir conscient de son rapport à l’autre, de son propre rapport au monde mais surtout de se penser monde. Outremerlemag est allé à la rencontre de certains artistes qui exposent.
Depuis 2005, la Fondation Clément mène des actions de mécénat en faveur desarts et du patrimoine en Martinique. Notamment, elle assure la promotion de l’art contemporain dans la Caraïbe. Depuis le 27 juillet dernier, c’est l’exposition Désir Cannibale qui habille les murs de la Fondation. Une exposition remplie de mordant qui est à mettre au crédit de Jean-Marc Hunt, artiste visuel Guadeloupéen et commissaire de l’exposition. Pour ce faire, neuf artistes ont été invités, des peintres, des photographes, des plasticiens etc. Avec l’aide de ces artistes Guadeloupéens ou en lien avec la Guadeloupe, Jean-Marc Hunt, nous invite à s’affranchir des barrières psychiques et physiques pour devenir conscient de son rapport à l’autre, de son propre rapport au monde mais surtout de se penser monde.
Désir Cannibale
Selon le commissaire de l’exposition, le cannibalisme est une notion intrinsèque du Créole. Il fait feu de tout bois pour créer sa propre identité. « Le Créole se nourrit de beaucoup de langues, en majorité du français mais passeulement. C’est en mouvement perpétuel et en art contemporain, on participe à cette créolisation, avec le monde comme terrain de jeu. » Une approche totalement partagée par le peintre Samuel Gélas, participant à l’exposition. « Le cannibalisme de façon métaphorique c’est se nourrir de la culture colonisatrice, et une fois digérée, arriver à se réinventer. » De son côté, Jean-Marc Hunt va plus loin en attestant que le mot créole « est devenu trop exotique dans la pensée des gens ». Par cette exposition, le cannibalisme devient par essence, synonyme de créole et donc d’identité. Quant au désir, il est l’action. Le processus du désir est multiple, il a plusieurs entrées. Pour Ronald Cyrille, le désir c’est avant tout le déclenchement de quelques choses.
« Je ne voulais pas m’arrêter à l’association Karibe-cannibale, j’ai voulu dire bien d’autres choses. Entre autres, manger le monde, se dépasser soi-même, dépasser les limites. Par le désir cannibale, il y a l’idée d’être stimulé, relever des challenges ou encore l’envie d’exister. »
Paroles d’artistes :
Samuel Gélas : « J’ai tout simplement été dans la même ligne directrice de ce que je fais. Je travaille dans l’animalité humaine. En m’ouvrant sur le monde en piochant dans l’actualité. Nous sommes comme des animaux dans la jungle et nous essayons de survivre. Et pour assurer leur descendance, les peuples vont se cannibaliser pour prendre ce que les autres possèdent. Mais la figure animale est aussi positive, comme on peut le voir sur mon tableau le portrait de famille. En somme, ma démarche c’est de questionner la nature humaine. »
Portrait de Famille, de Samuel Gélinas
Ronald Cyrille : « J’ai abordé la création pour l’exposition d’une manière assez libre. Je parle par métaphore plastique et ici j’ai apporté ma vision de la société, de la dualité de l’être, qui se traduit par un questionnement. L’homme est-il habité par l’animal ou l’animal est-il humanisé ? Que ce soit à travers notre héritage culturel, notre façon de vivre, beaucoup de choses fonctionnent par dualité. Il suffit juste d’observer. »
Visite guidée de l'exposition avec Jean-Marc Hunt :