Société

jeudi, 19 septembre 2013 04:49

Anaelle, l’autre Baker Spécial

Écrit par Willy Gassion
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Anaelle Baker est coiffeur visagiste et chef d’entreprise. A la tête d’un salon de coiffure privé à Paris, la jeune femme d’origine martiniquaise va lancer en 2014 une gamme de produits naturels bio pour cheveux afro et métis ainsi qu’une gamme de cheveux.

 


C’est d’abord son patronyme qui interpelle. Baker ! On pense immédiatement à l’autre Baker. Joséphine. L’illustre ! Mais il n’en est rien. On a beau interroger, insister aucune trace de parenté. Le temps court de la déception passé, on découvre Anaelle, l’autre Baker, celle qui n’a rien à envier à Joséphine que déjà on a oublié. La jeune femme de 38 ans est belle. Très belle même. Le cheveu bouclé, sculptée dans sa robe de cuir rouge, les épaules couvertes par un blouson de la même matière et d’un rouge plus vif on a du mal à imaginer le passé de « garçon manqué » d’Anaelle que rien ne prédisposait à devenir coiffeur visagiste. « Je suis fille unique, entourée de quatre garçons, enfant je ne coiffais pas mes poupées,  je détestais jouer à la poupée, je devais me comporter comme une fille parce que j’étais née fille et je ne le souhaitais pas. Face à mes frères, je devais m’affirmer. C’était ma rébellion. »

 

 Le destin tient à peu de choses. Voire à un cheveu rebelle. Le cheveuvolumineux et rétif d’Anaelle que sa mère avait du mal à coiffer. A dompter. Son cheveu à hue et à dia qui a eu raison de la patience de la mère d’Anaelle.« J’avais énormément de cheveux que ma mère avait du mal à discipliner alors elle m’accompagnait chez sa coiffeuse. » Anaelle a huit ans et découvre là chez « Nicolette et Arlette » à Fort-de-France, les coiffeuses de sa mère un monde que jusqu’ici elle ignorait. Le salon de coiffure, ce mystérieux repaire des élégantes et de toutes les élégances, le lieu par excellence où s’exprime la féminité. Là où elle est sublimée et exacerbée. Le salon, cet autre confessionnal où les femmes entre elles se disent et s’épanchent. S’épient aussi peut-être et rivalisent. De beauté. Un délicieux gynécée. « Je découvrais des femmes belles, coquettes, toujours apprêtées qui discutaient de tout et je me suis rendue compte qu’un coiffeur  pouvait prendre une place importante dans la vie des gens. Un coiffeur, ça vend du rêve, ça transforme et c’est lui qui dévoile la beauté d’une femme si elle l’ignore. »


Comment pouvait-il en être autrement ? C’est précisément chez « Nicolette et Arlette »  « j’ai découvert un monde de femmes merveilleux » et face à sa mère, une femme « coquette et élégante, obsédée par le beau », que Anaelle, enfin, à l’âge de 17 ans assiste médusée et peut-être malgré elle à sa mue. La jeune fille change littéralement de peau. Elle troque les vêtements qui faisaient d’elle un garçon contre robes et escarpins et assume son identité. Anaelle Baker devient femme. Simone de Beauvoir n’a-t-elle pas dit ; « on ne nait pas femme, on le devient. ». C’est aussi la période des décisions. Celles qui engagent et font d’elle une adulte. Anaelle Baker sera coiffeur et « non coiffeuse ». Mais aussi chef d’entreprise. « J’avais compris l’importance d’un coiffeur dans la vie d’une femme et je voulais valoriser la profession, lui donner la place qu’elle mérite parce qu’un coiffeur fait des miracles. Quand un médecin soigne une femme atteinte d’un  cancer, le coiffeur peut ensuite prendre le relais. Après des soins médicaux lourds comme la chimio, le coiffeur embellit, prend soin, redonne à la femme confiance en elle et dignité. »

 

Anaelle Baker entame sa formation d’abord à la Martinique au CFA de Rivière Salée où elle apprend les rudiments du métier et laisse ses parents ébaubis face à son choix. « Mes parents considéraient que la coiffure n’était pas une activité noble, pas un métier valorisant. » Mais la jeune fille s’entête et persévère et continue son apprentissage dans une université de coiffure en Caroline du nord aux Etats Unis d’Amérique. Elle y apprend qu’un coiffeur « ne se contente pas de vendre de la beauté mais vend  aussi de la psychologie. » L’enseignement est « rigoureux », être coiffeur est « un vrai métier qui prend en compte l’hygiène et la santé des clients. » C’est d’abord à Paris en 1998 que la jeune diplômée exerce son métier. Chez Didier Boldron puis dans l’enseigne Jean Claude Biguine. Elle se dirige ensuite dans les studios où elle côtoie une clientèle de têtes connues : Cathy Guetta, les mannequins de l’agence Elite, Brooke Mc Queen, l’égérie de Jean Paul Gaultier.

 

Mais c’est véritablement à la Martinique que sa carrière va prendre son essor. C’est chez elle que la jeune femme décide « de donner une autre connotation au métier de coiffeur. » Anaelle Baker crée en 2001 un concept inédit : le Salon cabine qu’elle baptise « Anaelle B » et devient chef d’entreprise. « J’ai créé des cabines de coiffure comme il existe des cabines d’esthétique. C’était en fait cinq minis salons dans un grand salon et j’ai personnalisé mon offre. Les clientes étaient dans un lieu intimiste et cosy et ne se voyaient pas.  Il y avait une cliente par cabine et une coiffeuse par cabine. Quand je suis avec une cliente, j’ai besoin, pour répondre précisément à sa demande, de savoir sa profession et son mode de vie. Et c’est en fonction de ces informations-là que je construis sa chevelure. La coiffure que je propose à une cliente doit refléter sa personnalité et s’adapter à son mode de vie. »  Le concept s’avère être une réussite où se retrouvent clientes anonymes et célèbres. Parmi elles, on peut citer : Jocelyne Labylle, Christiane Valéjo, Leïla Chicot, Lynnsha, Annick Ozier-Lafontaine… Mais la jeune femme ne s’arrête pas là. Elle a une soif d’entreprendre qui assure t’elle, lui vient de son père lui-aussi entrepreneur. Anaelle Baker lance tour à tour une boutique d’accessoires de mode, une onglerie et une entreprise de grossiste en capillaire. Après presqu’une décennie d’efforts et de réussite, les premières déconvenues liées à la crise surviennent. « Il y a eu la crise en 2009, j’ai dû me résoudre à licencier mon personnel et à fermer. C’est comme si j’avais perdu un enfant. »

 

Telle l’hydre de Lerne, ne s’avouant jamais vaincue, c’est à Paris qu’Anaelle rebondit. La vie dit t’elle est un « combat, si tu n’y participes pas, tu meurs. » Vêtue de sa cotte d’armes qui ne se voit pas mais qu’on imagine, la jeune femme repart à son « combat » et se fixe de nouveaux défis. Glossy Hair est le nom du salon qu’elle a inauguré à Paris dans le 17ème arrondissement avec Valiyii « la maquilleuse des stars », son associée. Un salon de coiffure privé ouvert à une clientèle particulière et à une clientèle qualifiée de VIP. Et là encore comme à la Martinique, les clientes qu’elles soient anonymes ou célèbres ne se croisent jamais. Glossy Hair compte déjà parmi ses clients : Stéphanie Bédard de la Troupe Robin des Bois, Rita Ora (chanteuse produite par Jay-Z), Jes Solis, Sheryfa Luna, The Mess (groupe féminin révélé par l’émission Pop Stars), Melissa N’Konda, Ludivine Rétory… Et que dire de Bruce Springsteen ? Le « boss » dont les équipes ont fait appel au talent d’Anaelle pour lui limer l’ongle dont il avait besoin pour le bon usage de sa guitare lors du concert unique qu’il donna à Paris au Stade de France le 29 juin 2013.

 

En 2014, Anaelle Baker va lancer sa gamme de produits naturels bio pour cheveux afro et métis ainsi que « Anaelle be Hair », une gamme de cheveux russe, indien, péruvien, brésilien et afro. A l’instar de Joséphine, l’autre Baker, Anaelle possède déjà un patronyme célèbre, gage de réussite. Il ne lui reste plus qu’à se faire un prénom. Elle est sur la bonne voie.

 

Glossy Hair – Salon de coiffure privé – 4 Square Gabriel Fauré c/o Studio 1101 – 75017 Paris

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Photos : Henry Salomon

Lu 9418 fois Dernière modification le vendredi, 20 septembre 2013 05:32

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