Nourrir plus de 7 milliards d’habitants est certainement le plus grand défi du 21ème siècle. Face à la pollution, l’appauvrissement des sols, le coût des matières premières et la détérioration des comportements alimentaires, l’enjeu est de taille : assurer la sécurité alimentaire des populations. Les petits pays du Pacifique, en raison de leur dépendance vis à vis des exportations et de leur fort taux de maladies non transmissibles (obésité, diabète, maladies cardio-vasculaires…) s’engagent aujourd’hui dans une démarche durable en faveur d’une alimentation de qualité pour tous. La conférence d’octobre 2013 sera, pour les trois pays francophones du Pacifique, l’occasion de débattre et trouver des solutions à leurs maux communs, liés à une nourriture certes suffisante en quantité, mais de plus en plus de piètre qualité nutritionnelle.

Une problématique régionale : la sécurité alimentaire
Lors du sommet alimentaire mondial de 2009, à Fidji, l’OMS a posé la définition suivante : « la sécurité alimentaire existe lorsque tous les êtres humains ont, à tout moment, un accès physique, social et économique à une nourriture suffisante, saine et nutritive leur permettant de satisfaire leurs besoins énergétiques et leurs préférences alimentaires pour mener une vie saine et active. »
Après un forum sur la sécurité alimentaire dans le Pacifique, au Vanuatu, en avril 2010, un cadre d’action a été défini pour inciter les pays du Pacifique à mettre en place des actions en faveur d’une alimentation de qualité pour tous. Parmi les recommandations : la coordination entre les différents acteurs des secteurs concernés, le renforcement du cadre réglementaire et l’augmentation de la production agricole locale. Ont également été préconisées la sensibilisation des consommateurs vers des choix alimentaires plus sains (notamment les populations vulnérables comme les plus jeunes) ainsi que la réduction des maladies liées au mode de vie.
Ce forum anglophone avait initié un premier pas que les trois territoires francophones du Pacifique souhaitent emboiter à Tahiti en 2013. Chaque pays participant aura sa représentation de décideurs et spécialistes et des experts venus des Iles Cook, du Vanuatu, de Fidji, de Nouvelle-Zélande, de métropole et du Canada interviendront pendant les trois journées de la conférence. Les Iles Cook et le Vanuatu possèdent déjà une expérience dans l’organisation de conférence régionale sur l’alimentation : leur participation favorisera ainsi les échanges sur des problématiques océaniennes.

Travailler ensemble : une nécessité
Agir sur l’alimentation nécessite des actions concertées et soutenues par les pouvoirs publics. Les différents échanges du forum de 2010 au Vanuatu ont en effet mis en avant le besoin de collaborer pour mettre en place un cadre propice et pérenne à une alimentation saine. Une dynamique multi-sectorielle est indispensable : seul l’engagement conjoint des industriels, de la grande distribution, mais également du secteur primaire rendra possible des actions concrètes et efficaces. Il s’agit là d’un des objectifs de cette conférence tahitienne : réunir à la même table les décideurs de l’industrie, de la grande distribution, de l’agriculture et les représentants des pouvoirs publics (économie et finances, éducation, santé, environnement…) ainsi que des associations (consommateurs, diabétiques, obèses…).

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Au menu : trois jours de conférences et de débats |
| Solène Bertrand, diététicienne-nutritionniste, Responsable du bureau des maladies liées au mode de vie au département des programmes de prévention à la Direction de la santé. |
Surpoids : Tristes records dans le PacifiqueLes taux d’obésité dans le Pacifique sont les plus élevés au monde. Sur la liste des 10 pays aux plus forts taux de surpoids, ces petites communautés en inscrivent 8, allant de 73,6 % pour Kiribati (en dixième position) à 94,5 % pour Nauru, sur la première marche du podium. Dans les trois pays francophones, les taux d’obésité et de surpoids sont également alarmants. En Nouvelle-Calédonie, 54 % des Calédoniens souffrent de surpoids et 27 % d’obésité. En Polynésie française, 70 % des plus de 18 ans sont en surcharge pondérale et 40 % souffrent d’obésité. A Wallis et Futuna, le taux de surpoids de la population totale est de 87,3%. Ces dysfonctionnements sont liés principalement aux changements de régime alimentaire (aujourd’hui basé sur des produits importés de piètre qualité nutritionnelle) et à un mode de vie de plus en plus sédentaire. Le constat établi est le même dans les trois collectivités francophones : la population méconnaît le rapport entre l’alimentation et la santé avec pour conséquence un comportement alimentaire détérioré. Les denrées alimentaires transformées à haute teneur en énergie, graisse, sucre et sel, largement disponibles, ont gagné en importance dans l’alimentation des îliens. Il en résulte une forte épidémie d’obésité et des maladies associées au niveau mondial, et particulièrement dans les pays insulaires du Pacifique. Ces maladies sont responsables de près de 60% des décès annuels et de 47% de la charge mondiale de morbidité. |
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