Pour autant, cette jeunesse en désespérance, n’est pas la majorité. Ceux qui au quotidien dans leurs études, dans leur cheminement professionnel s’accrochent se reconnaissent mal dans l’image qui est faite d’eux. Et cela peut se comprendre. C’est le point de départ de la réflexion qui mène au premier « Bik a Jénes » qui a eu lieu ce mercredi 24 juillet 2013. A l’appel , dans les médias, de figures connues de l’île : Misyé Sadik, Admiral T, Riddla, la jeunesse de Guadeloupe était rassemblée pour se dire, parler, proposer s’engager dans la vie de leur île. Le slogan de la manifestation était clair : « Vient prendre en main l'avenir de ton pays ! La jeunesse n'est pas une faiblesse mais une force!”. On ne peut plus explicite. La première édition fut un succès, réunissant parents, associations, professionnels de l’éducation, artistes et surtout premiers concernés : les jeunes.
Légitimement, on peut se demander qui était derrière cette initiative. Les moyens mis en œuvre sont conséquents : spots sur les médias, court-métrage, palais des sports du Gosier mis à contribution, navette sur l’ensemble du territoire. C’est le Kolektif Jénes Gwadloup qui est porteur du projet. Ce collectif est la réunion de plusieurs associations œuvrant au quotidien pour la jeunesse : FFE (Forum Futur Étudiant), l’AJEG (Association des Jeunes de Guadeloupe), le CVP (City Vybes Project) et bien d’autres encore. Le KJG se veut être une force en faisant l’union des jeunes en action. Les collectivités ne se sont pas faits priées pour apporter leur soutien. On se souvient que lors du dernier congrès des élus, la présidente de Région ; Josette Borel Lincertain avait du reconnaître que le volet concernant les jeunes dans le Projet Guadeloupéen de Société était vide. Les foules ne se sont pas déplacées à cette occasion (sur aucun des thèmes réellement d’ailleurs). Cette mobilisation qui venait des concernés était donc une aubaine pour recueillir la parole de cette population qui a du mal à se faire entendre et donc logiquement à être satisfaite par les collectivités.

Pour autant, le Kolektif Jénes Gwadloup est ferme : c’est une organisation totalement apolitique. Aucun élu, ou responsable politique n’était invité à prendre et n’a pris la parole lors de la manifestation. On doit néanmoins noter la présence de Cédric Cornet, conseiller régional, jeune de son état, déjà en campagne pour les prochaines municipales qui a tenté d’attirer l’attention en étant accompagné d’une vingtaine de jeunes portant un tee-shirt reprenant son nom et un slogan. Une intervention qui n’a heureusement pas perturbé le débat qui était somme toute très enrichissant. Les problématiques posées allaient de l’économie (Entreprenariat, Insertion, chômage des jeunes) en passant par les questions sur l’identité culturelle et même politique, sans oublier l’éducation et la transmission (Parentalité, scolarité, éducation populaire) et aussi la fraternité, la citoyenneté, le sport. Les propositions étaient attendues et les débats se sont clos à 21h (ils étaient ouverts depuis 14h).
Cette manifestation a pu s’il le fallait montrer qu’une jeunesse talentueuse était bien présente, ne demandant qu’à s’exprimer. Au delà des préjugés, beaucoup avait besoin de donner leur sentiment sur l’évolution générale de la société guadeloupéenne. Il est toujours possible de porter sa contribution sur les réseaux sociaux du Kolektif ou par mail : Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser..
La demande pour une deuxième manifestation de ce type se fait sentir, avec même une certaine pression. Beaucoup de thématiques sont réclamées, avec pourquoi pas des référents capables de porter des réponses : l’agriculture, la sécurité, la répression carcérale, la jeunesse dans la rue… Le Kolektif Jénes Gwadloup s’est lancé un défi de taille : porter et appuyer la voix de la jeunesse ; redorer le blason d’une jeunesse méprisée ou ignorée ; appeler les guadeloupéens à l’action.
Gageons que de cette initiative naisse ce qui manque depuis trop longtemps dans notre île : l’espoir. L’espoir et la confiance en une jeunesse qui fuie de manière dramatique vers l’occident, l’espoir dans une classe politique capable d’entendre les préconisations de la jeunesse, l’espoir d’une jeunesse dans son pays.






