Sauvegarde des chasses gardées
En 2009, L'Organisation professionnelle des gérants de stations-service avait obtenu, par décret, qu'aucune autorisation d'ouverture de nouvelle station ne soit délivrée. Aujourd’hui, le projet de décret du Ministre Lurel fait craindre aux gérants de stations-service une libéralisation du marché. Nous pourrions acquiescer si ce n’est que personne ne sait concrètement de quoi il est question. Une réunion s’est tenue à Paris sous la menace de blocage qui sont finalement mis à exécution… puis levé, le temps du passage des épreuves du BAC. Faut-il comprendre que le marché pétrolier ne peut souffrir de réforme ? Faut-il comprendre qu’étant donné qu’il est impossible de passer outre leurs réseaux, contraintes géographiques aidant, le gouvernement devra plier ?
Et le comble est encore d'arguer qu’il s’agit de la sauvegarde des emplois de pompiste, environ 1 millier, dont le maintien des salaires avait déjà fait l’objet d’une augmentation du prix de l’essence, il y a quelques années. Quelle corporation assurée du montant de ses revenus pourrait se permettre de refuser toute concurrence et toutes règlementations de son secteur ?
Permission d’empoisonner
Alors que l’INSERM publie le 13 juin 2013 un rapport alarmant sur la dangerosité des pesticides, la menace de l’épandage aérien pèse toujours sur les terres de Guadeloupe. Terres déjà empoisonnées à coup de dérogation par le Chlordécone, récemment encore une liste d’espèces marines devenues impropres à la consommation a été publiée. Et tout cela pour sauvegarder une culture moribonde. Le député Lurel devenu Ministre, évoque ou invoque (au choix) les emplois menacés qu’il estime à 20000 (directs et indirects), la préfète elle ne mentionne dans son communiqué que 1500 emplois directs. Ces employés menacés ne cachent pas que les quotats demandés par la France ne sont jamais remplis, que sans perfusions des subventions ne seraient pas rentables.
D’autres cultures existent mais « plus tard », « à moyen terme »… on en oublierait presque que les difficultés de la Banane remonte à loin et que la première épidémie de Cercosporiose dans la Caraïbe a eu lieu en 1996 à Cuba, qui depuis grâce à la recherche génétique en a oublié les fongicides.
En attendant le Groupement des Planteurs qui investit dans des affiches très voyantes à Paris, a le soutien de l’Etat qui oublie une fois passé l’Atlantique, le principe de précaution de sa population.
Des cadeaux fiscaux
C’est au tour des rhumiers d’entrer dans la danse et de parler directement à l’oreille des dirigeants. Cela fait longtemps que leurs doléances arrivent plus vite que celle des autres mais ce dernier épisode est épique. En 2012, leur régime fiscal a été modifié par la loi de financement de la sécurité sociale et la loi de finances rectificative. « L'aide de l'État est ainsi passée de 66 millions en 2011 à 111 millions en 2012. La mesure est entrée en vigueur au 1er janvier 2012, sans avoir été notifiée et acceptée par la DG concurrence. J'ai procédé à cette notification le 7 août 2012. » C’est le Ministre Lurel qui l’explique en commission du Sénat.
L’Europe ne voit pas d’un bon œil et on peut le comprendre ces largesses fiscales qui modifient le jeu de la concurrence. Et notre ministre précise « La Commission européenne nous reproche non seulement d'avoir mis en oeuvre un régime illégal, mais de surcompenser la filière sans justifier les coûts à due proportion. ». La période électorale pourrait expliquer la largesse de l’ancien gouvernement malgré tout perdant.
Il n’empêche que le lobby des rhumiers est en route. Et là encore, devinez quel est l’argument phare ? L’emploi ! Reste à savoir si ces planteurs qui pour certains (sous injonction des distilleries) coupent encore la canne de façon traditionnel (au coutelas) ont eu aussi profités des 45 millions supplémentaires versés l’an dernier.
Quand on se rappelle que les syndicats ont été reçus très fraichement pendant 20 minutes par le Ministre Lurel, que depuis 4 ans les agents de l’aéroport en particulier les sapeurs-pompiers sont en grève sans négociation avec la CCI de Pointe-à-Pitre, que les représentants du BTP ont du mal à faire face aux retards de paiement des collectivités, que les policiers réclament depuis tantôt les moyens d’accomplir leurs missions face à une délinquance croissante, quand tout va mal… ces schemas coloniaux qui se reproduisent sont difficilement acceptables.




