Société

jeudi, 06 juin 2013 04:00

Zone de Sécurité [ Non ] Prioritaire

 

Le 13 mai 2013, Christiane Taubira, Garde des Sceaux et Manuel Valls, Ministre de l’Intérieur était à Lyon pour dresser le bilan d’un des dispositif phare du quinquennat : les zones de sécurité prioritaires (ZSP).
 
Elles ont été créées en juillet 2012 avec pour objectif « d'apporter des réponses durables et concrètes aux territoires souffrant d'une insécurité quotidienne et d'une délinquance enracinée, ainsi qu'à ceux qui connaissent depuis quelques années une dégradation importante de leurs conditions de sécurité. Reposant sur la prise en compte des circonstances et des particularismes locaux, ce dispositif est instauré en fonction des besoins de sécurité exprimés par la population (http://www.interieur.gouv.fr/ZSP)».



Ces ZSP sont actuellement au nombre de 64. Les DOM ne sont pas en reste : en Martinique, Fort-de-France (Centre, Terres-Sainville, Sainte-Thérèse, Dillon) est déclarée ZSP, pour la Guyane c’est Cayenne, Matoury, Remire Montjoly et en Guadeloupe : la zone Pointe-à-Pitre, Abymes.

Selon le Ministre de l’Intérieur les résultats sont là. Mais dans nos territoires en particulier en Guadeloupe, il n’y a pas de quoi se féliciter. Il n’est point besoin d’être expert pour constater que la situation se dégrade et à vu d’œil : pas une seule semaine ne passe sans son lot de meurtres, de braquages, de violence gratuites. L’affaire Panol suivi du meurtre du jeune chanteur montrent bien que personne n’est à l’abri.

Un point de non retour a été atteint avec le braquage d’une bijouterie du centre-ville de Pointe-À-Pitre en plein jour, le braquage d’un centre commercial aux heures d’affluences et une banque de la zone industrielle aux heures de fermetures. Les forces de Police ont bien du mal à ramener un sentiment de sécurité dans la population.

La fébrilité est palpable. On oscille entre paniquer, fuir et « que pouvons-nous faire ? ». Des pétitions circulent pour l’ouverture d’états généraux de la jeunesse, des propositions de collectifs en tout genre. Certains n’ont pas manqué de remarquer que lors les évènements de 2009 (grève générale) la présence policière était beaucoup plus palpable. Parce que c’est là que le bât blesse. Ce que ne parvient pas à cacher l’enthousiasme du gouvernement c’est que les moyens ne sont pas là. Les effectifs manquent afin que les forces de l’ordre puissent remplir correctement leur mission et ce de façon encore plus cruelle dans ces périodes tourmentées. La ZSP de Guadeloupe est en réalité mal lotie, elle n’a de prioritaire que le nom.

Mais où l’incompréhension est totale, c’est face au silence des représentants politiques. Comme si ils étaient résignés face à cette situation. Comme s’ils n’étaient pas concernés. Comme s’ils étaient désemparés.

C’est finalement le mardi 4 juin 13, que Jacques Gillot Président du Conseil Général et Ary Chalus, Maire et Député, ont annoncé qu’ils interpelleront le gouvernement sur la question des moyens.

 L’éclairage de Christian Vainqueur du syndicat Unité SGP Police.
« Il faut savoir que la ZSP est ce que le gouvernement a trouvé pour remplacer les Zones dites difficiles. Dans ces zones reconnues au Journal Officiel, les fonctionnaires de police disposaient de régime spéciaux en termes d’avantage de carrière, financiers ou de moyens. Ce qui n’est pas le cas avec la ZSP. L’heure étant aux restrictions budgétaires, il n’y a pas les effectifs nécessaires. Nous faisons donc des opérations épisodiques avec les autres unités : Douanes, Gendarmerie, Police de l’Air et au Frontières…

Pour que la ZSP soit vraiment efficace, il nous faudrait 50 fonctionnaires de plus. Sur l’ensemble du territoire, il en faudrait 80 policiers de plus et pour des conditions de travail optimales 50 de plus en renfort.  Nous sommes en sous-effectif pour les patrouilles, la BAC, les services d’investigations.
Depuis  2009, les effectifs de Sécurité publique ont perdus 60 fonctionnaires en septembre 2013, nous en perdrons encore 20.

La multiplication des braquages n’est pas propre à la Guadeloupe, le territoire national est aussi touché par cette nouvelle forme de violence. Par contre, il faut les effectifs et les moyens pour endiguer cette violence rapidement. Il n’est pas normal qu’il n’y ait pas une patrouille à l’ouverture des commerces. Mais s’il n’y a qu’une seule patrouille, elle ne peut pas être en même temps à Pointe-à-Pitre et à Grand-Camp !

Certes, les maires de Pointe-à-Pitre et des Abymes sont montés au créneau pour réclamer des effectifs supplémentaires. Mais suite aux évènements récents, le silence des politiques est difficilement acceptable. Dans l’hexagone, pour moins que ça les élus montent au créneau, se positionnent ! Le Ministre de l’Intérieur est obligé de se déplacer mais là dans l’indifférence… »

Partenaires

CANGT NORD GRANDE TERRE
CAP EXCELLENCE

Derniers articles

Les + lus

Rejoignez-nous sur Facebook

Recevez les actus par email

Recevez par mail les dernières infos publiées sur OUTREMER LE MAG'

Rechercher