Pourtant l’évocation d’une demande des réparations de l’esclavage a vu des réactions vives et même une fin de non recevoir ferme de notre président, qui s’affirme tellement peu par ailleurs. Quand bien même c’est l’initiative du CRAN (Conseil Représentatif des Associations Noires) dont l’action du nouveau président est remise en cause, qui relance le débat , la virulente condamnation est surprenante. Si on peut faire un procès en opportunisme à cette association, pouvons-nous vraiment nous passer d’un fond de recherche sur l’esclavage ? Peut-on trouver juste que la France ne rembourse pas à Haïti sa dette ?
Le dernier versement d’Haïti remonte à 1947 ! C’est très récent. Et les conséquences de cette dette injuste sont visibles à l’œil nu pour le coup.
La proposition de la Garde des Sceaux, Christiane Taubira d’envisager les réparations par une politique foncière a elle aussi fait grand bruit. Mais ce sont les biens injustices nées de l’Histoire qui se poursuivent encore aujourd’hui.
Le CRAN n’est pas seul à monter au créneau, Jean-Jacob BICEP député européen s’est positionné, Patrick Chamoiseau invoquant un écosystème autour des réparations, le Mouvement International pour les Réparations a déjà intenté plusieurs actions juridiques en ce sens.
Les qualificatifs de mendiants, la prétendue trahison des ancêtres par des descendants avides de chèques, le procès de commerce de la mémoire et autres quolibets ne masquent pas la réalité. Ce ne serait pas une première, les réparations envers les indiens spoliés en Amérique ou les Juifs victimes de travail forcé le prouvent.
La France n’a pas digéré son histoire. Et nous savons tous que le fondement de la Nation est le partage d’une histoire et de valeurs communes, comment imaginer que l’Histoire de l’Esclavage ne concerne que les descendants d’esclaves ?
A l’instar de la « Truth and Reconciliation Commission » en Afrique du Sud mise en place à la fin de l’apartheid, une commission pourrait se pencher concrètement sur le sujet afin d’éviter tout fantasme : Qui ? Quoi ? Combien ? Comment ?
La France gagnerait à lever les tabous sur ses exactions passées, les reconnaître au lieu d’intimer le silence à ceux qui ne se contentent pas d’une cérémonie annuelle en plein air. Assumer et réparer ne font pas partie de ses traditions. Il a bien fallu attendre 2002 pour que la dépouille de la Vénus Noire. C’était il y a peine 10 ans. Les gouvernements en charge arguant que le corps faisait partie du patrimoine de la République allant à l’encontre de ses principes fondateurs.
En tant que descendante d’esclave, descendante de colon, descente probable de marrons, je ne vois pas comment peut-on plus longtemps se passer de ce débat.




