Cependant, je marche quand même, car je refuse de rester sur place ou de tomber. Je marche parce que je dois avancer pour rattraper le temps car ce dernier n’attend pas. Je marche parce que je dois arriver à destination, c’est-à-dire à la guérison de mon enfant et l’éradication de la drépanocytose, cette infâme  maladie génétique, cette bête sanguinaire qui  a confisqué  son corps.  Il est exact qu’à de certains moments,  je patauge, je titube, mais je  reste debout, stoïque devant l’inertie, l’immobilisme, voire la désinvolture de  ceux qui ont une once pouvoir, qui peuvent intervenir, mais qui ne font rien !

Pourtant malgré la colère qui m’a envahie depuis très longtemps, malgré toute la peine qui me monopolise le cœur saignant, malgré mes journées noires et mes nuits blanches, je n’en veux à personne, je n’ai pas de haine puisque la haine fait souffrir et mon corps souffrant déjà trop, n’a plus de place pour accueillir  ce genre de sentiment. Et puis je me dis qu’ils sont des ignorants et tant que cela ne leur arrivera pas, ils ne comprendront pas. Oui, l’ignorance est une belle balourdise!

Alors, je continuerai à croire même si beaucoup d’autres mamans perdent espoir, je continuerai à aimer même si beaucoup distillent la haine et le mépris. Je continuerai à construire même si certains détruisent. Je continuerai de parler de paix, même si certains font la guerre. Je continuerai d’illuminer même si d’autres entrainent dans l’obscurité. Je continuerai de semer, de produire pour récolter, même si les oiseaux picorent les graines. Je continuerai de crier même si certains se taisent. Je continuerai de marcher, même si ce n’est que pas à pas ! L’important c’est d’arriver à destination.

Qui a-t-il  de plus douloureux sur terre d’assister à la déchéance de sa progéniture voire même des autres enfants ?                                                      
L’obscurantisme m’a forgée dans ma détermination à œuvrer pour la santé des enfants. Je veux dessiner un sourire sur au moins  un visage en lames, les larmes d’une maman en souffrance.
Et paradoxalement à ce que je viens d’écrire, je continuerai à me battre, seulement mon combat c’est pour sauver des vies, mon combat est noble, mon combat c’est un cri d’amour et d’espoir, mon combat doit être le combat de tous !
Et puis me battre pour la santé de mon fils et des autres enfants drépanocytaires, m’a sauvé la vie !!!

Jenny Hippocrate Fixy