Sur trois litres d’eau potable envoyés dans le réseau de distribution par les usines de traitement, un seul arrive jusqu’au robinet des ménages. Sur trois stations d’épuration deux ne sont pas conformes. C’est une photographie de l’état des secteurs de l’eau et de l’assainissement en Guadeloupe qui donne une idée précise de la situation et du travail qui reste à accomplir pour satisfaire les besoins des consommateurs guadeloupéens et pour réduire l’impact des eaux usées sur l’environnement.
UN TRAVAIL COLLÉGIAL
Dominique Laban, directeur de l'Office de l'eau, a expliqué tout l'intérêt de ce travail d'information des usagers et des décideurs, réalisé en partenariat avec les autres institutions.
Ces chiffres — avec beaucoup d’autres — sont condensés dans un document de 63 pages qui a été présenté, mercredi matin, à l’espace régional du Raizet, en périphérie de Pointe-à-Pitre, par les institutions qui ont travaillé à son élaboration sous la direction de l’Office de l’eau Guadeloupe : l’Etat, la Région, le Département, l’Agence régionale de santé (ARS) et la Direction de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Deal). Tous ont mis à disposition leurs données pour sortir ce rapport accompagné d'un document de synthèse qui permet de savoir précisément où on en est, afin d’aller plus loin et plus vite dans la résolution de tous les problèmes d’eau et d’assainissement. Car le véritable objectif c’est cela : mettre fin aux tours d’eau, garantir une potabilité de l’eau qui ne souffre d’aucun doute, mettre de l’ordre dans la tarification, pour ne citer que les questions les plus préoccupantes.
EN TOUTE TRANSPARENCE
Les usagers présents à cette séance de présentation et d'explication — même si certains ont exprimé leur satisfaction de pouvoir disposer d’un tel outil de travail — n’ont pas manqué de montrer leurs inquiétudes sur tous ces sujets. En face, ils ont trouvé des cadres qui ont tenté de répondre au mieux à toutes leurs questions, en jouant la transparence. Ce rapport, malgré sa grande richesse, présente tout de même une grande faiblesse : ce sont des données datant de 2016. Ses initiateurs le reconnaissent et promettent de renouveler l’opération chaque année en ayant des chiffres plus actuels. La deuxième édition prévue dès 2020 devrait mettre en évidence des chiffres à n-1.
LES USAGERS VIGILANTS
Dans le public clairsemé, des usagers avaient pris place. Ils n'ont pas hésité à exprimer leurs préoccupations.
En attendant, les leaders des différents comités de l’eau, qui tenaient, dans le même temps, une conférence de presse, restent très vigilants. Ils annoncent l’organisation, dimanche, d’une journée de mobilisation autour de la problématique de l’eau et de l’assainissement au Jardin d’eau, à Goyave. Pas question pour eux de donner leur confiance et un blanc-seing aux autorités en charge de la gestion et de la distribution du liquide vital, tant qu’ils n’auront pas de l’eau régulièrement dans leur robinet, avec l’assurance d’être alertés immédiatement en cas de problème de pollution sur le réseau.
ZOOM
La quantité d'eau produite est suffisante
Les informations publiées dans ce document montrent que la ressource en eau existe. Le problème de pénurie vient de l’état des canalisations. La preuve : en 2016, 73,1 millions de m3 (Mm3) ont été envoyés dans les réseaux, mais seuls 26,4 Mm3 sont arrivés dans les foyers. Le reste (46,7 Mm3) est allé dans la nature, principalement sur des territoires où le nombre d’abonnés est le plus élevé, avec 46 % de pertes. Un programme de résorption complète des fuites passe par une connaissance parfaite des réseaux. Or, ce n’est pas le cas.
En matière de qualité, en 2017, le document indique que 98,7 % des analyses bactériologiques sont conformes. Sur cette même période, la turbidité reste également conforme à 95 % et le taux d’aluminium à 88,6 %. En 2017, trois restrictions de consommation d’eau (femmes enceintes et jeunes enfants) ont été prises car la limite de qualité de 0,10 ?g/l avait été dépassée pour la chlordécone.