Quand tout à coup, un coup de tonnerre déchira l’atmosphère. La sonnerie du téléphone ! Et pourquoi avait-elle résonné dans ma tête plus fort que d’habitude ?
Cette voix féminine au bout du fil venait d’anéantir ma vie ! Cette personne venait de me dire que mon enfant, mon bébé, le fruit de mes entrailles n’allait pas VIVRE ! Mon bébé allait mourir incessamment sous peu ! Que je n’avais pas beaucoup de temps pour le cajoler, le couvrir de bisous, de le voir grandir, jouir de la vie, être un adolescent, un adulte, qu’il ne fera jamais de moi une grand-mère !
Mais qu’avais-je fait pour être punie de la sorte, qu’avais-je fait pour que Dieu n’ait pas eu pitié de moi ? Dois-je en finir tout de suite, une bonne fois, et pour toutes ? Dois-je vivre avec cette épée de Damoclès qui était perchée sur ma tête et qui risquait de tomber et de ma la couper à n’importe quel moment ? Ce sont ces questions que je me suis posées dans un premier temps. Cependant il a fallu très vite passer aux bonnes questions : que dois-je faire pour faire changer les choses, que dois-je faire pour que mon enfant vive, que dois-je faire pour que cette maladie, la drépanocytose sorte de l’ombre, ne décime plus des familles, pour que ces voix au téléphone ne soient plus au téléphone, ne soient plus des porteuses de mauvaises nouvelles ? Que dois-je faire pour que mon bébé grandisse en paix ! Puis d’autres questions plus tard: que dois-je faire pour que TOUS LES ENFANTS MALADES ne souffrent plus, toutes les mères éplorés comme moi, ne pleurent plus, tous les pères qui prennent la poudre d’escampette soutiennent ces mères et que les familles restent unies pour être plus fortes. Et que dois-je faire pour avertir la population de l’émergence de cette maladie, des ravages qu’elle occasionne, du nombre de morts que certains pays ramassent à la pelle.
Voilà ! 22 ans ce sont écoulés et qu’ai-je vraiment fait ? Vous ai-je touchés ? Vous sentez-vous concernés ? Avez-vous eu un enfant malade, malgré toutes les campagnes de sensibilisation ? M’avez-vous entendue ? Avez- vous conscience que cela peut arriver à n’importe qui et que nul n’est à l’abri ? Réfléchissez-vous toujours pour savoir si vous devriez nous rejoindre dans le combat ?
De mon côté, j’ai fait tout ce que j’ai pu et je sais aussi que Dieu ne m’a pas punie ; il m’a nantie d’une mission que j’accepte et je ne regrette rien ! C’est comme ça et , telle la guerrière qui sait que son peuple est en danger, je me battrai même si je dois y laisser ma dernière goutte de sang, substance ô combien importante pour les drépanocytaires pour rester en vie. Oui ma vie est dédiée à ces personnes particulières qui souffrent non seulement de la maladie, mais aussi de l’injustice d’un monde aveugle et sourd.




