Politique

jeudi, 05 décembre 2013 16:47

Pointe -à-Pitre à la croisée des Chemins Spécial

Outremerlemag : Pointe à Pitre a changé et la ville s’est littéralement vidée de ses publics qui lui préfèrent désormais d’autres centres d’intérêts …

Jacques Bangou : Pointe-à-Pitre est une ville qui a un passé politique. Pointe-à-Pitre est la seule commune de Guadeloupe qui appartient à l’ensemble des Guadeloupéens. C’est un lieu de passage, c’est un lieu de passage obligé dans la vie de chaque guadeloupéen. Pratiquement, tout guadeloupéen à un moment donné de sa vie, réside à Pointe-à-Pitre. Soit il vient pour y travailler, soit il le traverse. C’est le lieu de rencontre qui fait le mieux l’identité de la Guadeloupe.

 

Bien qu’elle ne soit pas le chef-lieu, elle reste la capitale politique et presque la capitale administrative depuis les événements de la Soufrière. Même si il y a eu le développement de la Zone industrielle de Jarry, le rapport aux petits commerces et le lieu de rencontre de la population toute entière. Pointe-à-Pitre centre reste en première intention des lieux les plus visités des Guadeloupéens.

Outremerlemag : Quels sont vos projets  pour Pointe-à-Pitre ?

Les objectifs de la Municipalité que je conduis sont de différentes natures ;

D’abord 90% du territoire est aujourd’hui en chantier pour une transformation physique de la ville avec une requalification de tout le logement. Avec l’apparition de deux quartiers nouveaux qui n’existaient pas, il y a quelques années. Celui du « Stade Pierre Antonius » et, celui du « Darboussier ». Ces deux pôles aux deux extrémités de la ville au Sud-est, et Nord-Ouest, vont transformer les rapports que les différents quartiers ont entre eux, ainsi que les rapports de la ville avec l’extérieur.

Sur Darboussier en particulier, avec la construction du mémorial, le changement de l’axe de la rue Vatable, qui ne va plus passer par la rue Raspail. Cette rue va déboucher sur la rue Raspail en traversant le quartier de Darboussier en empiétant sur le bras de mer qui est derrière Dubouchage.

Sur ce quartier de Darboussier, nous aurons un complexe de cinémas et de conventions, un grand hôtel et du logement intermédiaire pour mieux appréhender la mixité sociale en tenant compte des logements sociaux existant à proximité.

On aura donc une transformation radicale des différents quartiers. Et, le tram va venir parachever tout cela, en rompant la traditionnelle opposition entre le centre ville isolé et une périphérie de plus en plus dense et difficile d’accès du fait des embouteillages et des problèmes de stationnement, en reliant tous les quartiers de « l’agglomération centre » avec le centre ville. .. 

 

Outremerlemag : Une ville nouvelle avec une politique commerciale nouvelle ?

S’agissant de la manière de vivre le rapport commercial avec le centre ville de Pointe à Pitre, je pense qu’il y a de nombreuses évolutions à venir. Nous sommes dans une discussion constante avec les commerçants afin de passer des pratiques qui étaient celles du milieu du siècle dernier, avec les horaires classiques comme les fermetures entre midi et deux, et à dix sept heures, fermetures le week-end, aux process plus actuels plus proches de nouvelles relations des populations avec leurs commerces et aussi plus proches des offres proposées en centres commerciaux. Pour cela, il faut l’adhésion naturelle et volontaire des commerçants. On ne peut pas leur imposer des choix stratégiques qui induisent un changement profond des habitudes. Notre rôle étant de les accompagner, en leur apportant le cadre nécessaire à ce changement de rythme, en terme d’éclairage, de sécurité, de transport.

Sur la question du transport, je vous ai exposé très largement notre projet de Tram, sur le stationnement, nous avons également en projet un vaste plan de stationnement en rénovation et sur la question de la sécurité, nous leur apportons des réponses avec le dispositif étatique ZSP

Sur l’éclairage nous venons de changer 3400 candélabres et moderniser tout le circuit de l’éclairage communal. Nous veillons à ce que la ville ne possède aucune zone d’ombre favorisant l’ insécurité.

 

Outremerlemag : A vous écouter la ville de Pointe à –Pitre serait la ville la plus sûre de France, hors ce que nous savons est que l’insécurité y est grande et que la densification s’étiole avec le changement des comportements et des mentalités ?

Jacques Bangou : Je ne prétends pas cela mais ce que vous décrivez n’est pas le sentiment des Pointois. Je vous confirme qu’il n’y a pas plus d’insécurité à Pointe-à-Pitre qu’ailleurs… C’est un regard extérieur que vous avez sur Pointe-à-Pitre. Vous avez le regard de ceux qui ont peur de la ville, ceux qui ont peur de l ‘évolution de la société, qui ont peur de voir les misères sociales qui sont apparues dans notre société. 

 

Outremerlemag : Ceux qui justement traversent Pointe-à-Pitre comme vous l’avez dit en début d’interview évitent le centre de ville , de peur de la violence et des agressions. Vous pensez donc qu’il n’y aucun danger de parcourir Pointe-à-Pitre à n’importe quelle heure du jour et de la nuit ?

Jacques Bangou : Sur la Guadeloupe , ce n’est pas à Pointe-à-Pitre que l’on dénombre le plus d’agressions

Le fait d’être importuné verbalement ou visuellement par un sdf ou un mendiant, est lié à la misère sociale

Je pense que ce sentiment insécurité est lié à l’évolution de la société...

On a pour nombre d’entre nous Guadeloupéens rétréci notre champ de vie entre villa et les centres commerciaux. Nous n’allons plus , ou moins, dans les lieux de vie qui sont dans les centres bourgs qui sont dans les places publiques.

 

Outremerlemag : Selon vous, Monsieur le Maire les nouveaux modes vies des guadeloupéens seraient responsables de la violence. Selon vous, Jacques Bangou l’absence de vie sociale ou sociétale d’un segment de la population permet à la violence de s’exercer… Donc les populations devraient, toujours selon vous, maire de Pointe-à-Pitre, fréquenter la ville même si elles ne s’y sentent pas en sécurité ?

Jacques Bangou : Je n’ai jamais dit ni même laissé entendre que les nouveaux modes de vie dans notre société sont les responsables de la violence. Je dis que le sentiment d’insécurité au-delà de la violence rélle est exacerbé par la perte du partage social dans les lieux de vie publics. Ce qui est tout autre chose. Je rappelle par ailleurs s’agissant des mesures sécuritaires prises que Pointe à-Pitre Abymes et Baie-Mahault font partie d’une zone de sécurité prioritaire dans laquelle des moyens exceptionnels sont mis en place depuis quelques mois. Et, d’ailleurs, sur cette zone, je pense au centre de Pointe-à-Pitre que je connais bien, le nombre de fait d’agression est en net recul… Maintenant ce dispositif ne résout par tous les problèmes d’insécurité. Ce ne sont là que les aspects préventifs et répressifs du phénomène de violence. Cela ne traite pas les causes qui ont conduit à cette situation. Les maux de la société sont ceux du chômage, sont ceux d’un mode de consommation, qui a été, axé sur le « consumérisme » 

 

Outremerlemag : Au regard du plan de rénovation que vous annoncez, au regard du programme culturel, de la sécurité etc., pensez-vous que vous provoquerez le retour des populations dans le centre de Pointe-à-Pitre ? Pensez-vous que vous densifierez Pointe –à-Pitre ? Parviendrez-vous à faire partager votre passion pour Pointe-a-Pitre en 2014 ?

Jacques Bangou : "Pointe-á-Pitre, j'en suis conscient, se doit d'assurer un statut de ville centre et de ville capitale et de constituer ainsi au cœur de l'agglomération centre, véritable métropole régionale, un cœur de vie qui dépasse simplement les préoccupations des seuls Pointois.

Je porte l'ambition de « ré-enchanter » la vie urbaine. Nous travaillons ainsi sur tous les outils de l'embellissement (éclairage, fresques, couleurs, équipements urbains etc. Nous avons entrepris la réhabilitation de tous les outils culturels, sportifs et événementiels et de les inscrire, pour partie, dans une dynamique intercommunale.

- 1) Le Centre des Arts sera de nouveau opérationnel mi-2016 avec sa grande salle de 1100 places aux normes les plus pointues pour des spectacles de tous types de l'opéra au zoulou et de la danse au théâtre.

- 2) La Renaissance sera rénovée au rythme des subventions obtenues avec la perspective d'être rendue à sa vocation culturelle à la même date (mi-2016). Le nouveau quartier de Darboussier verra à la mi-2015 l'ouverture du Mémorial Acte régional, passage obligé pour les Guadeloupéens comme pour les touristes. Il sera entouré un an après d'un hôtel de standing apportant des éléments de vie nocturne (restaurants, bars) et un centre de cinéma - centre de convention de 10 a 12 salles.

- 3) En attendant, les salles de Sonis, de G. Tarrer, R. Naissouta, la salle panoramique du centre d'échange, les bibliothèques, le musée municipal de Saint John Perse et le musée départemental V. Schœlcher ainsi que le Pavillon de la ville (ancien presbytère) restent les éléments moteurs actuels d'une politique culturelle riche et variée.

 

Le cap sera donc maintenu avec deux ambitions affichées :

- Une politique d'abord de proximité, de participation populaire, d'accès à la culture pour tous et pour illustrer cela j'évoquerai deux lieux de pratique culturelle intense mais peu connus du grand public: Chanzy au cœur de la résidence du même nom, et château Laugier dans l'ancien château d'eau réhabilité au fond Laugier.

- Et par ailleurs, une politique événementielle soutenue pour faire venir tous les Guadeloupéens dans la ville: festival de jazz « Ilojazz » dont la tête d’affiches est cette année Marcus Miller, de théâtre avec une dimension intercommunale, musiques urbaines, expositions, colloques, salon du livre .... L'objectif est d'avoir un événement majeur par mois et nous n'en sommes pas loin.

 

Concernant les loisirs et les sports :

- 1) La reconstruction du hall des sports devenu Hall Paul CHONCHON a déjà permis d'accueillir des événements sportifs majeurs et la population s'est immédiatement ré appropriée ce lieu culte, espace de retrouvailles pour toutes les familles guadeloupéennes.

- 2) Le stade Pierre Antonius, foot et athlétisme se construit entre Lauricisque et grand camp avec le premier terrain de compétition en synthétique en Guadeloupe et il va permettre de faire revenir intramuros nos équipes exilées depuis Hugo! La situation dans l'hyper centre de l'agglomération pour ce nouvel équipement à vocation à lui donner une dimension populaire et une fréquentation à dimension régionale.

- 3) La base de canoë kayak sur le front de mer de Lauricisque accueillera des équipes en préparation olympique avant Rio. Avec la reconstruction de l'école de voile cela renforce la dynamique de la ville au regard des grandes courses maritimes, mini transat cette année, route du rhum l'an prochain, tour de voile traditionnelle tous les ans.


Enfin il faut avoir dans l'esprit que ces projets s’inscrivent dans une politique de la ville plus générale avec la préparation des outils qui permettront de faire évoluer le commerce du centre ville (parking sur le port, plan Lumière, projet de tram, zone de sécurité prioritaire qui donne déjà des résultats spectaculaires en terme de sécurité sur la ville...) et la poursuite de la rénovation urbaine de la ville qui en transforme l'image.

Partenaires

CANGT NORD GRANDE TERRE
CAP EXCELLENCE

Derniers articles

Les + lus

Rejoignez-nous sur Facebook

Recevez les actus par email

Recevez par mail les dernières infos publiées sur OUTREMER LE MAG'

Rechercher