Politique

vendredi, 29 novembre 2013 07:53

Jacques Bangou : Une volonté politique affichée, une ambition mesurée Spécial

Jacques BANGOU Président de la Communauté d’Agglomération Maire de Pointe-à-Pitre, livre les contours d’un vaste et ambitieux  schéma de développement que porte la toute jeune communauté d’agglomération des communes centres de la Guadeloupe communément appelée « Cap excellence ».
En passant, Outremerlemag n’a pas pu s’empêcher de poser la question de l’évolution institutionnelle de la Guadeloupe au Docteur Jacques Bangou, devenu un homme politique « nouvelle génération ». Celle  qui compte sur l’échiquier guadeloupéen.  Une nouvelle posture ?  Celle d’un élu qui dit les choses clairement. Celle d’un élu qui a de l’ambition pour son pays.



Outremerlemag : Au fil des congrès des élus qui se sont tenus en Guadeloupe, les élus semblent montrer dans leur grande majorité leur indécision sur l ‘épineuse question de l’évolution institutionnelle de la Guadeloupe. Qu’en est –il ? Quel est votre choix ?

Jacques Bangou : Sur le constat que nous sommes en retard de décision oui, sur le regret que nous ne soyons pas plus actifs, et que nous ne nous  sommes pas encore prononcés vers une assemblée unique , oui  toujours d’accord je le regrette. Personnellement, je suis pour une assemblée unique  dont le contenu et les contours s’agissant  de la gouvernance et du contrôle de cette gouvernance  par le peuple. Ce type de gouvernance nous permet d’être plus en prise sur les décisions concernant le quotidien de la Guadeloupe et de son avenir.

Outremerlemag : Vous vous prononcez en faveur de l’assemblée unique, pourtant on a le sentiment  que les élus avaient opté pour le statuquo ?

Jacques Bangou : On ne peut pas dire que les élus, dans leur grande majorité ne se soient prononcés. Si on observe bien les différents congrès de ces dernières années,  les jeux politiques ont paralysé la décision politique et ont permis  que soit reportée cette question à maintes reprises. Depuis quatre ans, jamais les élus n’ont pu s’exprimer sur la question de l’évolution institutionnelle. C’est là le paradoxe, on dit que les élus dans leur grande majorité n’ont pas répondu à cette question, la réalité c’est que la question  a toujours été esquivée lors des différents congrès depuis plusieurs années.

Outremerlemag : Comment appréhendez-vous le développement  économique des communes membres de votre communauté d’agglomération quand on sait que Pointe à Pitre Abymes Gosier Baie-Mahault constituent l’axe majeur du développement de l’ensemble du territoire  la Guadeloupe ?

Jacques Bangou : L’agglomération de Cap Excellence est Pointe –à-Pitre –Abymes- Baie-Mahault. Vous n’êtes pas sans savoir que pour l’intégration de la commune de Baie-Mahault, le Maire et les élus de Baie-Mahault contestent le périmètre définit par l’Etat. Nous attendons sereinement que ce litige soit tranché entre l’Etat et la commune de Baie-Mahault. Il est vrai que cette communauté d’agglo sera plus pertinente avec la commune de cette commune. Mais dans un cas, comme dans l’autre la communauté d’agglomération centre, est l’outil essentiel pour projeter « une métropole caraïbéenne » à forte capacité de développement et de représentation dans l’aire géographique de la Caraïbe.



Outremerlemag : Vous avez opté pour une meilleure organisation dans des transports sur le territoire communautaire,  avec un Tram comme élément central de cette nouvelle organisation.  Est-ce un projet réalisable et  est-ce un projet réaliste ?

Jacques Bangou : Premièrement, oui, notre projet est réaliste. C’est un projet qui a été retenu par la commission des Transports,  qui est l’autorité des transports en France, comme l’un des quatre meilleurs projets présentés dans le cadre de l’appel à projet du Gouvernement. Sur le plan technique, c’est un projet qui garde tout sens. Ce projet est le fruit de 2 ans de travail de la communauté d’agglomération.
La deuxième chose, c’est un projet structurant. Cela paraît tellement énorme comme ambition, avec un impact tel sur la réorganisation du pôle urbain du centre de la Guadeloupe, que cela suscite  certaines interrogations. Ce n’est pas parce  que certaines personnes s’interrogent  qu’il faut croire que nos ambitions seraient irréalisables.
Il y aura donc trois étapes pour se Tram.
Une première étape de mise en place d’une portion de la ligne centre  en 2019 c’est à dire dans six ans.
En 2023, c’est à dire quatre ans après, il y aura  le deuxième tronçon de la partie centre. Dans les années qui suivront, en fonction de la capacité ou  non de mettre rapidement un autre pont sur la rivière salée. Avec l’extension vers Jarry d’une part, et le centre de Baie-Mahault  d’un côté  et vers le Gosier de l’autre, cette extension se fera. Il y aura à terme deux trames qui vont s’entrecroiser sur Abymes et Pointe-à-Pitre et deux lignes qui vont relier les quatre communes centres. C’est ce qui va dessiner  la Guadeloupe de demain,  sur ce noyau central que l’ensemble de l’organisation des transports va se faire, avec des répercussions sur l’ensemble du territoire de la Guadeloupe.

Outremerlemag : Ce grand projet de « Tram » va selon vous porter le développement économique du territoire communautaire ?

Jacques Bangou : Oui, absolument, mais ce n’est pas simplement cela, ce grand chantier apportera un nouveau souffle à l’économie liée à la construction, ce sont donc 205 M€ pour la première tranche, 100M€ supplémentaire, et pour la troisième, l’évaluation n’est pas encore faite… Donc de toutes les façons  ce sont des centaines de milliers d’euros qui sont éjectés dans l’économie de la Guadeloupe, c’est surtout  de nouveaux  métiers qui vont être créés, une participation des pouvoirs publics.

Par ailleurs, il faut comprendre qu’en désenclavant les quartiers résidentiels, on va tourner le dos à tout ce qui a fait le développement du logement sur la Guadeloupe durant le siècle passé. A savoir le passage de la ruralité à  une urbanité subie. Tout le schéma d’alors qui comprenait  une extension urbaine avec la création de quartiers dortoirs, Grand-camp, la première rénovation de Pointe-à-Pitre, le Raizet…
Ce développement induisait une extension vers un mitage du territoire qui transformait des terrains agricoles en zones résidentielles avec une multiplication de zones résidentielles. Ce schéma a abouti aujourd’hui, à une quasi paralysie de la circulation des personnes. On va donc tourner le dos à ce schéma pour pouvoir structurer les zones de grandes densités urbaines. Nous souhaitons, que les quartiers qui sont aujourd’hui complétement isolés, s’il n’y a pas la voiture, s’il  n’y a pas de modes de déplacements, soient reconnectés aux différents bassins de vie. Nous travaillons à ce que les usagers retrouvent une facilité de circulation qui leur permette d’aller de leurs lieux de travail vers des lieux de résidences, vers des lieux d’activités culturelles et sportives. Notre objectif est de faire en sorte de réduire la fracture sociale et d’amoindrir l’isolement des personnes en situation économiques difficiles.
 
Outremerlemag : Quels sont les autres projets de la Communauté d’agglomération d’ici à 2050 ?

Jacques Bangou : Je ne peux parler que d’une qu’une partie de ces grands projets aujourd’hui, parce que  les projets viendront  se rajouter au fur et à mesure que les communes se mettront d’accord  pour transférer leurs compétences. Pour le moment, sur la base des compétences déjà transférées, nous avons les grands projets structurants sur la question des réseaux.  Nous avons abordé toute à l’heure  la thématique des transports mais nous sommes également actifs sur les réseaux de l’eau. « On n'y pense pas dans le quotidien, parce que nous trouvons tout à fait normal, d’ouvrir son robinet et d’y trouver de l’eau »… Mais la principale usine de production c’est l’usine de Miquel. Si celle-ci se trouvait inopérationnelle à la suite d’un tremble de terre, par exemple , c’est un tiers de la Guadeloupe qui serait privé d’eau.

Nous sommes donc sur le dédoublement de cette usine, nous sommes également sur le doublement voir le triplement de l’usine de traitement d’eaux usées qui se trouve à la Pointe à Done à Baie-Mahault. Actuellement, pour la plus grande, les appels d’offres sont en cours pour faire la plus grande usine de traitement d’eaux usées non seulement de la Guadeloupe, mais probablement  des Antilles. Nous avons des travaux de reprise de l’ensemble canalisations d’eau potable et d’eaux usées de l’ensemble du territoire de l’agglomération et une programmation de forage pour pouvoir exploiter des ressources en eaux souterraines  dans la Grande Terre et ne pas se contenter de l’eau de surface qui va être captées sur la Basse-Terre. 

Donc ,sur  cette structuration des équipements, c’est un  vrai  travail de fond parce que  c’est ce qui permet aux générations à venir d’avoir l’assurance que soit organisé leur territoire. Ce qui les rassure car là où elles vont vivre nous leur garantissons  un meilleur cadre de vie.

S’agissant du domaine de la culture les projets immédiats sont ceux de la restructuration du Centre des arts, qui a commencé ces jours-ci et qui se termineront dans trois ans et celle Sonis qui va se terminer un peu plus tôt. Il faut noter aussi la  reprise de la « Renaissance » pour refaire une zone d’activités culturelles. C’est également le développement  d’axes sportifs sur la base de  l’exemple que nous avons déjà avec notre club canoé-kayak qui fonctionne très bien.
On a un réseau extrêmement actif, celui-ci montera en puissance avec les transferts de compétences des communes membres. Nous pourrons mettre en œuvre les schémas de développement économiques pertinents et cohérents  qui sont le cœur et la raison d’être de la communauté d’agglomération.

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