La première catégorie touchée, ce sont les familles. Souvenez vous, avec Hollande nous devions bénéficier d’une plus grande solidarité nationale dans le domaine économique avec une loi de programmation déclinée dans chaque région d’outre mer, pour lutter contre le chômage et la vie chère. En guise de réponse, nous avons hérité d’une loi de régulation de la vie économique, formule publicitaire qui n’est en réalité qu’une loi de façade pour justifier de vastes opérations de communications et divers slogans tels « le bouclier qualité prix » destinés à faire croire aux familles que l’on apporte une réponse à la vie chère.
Il ne faut pas se faire d’illusion, la loi contre la vie chère est un véritable gadget, « un pansement sur une jambe de bois ». D’abord pour bénéficier de quelques euros sur un chariot il faut dépenser près de 400 euros. Quand on vit avec le RSA et les minima sociaux peut on débourser en une fois une telle somme et profiter de cette mesure ? La réponse c’est non. De plus, dans cette liste de produits réglementés, on trouve une proportion importante de produits gras (porc avec couenne charcuterie) et de produits trop sucrés (boissons sucrées, sirop de grenadine) au lieu de jus 100% fruit qui vont à l’encontre des recommandations du programme national de santé nutrition. Or, selon les nutritionnistes, il aurait fallu baisser les prix des denrées les moins grasses et les moins sucrées avec l’introduction de fruits et légumes frais en nombre plus important.
En construisant la liste par rapport aux produits les plus consommés sans se soucier suffisamment de la qualité, on pousse, au contraire, les gens vers des produits qui sont maintenant moins chers alors qu’ils ne sont pas forcément indiqués sur le plan de santé ; ce qui montre à l’évidence le peu de considération que l’on porte à l’efficacité et à la cohérence de l’intervention publique. L’essentiel est de marquer les esprits avec des slogans faciles à retenir pour occuper l’espace médiatique et faire croire qu’on agit alors qu’on s’agite en manipulant l’opinion.
C’est très facile maintenant de présenter un bilan après 6 mois qui parle d’engouement pour les produits du « bouclier qualité prix » et d’économie réalisée par les ménages lorsqu’on se garde d’indiquer les coûts supplémentaires liés à l’augmentation des autres biens de consommation. Les prix de l’alimentation sont en hausse depuis le début de l’année de + 2,7% (source IEDOM). Une fois de plus, au lieu de s’attaquer aux causes de l’augmentation des prix qui demande une intervention dans la durée sur différents secteurs de l’économie, on préfère mener une politique « en trompe l’œil » pour tenter de récolter électoralement un bénéfice personnel.
Le monde économique est en attente et en alerte….Poudre aux yeux que de tenter de faire croire, pendant des mois, que le crédit impôt compétitivité emploi CICE, véritable usine à gaz, pouvait remplacer la défiscalisation. Heureusement une lueur de lucidité a traversé l’esprit du gouvernement, avec la proposition d’une expérimentation du CICE uniquement pour les grandes entreprises ayant un chiffre d’affaires de 20 millions d’euros. Il était évident que les PME ne pouvaient pas avancer la trésorerie qu’impose le crédit d’impôts. Des mois de discussions, une année perdue en palabres pour aboutir un résultat mitigé et une situation anxiogène pour les milieux économiques car il faudra attendre, de toute évidence, la décision du parlement lors du vote de la loi de finances 20214. De plus, rien ne plaide en faveur d’une confiance à ce gouvernement qui nous a habitués à ses contradictions sans scrupules qui s’apparentent souvent à de gros mensonges comme par exemple celui sur la pause fiscale annoncée par le chef de l’Etat pour 2014 et repoussée ensuite par le Premier ministre. Le parlement aura t-il à cœur de respecter l’engagement du candidat Hollande de maintenir la défiscalisation. Personne n’en est vraiment sûr. La bataille ne fait que commencer
Autre sujet d’inquiétude pour les milieux économiques : le gouvernement a annoncé le recentrage des exonérations des charges sociales alors que les effets positifs sont évidents notamment pour le tourisme qui, grâce à la Zone Franche Globale d’Activité (ZFGA) a pu résister aux conséquences de la crise de 2008 et 2009. Le gouvernement, sans le dire clairement, ne cesse de s’en prendre aux acteurs économiques qui ne sont pas nombreux à vouloir investir dans nos régions. 320 millions d’économies sur le dos de l’outre mer en préparation! Sans compter la hausse de 0,15 point des cotisations de retraites des employeurs dès l’année prochaine et le financement de la pénibilité dans le cadre de la réforme des retraites.
Or on doit tout faire pour créer des emplois afin de sortir nos compatriotes du chômage et de l’exclusion. Les quelques emplois d’avenir, même s’ils sont nécessaires au nom du traitement social du chômage, ne régleront pas durablement le sujet de la précarité et de la pauvreté. Il faut permettre à nos entreprises de créer des emplois.
Si on peut comprendre la politique de redressement des comptes publics qui oblige à se poser la question de l’efficacité des interventions publiques, elle ne doit pas se traduire par la remise en cause du principe des dispositifs spécifiques pour l’outre mer que nous avons mis tant d’années à faire admettre par l’Etat et l’Europe.
Ce choix défendu par Bercy depuis des années, l’équipe précédente ne l’a pas franchi. L’instauration du CICE est une brèche dans la défiscalisation qui montre que l’actuel gouvernement est prêt à franchir cette ligne rouge. Nous donnons une formidable occasion à tous ceux qui s’interrogent en métropole sur le bien fondé de la place des outre mer, de revenir sur les mesures dérogatoires dans d’autres domaines.
Force est de constater que notre famille politique a su « booster » la croissance avec les lois de défiscalisation et contenir le chômage en particulier dans les années 90 et que les socialistes sont entrain de préparer une fin progressive de la défiscalisation et la mort de l’économie guadeloupéenne.
Retour en arrière également concernant de nombreux projets reconnus par les guadeloupéens eux mêmes structurants et porteurs de développement pour notre région lors des Etats généraux de l’outre mer comme par exemple le pôle d’excellence en matière de géothermie à Bouillante dans le cadre d’une coopération avec la Dominique et la Martinique. Ce projet a été abandonné par EDF sans que l’Elysée et Matignon ne demandent des comptes. On pourrait citer la desserte aérienne au départ de Roissy voulue par les professionnels du tourisme à cor et à cri, et qui a été fermée sans que cela mobilise les pouvoirs publics
Poudre aux yeux dans le dossier des carburants par rapport aux positions prises lors de la crise de 2009. A croire les communiqués et les déclarations de l’époque, il suffisait de prendre dans les 13 milliards de bénéfice de Total pour alléger la facture des guadeloupéens. Plus d’un an après, toujours pas de nouveau décret ; ce qui peut se comprendre puisque le Premier ministre a annoncé lui même que ce n’était pas une priorité du gouvernement et qu’il fallait savoir se donner du temps sur un sujet aussi complexe ; déjugeant au passage, ouvertement, son ministre des outre mer qui avait déjà annoncé une publication en Juillet !
Sur ce dossier, le précédent gouvernement a tenu un discours de vérités et permis, tout en préservant les emplois, de garantir des prix comparables voir plus bas que la métropole. Où est le problème sur la cherté de la vie ? Le problème est celui du transport et des déplacements des guadeloupéens et ce n’est pas le nouveau système d’information des routes de Guadeloupe TrafiKéra qui a couté 16 millions au contribuable qui réduira son budget transport (carburant, assurance, entretien de véhicules) en fin de mois !
Poudre aux yeux quand Hollande promettait une loi d’orientation et de modernisation agricole et une loi de programmation du logement pour l’outre mer. Nous aurons au mieux un volet dans la « loi d’avenir agricole » en cours de préparation par le ministre de l’agriculture Stéphane le FOLL sans vision sur l’avenir de notre agriculture et pour le logement, le texte de Cécile DUFLO vise à rétablir, le Scellier Outre mer qui avait été supprimé par la loi de finance 2012, en le rendant moins avantageux au niveau du plafond de réduction de l’impôt et de la durée d’amortissement.
Le dispositif Duflot outre mer risque, en effet, d’être encore moins utilisé avec la baisse de TVA décidée au niveau national qui rendra plus attractif les programmes de logements réalisés en métropole. De plus, il est à craindre que la limitation des opérations réalisée en VEFA (vente en état futur d’achèvement), ajoutée aux nouvelles dispositions de la loi DUFLOT risque de freiner encore davantage la construction de logements en Guadeloupe alors que la LODEOM avait permis de doubler le nombre de logements construits en Outre mer. Une fois de plus, on assiste à un retour en arrière alors que les besoins demeurent tellement importants dans le domaine du logement.
Poudre aux yeux au niveau la répartition des dotations de l’Etat. Le candidat Hollande écrivait dans son 22eme engagement pour l’outre mer qu’il « veillerai à ce que les dotations de l’Etat aux collectivités locales tiennent compte plus rapidement des évolutions démographiques ». La réponse nous la connaissons : le fonds exceptionnel de soutien aux départements en difficulté de 170M€ n’a rien apporter de significatif à la Guadeloupe en comparaison avec les 12 M€ reçus par la Corrèze pour faire face à ses difficultés. Ce n’était donc pas la peine de prôner un « véritable développement solidaire » en faisant croire que les guadeloupéens étaient injustement considérés comme « des assistés » pour les traiter ensuite de « français de seconde zone». Les chiffres sont là et les actes ne trompent pas. Le changement voulu par 72 % des guadeloupéens se traduit par une politique de l’ignorance !
Abandon de la Guadeloupe qui est le grand oublié de la république en matière de sécurité. Un silence assourdissant alors que depuis le début de l’année la Guadeloupe enregistre le plus fort taux de criminalité de France ! Tous les guadeloupéens que nous sommes, sont de plus en plus inquiets de cette situation ; ce d’autant que nous avons le sentiment qu’il y a deux poids deux mesures dans la recherche de solution par rapport à d’autres régions de France. On n’hésite pas, pour Marseille, à parler de « pacte national » alors que chez nous on préconise de « rendre les armes » comme si les délinquants allaient répondre à cet appel. Il faut espérer que le ministre de l’intérieur Manuel Valls dont la visite aurait pu intervenir plus rapidement annoncera des mesures efficaces comme il a su le faire pour fermer définitivement un camp de ROMS à Lille. Ceux qui hier disaient que la sécurité était uniquement l’affaire de l Etat, sont bien obligés de reconnaître que cela doit interpeller tous les citoyens que nous sommes. Il fallait y penser plus tôt lorsque l’ancienne majorité proposait de renforcer les dispositifs découlant de la création des comités locaux de prévention de la délinquance. La gauche n’a pas contribué à renforcer ce partenariat pour des considérations idéologiques et au motif qu’il émanait d un ministre de l’intérieur devenu par la suite Président de la république ! On paie, sans doute en Guadeloupe dix ans de retard, par cette position d’opposant alors que l’intérêt général aurait dû conduire tous les acteurs publics a participé au renforcement de la collaboration indispensable entre les forces de police, de gendarmerie, de la justice, des services sociaux de l’éducation nationale et des municipalités pour traiter les phénomènes de délinquance.
Tout ceci est bien triste pour la Guadeloupe qui n’a jamais été autant abandonné par les pouvoirs publics nationaux. Les gouvernements précédents n’ont, certes, pas réglé tous les maux qui frappent notre région. Mais force est de reconnaître qu’ils ont tenté de relancer les moteurs de l’économie pour favoriser l’emploi en posant les vraies questions autour du développement avec les mesures du Conseil interministériel de l’outre mer du 6 novembre 2010. La gauche au pouvoir reste malheureusement enfermée dans ses principes idéologiques et ses relations ambiguës et compliquées avec le monde économique. N’oublions jamais cette phrase du candidat Hollande qui dit long sur l’état d’esprit des socialistes. « Mon véritable adversaire … c’est le monde de la finance ».
Alors pour nous guadeloupéens, après les discours de campagne qui visaient à « réenchanter le rêve guadeloupéen », la réalité :
-c’est le retour au traitement social de l’emploi uniquement pour acheter la paix sociale, sans perspectives économiques de développement,
- c’est plus d’impôts au nom de la répartition des richesses mais aussi par méfiance de ceux qui réussissent et qui investissent dans une société,
-c’est plus d’insécurité par refus de mettre en place des mesures efficaces au nom des libertés individuelles. Espérons qu’un jour nous saurons sortir de tous ces dogmatismes et que nous saurons faire preuve de plus de réalisme.




