Outremerlemag :Comment appréciez-vous la lutte contre la violence en Guadeloupe ?
MLP : Depuis plusieurs mois la Guadeloupe est le théâtre d'actes de violences qui inquiètent de plus en plus la population. Les agressions sont quotidiennes et le mode opératoire des délinquants qui n'hésitent pas à utiliser les armes et à intervenir en plein jour dans les lieux publics démontrent la gravité la situation. On sait que les armes circulent en Guadeloupe. Vous avez raison de souligner que Jacques Gillot (NDLR, le Président du Conseil Général) vient d'interpeller la Garde des Sceaux à ce sujet, mais il faut savoir que la réforme pénale qui est en cours de préparation est un signal d'impunité adressé à tous ceux qui sont tentés par la délinquance comme moyen d'avoir de l'argent facilement.
Déjà qu'on n'arrive pas à faire appliquer les peines en Guadeloupe, la contrainte volontaire qui est en réalité une peine de probation voulue par le gouvernement signifie pour la Guadeloupe que les délinquants pourront continuer à agir car nous savons pertinemment que les moyens ne seront pas suffisants pour accompagner la mise en œuvre de cette mesure. Beaucoup ne seront jamais emprisonnés. Voilà la réalité de ce fait, je considère que le gouvernement n'est pas à la hauteur des enjeux en matière de sécurité.
La Guadeloupe est abandonnée par le parti socialiste qui, en matière de sécurité reste enfermé sur des questions idéologiques. Je n'entends plus les responsables locaux s'exprimer publiquement sur ce sujet qui est entrain d'être banalisé comme celui du chômage ; alors que les guadeloupéens ont peur, n'osent plus sortir. C'est pourquoi je veux tirer la sonnette d'alarme pour dire très fortement que l'on doit agir ! Tous nos efforts doivent être concentrés sur ce problème devenu le problème numéro un en Guadeloupe.
Outremerlemag : Que faire alors ? Le Premier Ministre, de passage aux Antilles en juin a annoncé l'arrivée de nouveaux moyens. En faut-il plus ? Faut-il qu'un Congrès des élus se réunisse à nouveau sur cette question ?
MLP : Il faut agir vite, et se donner les moyens d'empêcher de tels agissements. Il n'est pas normal qu'on laisse des voyous s'en prendre aux personnes quotidiennement. Ils s'attaquent aux plus vénérables, et défient les autorités publiques en rentrant dans un commissariat de police par exemple. Quand j'étais Ministre délégué auprès du Ministre de l'Intérieur, j'étais soutenue, et nous n'hésitions pas envoyer, si nécessaire sur place à l'époque, des escadrons de gendarmerie supplémentaires en fonction de la situation. Cela permettait d'avoir des professionnels pour venir en soutien aux équipes locales. Il y a un problème de moyens et de répartition des effectifs. On voit bien qu'il ne suffit pas d'avoir un Ministère de plein exercice pour les outremers, ou une zone priorité de sécurité (ZPS) pour régler cette situation désastreuse. Les paroles et les mots ne remplacent pas les actes. Les décisions doivent être prises. Il faut une volonté politique, c’est ce qui manque à ce gouvernement. Celui-ci n'assume pas ses responsabilités en la matière, tiraillé entre ses convictions idéologiques et la réalité de tous les jours qui commande d'agir. Il faut que le Ministre de l'Intérieur assure la sécurité de tous les français, qu’il prenne au sérieux le dossier guadeloupéen. Il ne s'agit pas seulement de régler le problème de Marseille, de la Seine Saint-Denis, il faut aussi régler le problème de la Guadeloupe.
Voilà le message que je veux faire passer.




