Comment une telle résolution a-t-elle pu voir le jour ?
La Polynésie est un territoire non autonome au sens de la Charte des Nations Unies, un territoire « dont les populations n'ont pas encore exercé leur droit à l'autodétermination». L’autodétermination se décidait par voie référendaire. Ces pays sont observés par le comité spécial chargé de la décolonisation, le C24.
C’est en 1961 que l'Assemblée générale des Nations Unies a créé ce Comité spécial chargé de favoriser les décolonisations. Il encourage, même si cela reste confidentiel à la grande majorité des citoyens, « les aspirations des peuples dépendants, en fixant des buts et des normes pour hâter leur accession à l'indépendance».
http://www.un.org/french/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/1514(XV)

Aujourd’hui, pour l’ONU, il reste 16 territoires « non autonomes ». Sur les seize territoires non autonomes, dix sont sous administration du Royaume-Uni, trois des Etats-Unis, deux de la France et un de la Nouvelle-Zélande (voir encadré). Le représentant des Îles Salomon a rappelé que la Polynésie française avait été inscrite en 1946 sur la liste des Nations Unies, en même temps que la Nouvelle-Calédonie, mais en avait « curieusement » disparu en 1963, et ce, sans l’aval de l’Assemblée générale. Vendredi, alors que le représentant de l’Argentine saluait le retour de la Polynésie française sur la liste, l 'Allemagne et les Pays-Bas, se sont "démarqués du consensus" pour dire leur désapprobation, faisant valoir la défaite des indépendantistes aux élections territoriales.

Qui l’a portée ?
La résolution concernant la demande de décolonisation de la Polynésie a été mise sur la table par les pays du Forum du Pacifique, pour lesquels pèsent « la dette nucléaire » française, et surtout par les petites îles : Tuvalu, Iles Salomon, Nauru, qui tentent de se faire entendre dans le concert des grandes nations, notamment dans le cadre des négociations sur le climat, puisque ces îles font toutes parties du groupe OASIS, qui réclame de l’aide contre les conséquences du réchauffement climatique et de la montée des eaux.
La demande a été préparée par ce groupe en pleine période électorale polynésienne, portée par un intense lobbying du Sénateur (PS) Richard Tuheiava et du président indépendantiste de la Polynésie française, Oscar Temaru. Mais elle est arrivée sur la table au lendemain d’une élection qui, démocratiquement, renvoyait Oscar Temaru, et reconnaissait Gaston Flosse, autonomiste, comme légitime. Résultats d’élections qui ont permis à Paris de s’étonner d’ « une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens ». A la différence de l’indépendance, l’autonomie permet à Paris de garder ses prérogatives régaliennes de sécurité, mais surtout de relations internationales. Prérogatives extrêmement importantes en cette période de négociations de conventions internationales sur le droit de la mer.
Certes, l’élection de Gaston Flosse a provoqué un grand étonnement en métropole car le personnage reste fortement contesté. Mais, c’est faire abstraction du pouvoir de l’état d’esprit et de la culture de clan qui règnent en Polynésie, et qui fait de Gaston Flosse un totem protecteur, que nous aurions vite fait ici de baptiser de parrain.
Le Quai d’Orsay respectueux de cette élection a donc renvoyé l’ONU à son ingérence, estimant que la proposition allait à l’encontre des populations concernées.
Que va t-il se passer ?
En Juin 2013, une prochaine session du Comité des 24 remettra cette question à l’ordre du jour et le Gouvernement français « en sa qualité de « Puissance administrante », se retrouve dans l’obligation « de communiquer des renseignements sur la Polynésie française ». Cette session sera précédée d’un séminaire régional du Comité spécial régional Caraïbes de la décolonisation qui se tiendra à Quito (Equateur) du 28 au 30 Mai.
En principe, cette résolution ouvre la voie à « la mise en place d'un processus équitable et effectif d'autodétermination », et un référendum d’autodétermination, les élections territoriales n’étant pas assimilées à la pratique référendaire. Mais en pratique, plusieurs des gouvernements concernés ne respectent pas ces règles
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Depuis sa création en 1945, l'ONU a accueilli parmi ses membres plus de 80 nations qui se sont affranchies de la domination coloniale ou d'accords de tutelle et sont devenues des États souverains et indépendants. L'ONU a joué un rôle crucial dans cette évolution historique en encourageant les aspirations des peuples dépendants et en fixant des buts et des normes pour hâter leur accession à l'indépendance. |




