L’actualité récente avec l’affaire Cahuzac me confirme dans les valeurs que j’ai toujours considérées comme essentielles pour s’engager en politique : La probité, la sincérité et la loyauté même si elles n’ont pas toujours permis à ceux qui se sont appliqués ces règles de réussir en politique. En ce qui me concerne, j’en ai fait le serment lors de la présentation de ma candidature aux dernières élections législatives devant les guadeloupéens et je ne changerai pas sur ce point. Je préfère perdre des élections plutôt que de me faire élire sur le mensonge. Je suis convaincue que l’évolution des mentalités qui se traduit par une exigence très forte de moralisation de la vie politique conduira les électeurs à faire le choix des élus qui n’utiliseront plus le mensonge, les fausses promesses pour se faire élire et qui sauront exercer leur fonction avec plus d’humilité et de modestie. C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité appelé Le club de réflexion que j’ai crée en 2011 « génération vérités » pour amorcer un véritable changement dans la manière de faire de la politique.
Par ailleurs, en tant que femme politique soucieuse de préserver notre modèle de démocratie, je crois que l’on doit tout faire pour préserver les valeurs de liberté d’expression ainsi que celles qui assurent plus d’équité et de justice. La période de crise dans laquelle nous vivons, nous invite à être extrêmement vigilants contre toute atteinte à ces valeurs fondamentales dans la conduite des politiques publiques si nous voulons que les efforts demandés à une population soient acceptés par tous .
2. Quelle est votre approche sur la notion des privilèges ?
La notion des privilèges renvoie pour moi, à la différenciation entre les classes sociales et les individus donnant à certain un statut préférentiel qui ne serait pas accessible à tous. C’est pourquoi, même si ce terme existe en droit, je préfère utiliser le terme avantage qui montre que certaines situations peuvent être plus favorables que d’autres mais restent à la portée de chaque citoyen; ce d’autant que la République doit pouvoir offrir à chacun la même égalité de chances.
3. Certains disent que ce retour au pays natal est une posture pour prendre la Mairie de Basse Terre en 2014 ?
Vous ne pourrez jamais empêcher vos détracteurs de mettre en avant des considérations strictement électoralistes. Comme tous les guadeloupéens qui ont quitté leur île natale, l’amour du pays demeure toujours plus fort et vous amène à faire ce retour. Je ne suis pas la première, je ne serai pas la dernière. Quoi de plus normal que de se mettre au service de son département d’origine ! C’est le sens de mon engagement politique. Je l ai toujours indiqué, je ne m’en suis jamais cachée. Je n’ai pas hésité à mener des combats difficiles, qui pour beaucoup étaient perdus d’avance, même si rien n’est jamais perdu ni acquis à priori en politique. Je l’ai fait avec mes convictions et je suis fière d’avoir participé à ces campagnes électorales qui m’ont permis de retrouver les guadeloupéens et de faire entendre une autre voix dans le paysage politique guadeloupéen très encadré . Il est toujours plus difficile de convaincre dans une région « cadenasée » par un pouvoir local qui a instauré la pensée unique que de faire campagne sur une liste en métropole menée par une personnalité d’envergure nationale. Je n’ai pas fait de choix de la facilité, j ’ai fait le choix de la Guadeloupe .
4. Vous avez quitté la Guadeloupe pendant 23 ans, estimez-vous être en mesure d’évaluer convenablement les besoins de vos compatriotes et en quoi la Guadeloupe que vous connaissiez a-t-elle changé ?
Je n’ai jamais vraiment quitté la Guadeloupe car pendant toutes ces années je revenais au minimum deux à trois fois par an dans ma famille. Je n’ai pas la prétention de pouvoir évaluer seule les besoins de mes compatriotes. Les changements, je les observe comme chaque guadeloupéen et je regrette que les compétences transférées aux instances locales n’aient pas été suffisamment mises aux services des besoins élémentaires de la population et des priorités en matière d’emploi, de développement et d’aménagement du territoire . La Guadeloupe a pris beaucoup de retard notamment dans le domaine de l’eau, des transports et du traitement des déchets en raison de problèmes de gouvernance qui malheureusement font perdre le sens de l’intérêt général. Avec la crise, depuis 2009, la situation économique et sociale demeure particulièrement inquiétante notamment sur le plan de l’emploi et les risques de tensions ne doivent pas être sous estimées au vu de peu de perspectives offertes aux jeunes pour les prochaines années.
5. Pensez-vous que votre expérience peut être bénéfique pour la Guadeloupe. Si oui comment envisagez vous une gouvernance dans un environnement de Gauche.
Je considère par principe que toute expérience peut être utile dès lors que celui qui souhaite la faire partager, agit avec humilité et modestie sans vouloir se transformer en donneur de leçons. C’est le sens de ma démarche. Je suis également, dans l’exercice de mon mandat de conseillère régionale, très à l’écoute de l’expérience des mes collègues et autres partenaires. Il s’agit pour moi d’exprimer mon point de vue, certes différent, mais dans un esprit constructif avec une volonté farouche de faire avancer des propositions concrètes en espérant que la majorité de gauche les retiendra dans l’intérêt de Guadeloupe. Il est certain que la majorité actuelle de gauche ne favorise pas les débats en profondeur et qu’il est difficile pour une opposition d’aller au bout de ses arguments. J’espère que le vote du prochain budget de la région pourra se faire l’année suivante différemment avec une discussion par fonction et thème de manière à permettre l’instauration d’un vrai débat contradictoire sur les grands sujets qui concernent l’avenir de la Guadeloupe. Ce moment important dans la vie d’une région doit être à mon avis un exercice démocratique à la hauteur des enjeux. Tel n’a pas été le cas en 2013 et je le regrette très sincèrement pour l’image que nous devons donner en tant qu’élus aux guadeloupéens qui nous ont fait confiance.
6. Peut-on dire que la droite guadeloupéenne peut envisager l’avenir ? Si oui quel est le leader qui s’en détache ?
Les électeurs qui partagent les valeurs que porte notre famille politique sont plus nombreux que l’on ne pense. Malheureusement, depuis 2004, nous nous sommes enfermés dans des querelles de personnes qui ont nuit considérablement à faire vivre notre courant de pensée. Je pense aujourd’hui que cette période difficile est derrière nous. De plus, on sent pointer une volonté de changement après 10 ans de gestion de la majorité actuelle de gauche. Les lignes politiques sont entrain de bouger et le fiasco des différents congrès pour l’organisation d’une consultation populaire en prévision d’une évolution institutionnelle en est la parfaite illustration. Je suis convaincue que les prochaines élections municipales seront une première étape dans la clarification des forces politiques. A nous d’être présents, afin d’éviter que le débat ne se résume à une bataille de postes au sein de la gauche. L’actualité nationale nous donne les moyens de montrer que les guadeloupéens ont été trompés. Des 30 engagements pour l’outre mer il ne reste pas grand chose. Ce n’est pas une loi sur la vie chère qui va augmenter le pouvoir d’achat des guadeloupéens et ce ne sont pas les quelques centaines d’emploi d’avenir qui font régler le problème du chômage des jeunes. En revanche souvenez beaucoup avait considéré que l’application de la défiscalisation au bénéfice du logement social marquait le début du désengagement de l’Etat, Cette réforme je l’ai portée et j’en suis fière car grâce à cette action le nombre de logements sociaux construits est passé de 3500 à 7500 par an. J’entends ceux qui critiquaient hier notre politique reprendre à leur compte ces chiffres et se battre maintenant pour la maintenir faute de pouvoir faire mieux.
De plus les enjeux sont immenses car les prochains maires devront faire preuve de perspicacité avec une baisse annoncée par le gouvernement des dotations. Il leur faudra faire mieux avec moins de recettes alors que les besoins de la population sont sans cesse en augmentation avec la montée de la précarité. Dans cette bataille pour défendre les guadeloupéens et leur permettre d’avoir encore des élus de proximité efficaces, je peux y contribuer au nom des engagements et des convictions qui sont les miens .