En effet, des études comparatives menées en 2011 révèlent que les taux de sucre sont beaucoup plus élevés dans certains produits comme les yaourts, les sodas, etc. Trois exemples : un yaourt nature Outre-mer comporte 13% de sucre supplémentaire, un yaourt aux fruits, plus de 12%, et un soda, contient entre 44 et 47% de sucre supplémentaire, selon qu’il soit vendu en Guadeloupe, en Guyane, à la Martinique ou à la Réunion.
Celle qui mène ce combat est une élue de terrain. Elle est Maire de la commune de Trois-Rivières en Guadeloupe.
Elle sait de quoi elle parle : elle est pharmacienne de métier. Elle s’était déjà illustrée à l’Assemblée nationale par une question écrite concernant la situation préoccupante des hôpitaux publics de Guadeloupe. Cette fois, elle s’attaque de front au problème de l’obésité Outre-mer. Un fléau qui touche 25% des enfants, et plus de 50%. Pour Hélène Vainqueur-Christophe, entrée à l’Assemblée nationale quand Victorin Lurel a été ministre de l’Outre-mer : le « fameux goût sucré des ultramarins » est un faux argument. C’est un argument des industriels qui produisent laitages et sodas en direction des Outre-mer. Madame la députée reconnait du reste avoir été « approchée par les lobbies », mais elle est restée ferme, et « n’a pas changé le texte ». On nous a très certainement conditionné à aimer sucré, et cela dès le plus jeune âge, affirme-t-elle, mais la députée poursuit avec une tranquille assurance : « il faut progressivement faire évoluer les comportements alimentaires ». Quand Hélène Vainqueur-Christophe a travaillé sur ce texte, elle a exposé son combat de façon très sereine devant la commission des affaires sociales. C’est « une question de santé publique » dit-elle.
Cette loi s’appliquera dans tous les départements d’Outre-mer. Qu’il s’agisse de la Guyane, de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Réunion et de Mayotte, ainsi que dans les collectivités de Saint-Barthélemy, Saint-Martin et Saint Pierre et Miquelon.
Santé publique certes, mais cet article emblématique de proposition de loi qui interdit la différence de teneur en sucres ajoutés entre les produits vendus Outre-mer et ceux vendus en hexagone ne s’arrête pas là. Sa philosophie principale vise à établir l’égalité entre l’hexagone et les départements d’Outre-mer. Ainsi, comment trouver normal, que le délai limite de consommation de yaourt dans l’hexagone soit de 30 jours, alors qu’il est de 45 jours (voir de 55 jours, donc le double) dans les départements d’Outre-mer?
La FEDOM (la Fédération des Entreprises d’Outre-mer) vole de son côté au secours des producteurs locaux qui eux, sont soumis aux 30 jours de délais de consommation pour leurs yaourts, produits localement. Pour le FEDOM, c’est une forme de concurrence déloyale des produits importés de métropole. La FEDOM va plus loin : « le consommateur ultramarin est trompé puisqu’il ignore qu’il consomme des yaourts deux fois plus vieux que ceux proposés dans l’hexagone ». Conclusion de tout cela, l’article 53 du code des marchés publics sera modifié après le vote de cette loi. Et cela favorisera la production locale, via des circuits courts, lors de l’attribution des marchés publics de restauration collective. Cela permettra de faire consommer mieux, en plus grande quantité, les produits locaux dans les cantines scolaires.
Guillaume Garot, le ministre délégué en charge de l’agroalimentaire, enfonce le clou : « ce texte permettra de renforcer les filières agricoles de proximité ». Une sorte de discrimination que souligne la députée Monique Orphée, députée de la Réunion, qui dénonce, elle aussi, ce deux poids - deux mesures : le produit est encore consommable Outre-mer alors qu’il a déjà été enlevé des rayons en hexagone. Pour la députée Monique Orphée, il faut aller plus loin en l’intégrant à des campagnes d’informations et de luttes contre l’obésité. L’UMP s’étonne du vote de la loi en ce jour, et aurait souhaité qu’elle soit intégrée dans un bloc législatif plus vaste, intégrant la problématique de la nutrition (bloc législatif qui doit être voté dans quelques mois).
Ce projet de loi a été adopté sans opposition.
La deputée Hélène Vainqueur se satisfait évidemment du vote dans l’hémicycle, d’autant que tous les élus d’Outre-Mer ont parlé d’une même voix, y compris Daniels Gibbs. Le député de St Martin et St Barthélémy est pourtant dans l’opposition.




