Politique

mardi, 12 mars 2013 09:26

Un ultramarin peut en cacher un autre…

La dernière séquence politique offre deux regards très différenciés sur des personnalités gouvernementales issues de l’Outremer. Il y d’abord le torrent de réactions après les propos de M. Lurel aux obsèques d’Hugo Chavez. « Démission » ont-ils crié en écho à cette comparaison, il est vrai hasardeuse du représentant français : « Chavez, c’est de Gaulle et Blum en même temps ».

Chavez n’était à l’évidence ni l’un ni l’autre, ni les deux en même temps. Mais, il aura suffit d’une formule impropre largement relayée dans les gazettes pour que prospère cette vieille idée que les ministres de l’Outremer, qualifiés de sous ministres par des commentateurs radiophoniques, ne sont en réalité que des amateurs. Tropisme parisien ? Oui, sans doute. Tropisme et schizophrénie politique : la France aime à vanter sa diversité, elle se pique de lui offrir une place de choix au premier rang, mais dès qu’elle fait entendre une autre musique que celle montant des grands corps de l’Etat, on lui demande mezza voce de retourner à sa place. Et dans l’esprit jacobin dominant, la place de la périphérie est toujours à la marge. Il existe pourtant une France des Amériques, des terres australes et du Pacifique. Celle de Martinique, de Guadeloupe, de  Guyane et de Saint Pierre et Miquelon vit dans le jardin américain. On ne comprend pas cette France là en multipliant les séjours au club Med de Saint Anne. Ceux qui vivent là éprouvent une empathie naturelle et  presque géographique avec les peuples latinos et caribéens. Notre Amérique à nous,  celle des westerns et de Google n’a pas rencontré les coups d’Etats, la colonisation économique de l’Amérique centrale. M. Lurel a parlé avec son cœur caraïbe. Peut-on lui en vouloir lui qui est aussi une des voix du pays dans ce gouvernement ? On pourrait aussi au passage égratigner cet éditorialiste parisien connu qui s’interrogeait dans les colonnes du site lepoint.fr sur le sens des Outremers. Pourquoi DES outremers se demandait-il ? Il faut ne jamais avoir connu ces territoires et leurs populations, il faut ne jamais avoir ouvert un Atlas géographique pour poser une question aussi absurde.

On peut parfois désespérer des jugements hâtifs et de l’esprit à courte vue, mais on peut aussi parfois se réjouir de la maturité de l’opinion. C’est le second regard sur la séquence du moment. « Taubira sauve l’honneur de la gauche » titrait vendredi dernier le journal économique Les Echos en publiant le dernier baromètre CSA. En pleines turbulences pour l ‘équipe gouvernementale et au plus fort du désamour présidentiel, les Français ont de Madame Taubira une image plutôt positive. Elle gagne 8 points dans le sondage et la part des satisfaits l’emporte sur celle des mécontents. Qu’on soit d’accord ou non avec sa réforme du mariage, qu’on partage ou non ses convictions, Mme Taubira ré enchante la politique. Elle donne une leçon d’efficacité à tous les pros de l’éco système politique. Elle démontre que l’opinion n’aime rien de plus que la sincérité et la simplicité. Quelle découverte ? Christiane Taubira que nous avions ici qualifié respectueusement de négresse révolutionnaire apporte de l’air et de la fraicheur. Elle apparaît même comme le dernier refuge des valeurs défendues par sa famille politique. Moralité de cette petite séquence politique du mois de mars 2013 : qu’on vienne de la Corrèze ou du Zambèze, il faut être sincère pour convaincre.

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