Politique

lundi, 11 février 2013 13:13

Christiane Taubira, la Négresse révolutionnaire !

 

Christiane TAUBIRA, née Guyanaise, a fait ses premiers pas en politique en fondant le mouvement "Walwari", éventail en langue amérindienne. Un éventail pour donner un peu d'air à la vie politique locale.

Députée tous terrains, ses luttes sont d’abord celles de ses compatriotes Guyanais : les ressources de la mer, l’environnement, les dividendes de l’exploitation de l’or au profit de sa région, la sécurité.

Economiste de formation, de culture républicaine, Christiane Taubira veut également dépoussiérer l'Histoire en faisant inscrire dans la loi, la mémoire de ceux que la Révolution de 1789 avait oublié dans ses attendus: les esclaves. Elle va marquer l’Histoire de son nom, estimant qu’il était temps pour notre République de reconnaître ses origines multiples, ses identités diverses, et d’assumer tous les stigmates de son passé.

 

C’est ainsi, que dans la patrie des Droits de l’Homme, est né un texte transformant en loi un mythe fondateur. Cette loi porte le numéro 2001-434 et fait de la traite négrière et de l’esclavage un crime contre l’humanité.

"Fanm doubout", comme on dit aux Antilles et en Guyane, Christiane Taubira n’abandonne pas ses racines. Mais c’est désormais sur la scène nationale qu’elle va chercher à s’imposer. Comme pour faire entendre aux pairs de la République les musiques du fleuve Maroni, elle continue à investir l’Histoire. Forte de ses convictions et de son verbe flamboyant elle se lance en 2002 dans la course à la Présidence de la République.

Les secrets du microcosme parisien lui échappent-ils alors ? Les gazettes écornent son image, allant jusqu'à lui imputer la défaite de son champion. Dans un livre confession, bien plus tard, elle en tirera les leçons et évoquera « sa tentation de Venise ».

Météore dit-elle… Très vite, elle se relève et c’est chez elle, sur ses terres de Guyane, le plus vaste département français, qu’un soir de campagne, elle lance au candidat Hollande : « François, ne nous déçoit pas ! ». Christiane TAUBIRA, se glisse à la surprise générale sous les ors de la République et devient Ministre régnant sur un domaine régalien, celui-là même dont elle avait fait amender les frontières d’autrefois.

« L’avocate des nègres » sort de sa « bande côtière guyanaise » et s’attelle à des causes qui dépassent celles des communautés ethniques. Du harcèlement sexuel à la suppression des tribunaux correctionnels pour mineurs, des peines-planchers aux régimes de détention, elle s’attaque, bravache aux flancs chatouilleux de l’institution judiciaire en jetant une lumière cruelle sur un système semblant se nourrir de ses propres incohérences. Elle fait immédiatement l’objet d’attaques violentes, frontales, sournoises. Elle est conspuée sans pitié.

Encore une fois cette « force qui va » chasse ses doutes: elle se lève du banc capitonné des ministres et prend d’assaut le prétoire de l’Assemblée. Armée de sa dialectique, elle s’emploie, des nuits durant, à réparer un autre péché de la République qui avait déjà jeté dès sa fondation les esclaves et les femmes dans les oubliettes de son histoire. Elle part cette fois au secours d’une autre minorité, celle des couples homosexuels. A la façon d’une Simone Veil ou d’un Robert Badinter au terme d’un marathon parlementaire déjà élevé au rang sacré de chronique, cette « négresse révolutionnaire », comme elle aime à se qualifier, fait basculer la France dans le camp des démocraties plus ouvertes aux réalités de son époque. Dans l’hémicycle en fusion, Christiane Taubira  française, républicaine, européenne, n’oublie jamais ses racines guyanaises. Sans note, de son verbe puissant aux tonalités métalliques, jouant toute la gamme des émotions, elle cite Martin Luther King et Montaigne mais elle en appelle aussi à Césaire ainsi qu’à l’autre grand militant de la négritude, le Guyanais Léon Gontran-Damas.

Faisant d'une pierre deux coups, elle rappelle à cette Assemblée, jadis lettrée, de députés, d'où elle vient. Et que de grands écrivains, de grands philosophes, de grands poètes, ont existé, là-bas, au-delà de l'océan, et ont façonné de leurs pensées l'humanité du XXème siècle.

Des génies tant oubliés parfois qu'il lui fallut informer un député qui voulait auditionner à l'Assemblée Léon Gontran-Damas, que ce dernier était mort en 1978. Christiane Taubira, née en Guyane et française, comme Gaston Monnerville, donne ainsi sans coup férir une leçon d'humanisme républicain.

Christiane TAUBIRA, cette « gamine de la rue des Trois Cases », comme on l’appelait en Guyane, quand elle jouait aux billes dans les caniveaux, aura réussi un parcours fulgurant.

Il lui reste tout de même une étape, celle de la PMA.

Comment cette féministe, qui a pris très tôt modèle sur Rosa Luxemburg, Bakounine, et Olympe de Gouges, première féministe sous la révolution, conduira-t-elle la bataille sur ce que certains appellent le "corps marchandise"? Comment Christiane TAUBIRA, la féministe républicaine va-t-elle aborder cette épineuse question du Vivant?

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