Politique

mardi, 15 janvier 2019 10:14

Avortements et stérilisations forcés à la Réunion : vers une commission d'enquête parlementaire

Près de 40 ans plus tard, l’affaire des avortements et stérilisations sans consentement pratiqués sur de centaines, voire des milliers de femmes réunionnaises, revient sur le devant de la scène. Plusieurs députés demandent l’ouverture d’une enquête pour évaluer de manière précise l’ampleur des faits et l’étendue des responsabilités personnelles et institutionnelles.

Autant que le scandale des enfants de la Creuse, celui des avortements et stérilisations forcés de plusieurs femmes à La Réunion reste au travers de la gorge des habitants ce territoire. C’était dans les années 1960. Au cœur de cette affaire, le Dr David Moreau, directeur de la clinique orthopédique de Saint-Benoît était reconnu responsable des faits, mais avait malgré tout été dispensé de peine. Plusieurs autres protagonistes n'avaient même pas été inquiétés.

UNE PROPOSITION DE 28 DÉPUTÉS

Le dossier n'a pas été complètement oublié, puisqu’une « proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête » a été déposée le 19 décembre 2018, sur le bureau du président de l’Assemblée nationale,  Richard Ferrand, par 28 députés. Selon cette proposition, rendue publique cette semaine « il est avéré que plusieurs praticiens ont pratiqué des avortements et stérilisations sans consentement des patientes durant les années 1960 à l'île de La Réunion ».

UN PROCÈS EN 1971
C’est en 1970 que cette affaire a été révélée après qu'un médecin a été appelé auprès d’une patiente souffrant d’une grave hémorragie après un avortement suivi d’un curetage. C’est ainsi que l’opinion publique réunionnaise a découvert que plusieurs avortements et stérilisations forcés avaient été pratiqués depuis 1966 au moins, dans cette clinique. Cette découverte a fait l’objet d’une enquête judiciaire qui a abouti, en 1971, à un procès. Verdict : trois médecins et un infirmier condamnés à des peines allant de deux de prison avec interdiction d’exercer à la relaxe.

DES MILLIERS DE VICTIMES ?
Les députés signataires de cette proposition, parmi lesquels des élus des groupes La France insoumise, Les Républicains, de l'Union des démocrates et indépendants et de la Gauche démocrate et républicaine, veulent avoir  "une idée précise de l'ampleur des faits  », considérant que les déclarations de journées d'hospitalisations et les témoignages laissent penser que le nombre de victimes est bien plus élevé que les 36 avortements qui ont fait l’objet de poursuites et de condamnations. Il est question de centaines voire de milliers de femmes victimes.

IDENTIFIER LES RESPONSABLES
Il s’agit désormais de mesurer  « l'étendue des responsabilités personnelles et institutionnelles », notamment à propos de      « spots publicitaires pouvant caractériser l'existence d'une politique anti-nataliste de la part de l'État à La Réunion ». Ils espèrent notamment découvrir dans quelles conditions la Sécurité sociale a remboursé ces avortements et quel le nombre exact de médecins impliqués dans cette affaire. Des extraits d’une lettre d’un des accusés du procès de 1971, publiés dans l’édition du journal Le Monde du 2 février 1971 mettent en cause le conseil général et la Sécurité sociale et indiquent que 32 médecins seraient impliqués. Malgré tout, certaines pièces pourraient gêner l'avancée de l’enquête. Les registres des patients de la clinique auraient disparu.

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