Une année plus tard, la colère et la révolte qui avaient engendré la ferveur populaire des Guyanais sont encore bien vivaces. Elles nourrissent l’esprit d’une marche historique en direction de la Préfecture qui célébrait l’union des communautés face à leur ras-le-bol. On craignait alors que cet élan, au lieu de d’une fondation vers une nouvelle Guyane, retombe tel un soufflet à l’image de ce qui s’était passé en Guadeloupe en 2009. La réponse est cette commémoration.
Poursuivre le chemin déjà parcouru et imposer à l’Etat de respecter ses engagements, telle est la tâche du comité local de suivi des Accords de Guyane. L’association Trop’violans, membre du collectif des 500 frères, constate par la voix d’Yvane Goua sa trésorière, que des changements sont visibles mais qu’il reste encore beaucoup de choses à faire. « Sur le terrain on voit la volonté de l’Etat de tout mettre en œuvre pour plus de sécurité. Le renfort des forces de l’ordre, que nous avons suivi de près, se fait sentir notamment au niveau des établissements scolaires. » Le comité local de suivi des accords est divisé en 18 pôles. L’association Trop’violans agit au sein du pôle Justice et de la Sécurité. Il se réunit tous les mois et demi avec la préfecture pour l’application du plan d’urgence. « On sait très bien que tout ne peut pas se faire en un an, annonce Yvane Goua, mais nous veillons à ce que notre pôle sécurité justice puisse accélérer les choses. Il reste encore beaucoup de choses à faire en matière de sécurisation des routes, des écoles, de lutte contre l’orpaillage. Pour l’heure, nous sommes toujours dans le plan d’urgence, l’enjeu c’est de basculer le plus rapidement possible dans le Projet Guyane. »
Mauvaise gestion des États généraux
Ce projet Guyane est censé être l’aboutissement des Etats Généraux mis en place après la signature des Accords de Guyane. Cependant, beaucoup de critiques ont été faites à l’encontre du Conseil Territorial de Guyane (CTG) en charge d’organiser ces Etats Généraux. Notamment le choix de mettre des réunions à 10h du matin en semaine, suscitant une faible affluence. Dernier « faux-pas » en date de la part du Président de la CTG, Rodolphe Alexandre, boucler les Etats Généraux par une réunion à Paris avec les Guyanais de la capitale. Pour Yvane Goua, « ce n’était pas une nécessité d’aller là-bas. Il fallait surtout plus écouter les communes, notamment les plus reculées. » Un constat partagé par la communauté amérindienne qui ne croit guère aux miracles que pourrait produire ces états Généraux, comme l’a indiqué Laurent Awalou sur le plateau de Guyane 1ère
#etatsgeneraux : un bilan dans l'émission politik.guyane pic.twitter.com/du15l6z4qv
— Guyane la 1ère (@guyla1ere) 9 février 2018
Soutien à Mayotte
L’enjeu n’est pas que Guyanais. Lorsque la population ultramarine se mobilise pour dire haut et fort qu’ils ne sont pas de citoyens de seconde zone, le gouvernement est souvent long dans la gestion de la crise. Après les 44 jours de grève, en 2009, en Guadeloupe, puis mars-avril 2017 en Guyane, a présent c’est Mayotte qui fait part de son ras-le-bol, notamment sur la question de la sécurité. Le collectif des 500 frères a annoncé son soutien aux mahorais par cette vidéo.
Le collectif suit l’évolution de la situation à Mayotte de très près car d’après Yvane Goua, « si on ne peut pas sécuriser Mayotte, on ne pourra pas sécuriser la Guyane. »