Ainsi les résultats escomptés sont mitigés, selon un rapport de l’Inspection général des finances les revenus de ces autoentrepreneurs "inférieurs au smic pour 90 % d'entre eux, à l'issue de trois années d'activité".
De plus, sur un marché du travail sous tension en particulier dans les DOM, certains chefs d’entreprise peu scrupuleux y voient le moyen de se tailler une main d’œuvre corvéable à merci. Rappelons que fin mars 2013, que le nombre de demandeurs d’emplois en Guadeloupe s’élève à 600050 personnes. La conjoncture actuelle ne laisse pas espérer aucune évolution favorable rapidement.
Dans ce contexte, le statut d’autoentrepreneur est un moyen pour certains de réduire l’impact de la masse salariale sur leur organisation. Ainsi, il n’est pas rare que lors de l’entretien d’embauche, le recruté se trouve fortement conseillé de se déclarer en autoentrepreneur pour espérer travailler. L’ « employeur - donneur d’ordre » dispose donc d’un « prestataire – employé » qui ne lui coutera quasiment rien : plus de congés payés, plus de cotisations URSAFF, plus de prime, plus d’heures supplémentaires, plus d’assurance à prévoir, risque de grève envolé… Aucune garantie pour le nouvel autoentrepreneur qui se trouve dans une situation précaire avec une seule source de revenu. La prestation correspondant à un emploi, l’amplitude horaire ne permet de proposer ses services à d’autres prestataires. Ce sont des postes de chauffeurs-livreurs, maçon, commercial, esthéticienne… qui sont proposés. Par exemple, une entreprise de la place n’hésite à proposer ces conditions : le livreur se voit octroyer un versement fixe de 500€, le camion étant celui du donneur d’ordre et un paiement aux nombres de clients livrés ou de ventes réalisées. Si le nombre de client diminue sa rémunération aussi. S’il augmente, sa cadence aussi automatiquement sans pouvoir se plaindre de faire des heures en plus : elles ne sont pas comptées. Il n’a pas intérêt à être malade, en retard ou en désaccord avec son « client » : il n’a aucune assurance chômage. Pour une personne en situation précaire, il se dit c’est toujours mieux que de pointer au RSA (460€ environ par mois) ; surtout si la plupart des entreprises du marché impose ces conditions.
Des employés sous contrats subissent des pressions afin de changer de statut, s’ils veulent garder leur emploi.
Cependant, il faut savoir qu’il y a un risque de requalification des activités en contrat d’usage donc en CDI. L’employeur peut se trouver obligé de faire face à un rappel de toutes les cotisations dues depuis l’occupation du poste par l’autoentrepreneur avec les pénalités d’usages voire même l’octroi de dommages et intérêts! Une activité indépendante se caractérise par la liberté pour celui qui crée d’organiser son activité, la recherche de client, de maîtriser ses tâches. Si ce n’est pas le cas, la relation contractuelle peut se voir requalifier par un juge. Selon la jurisprudence, l’existence d’un contrat de travail ne dépend ni de la volonté des parties, ni de la qualification donnée (salaires, honoraires, indemnités…), mais des conditions de fait dans lesquelles est exercée l’activité du travailleur. Est ainsi considéré comme salarié celui qui accomplit un travail pour un employeur dans un lien de subordination juridique permanent. L’employeur est condamnable comme s’il avait dissimulé ou non déclaré son employé. Une infraction qui peut mener à de lourdes sanctions pénales : 3 ans d’emprisonnement et 45€ d’amendes.
Pour autant, si les premières condamnations d’ « employeurs – donneurs d’ordres » tombent en France continentale, le système a de beaux jours devant lui tant que le travail sera aussi rare. Cette « crise » est l’occasion idéale de faire reculer les avancées sociales.
En 2012, 5004 entreprises ont été crées en Guadeloupe dont près de 40% d’autoentreprises.




