Pour son Millésime 2013, une régie au firmament, des lumières qui magnifient chaque vibes et donnent aux cameramen ou aux photographes l’envie de se surpasser. Ces jeunes artistes de deux fois vingt cinq ans et de nombreuses poussières ont enchanté leur public, et c’est en cela que l’on peut parler d’un groupe qui fédère. D'une famille construite par une même passion, couronnée par quelques cœurs formant alors un mémorable chœur. Kassav a témoigné de son parcours de professionnels exceptionnels.
Si le Parisien titrait « Kassav a toujours le Punch » avec une subtilité qui ramenait me semble-t-il à la boisson locale, laissez-moi dire qu’ils sont alors comme le « Vieux Rhum », qu’ils vieillissent avec excellence. Kassav est un Label, une Empreinte Gwadloup-Matinik ou vice-versa avec les épices africaines.
Les jours de répétitions, les mois de promotion, les nuits plus longues que les jours - sans sommeil probablement. Le perfectionnisme a joué encore. Kassav est bien là, Kassav est une « machine qui tonne», toujours bien huilée. Voilà le métissage "Kassavien". Une salle chaque soir mixte. Blancs et noirs, maghrébins et asiatiques, parents, grands-parents épi yiches côte à côte chantant créole. Et on peut dire que là Kassav et tous ses membres ont réussi leur pari d’il y a trois décennies, mettre en lumière le « chanté kréol ».
Ce moment original encore où il donne la parole à celui des musiciens (cuivre) le plus ancien Hamid Belhocine pour présenter les siens, délicatesse et humilité. Des chorégraphies portées par Marie-José Gibon sur le Ka de Patrick Saint-Elie, une prestation endiablée de Jean-Jacques Seba sous les percussions de son pote Easy Boy, Thomas Bellon. Et des musiciens qui de plus en plus dansent pour le show, et Miss Béroard toujours plein de dynamisme allié à la sensualité. Une mise en scène de tous les feux tout le long du spectacle et comme on le dirait pour une revue américaine : Yes vous l'avez bien descendu ces escaliers. YES WE « CAN'NE » parce que vous vous abreuvez toujours aux sources. Mémoire et Patrimoine obligent.
Oui Madame Béroard, Messieurs Desvarieux, Naimro, Marthély & Décimus et Mesdames et Messieurs les musiciens et choristes-danseurs, « ambianceurs » devant l’Eternel vous transmettez plus encore que la pédagogie basique. Vous faites école, comme nos littéraires, nos réalisateurs, nos sportifs. Vous contribuez au patrimoine culturel français. La diaspora représenté par de grandes figures comme Firmine Richard, Kareen Guiock, Corinne Coman Jean-Michel Martial, Serge Letchimy entre autres sont venus vous honorer et ils ont pu voir que l’on peut encore compter sur nos "vétérans du Zouk" avec 35 années d'expérience.
On a pu observer également que le nouvel album Sonjé, dont certains titres ont été présentés pour la première fois à Paris, est en passe de rentrer dans le patrimoine déjà riche du groupe. Il était attendu le Sonjé en hommage à Patric Saint-Eloi interprété avec tellement d’émotion par l’ami Pipo Marthély, et le public l’a accueilli avec enthousiasme. Jean-Claude Naimro a lui aussi mis son grain de sel avec élégance sur son titre dont le refrain Lagé moin reste en mémoire. Mais il faut surtout retenir que chacun a fait son show, comment ne pas frémir sous les cordes de la guitare de Jacob Desvarieux et la basse de Georges Décimus. Et la voix de la dame Marie-Céline Chroné s’élevant toujours pli fo et lorsqu’elle joue au chacha, c’est phénoménalement divin.
Ces trois jours nous permettent de dire : Yo sé dè mèt a maniok ! They are the Champions. Ils sont les recordmen de la discipline comme vainqueurs d'un grand chelem. Et ce fut chaque fois comme dans un temple sacré les chants comme un choeur s'élevant de la scène du Zénith. Kassav a entammé son Mawonaj Tour comme un marathon.
Chacun de nous est reparti en fin de concert la tête dans les étoiles caraïbes.
Et même s'il y eut des sons rock, funky l'essence même de nos origines a fait vaciller certainement le scepticisme de certains dévalorisant le zouk en parlant de musique pas majeure. « Zouk Majeur » par ces années d'existence, « Majeur Zouk » parce que Kassav comme une résilience, en a écrit l’Histoire, et lui a donné ses Lettres de Noblesse.
Le voilà notre « Eritaj » tant qu'avec notre littérature, nos traditions, us et coutumes, et notre façon de « bèlman » vivre le quotidien. N'en déplaise !
Si toutefois, quelques labels ou médias le trouve simplement festif, ne pouvant être joué que durant les jours d'ensoleillement, sachez qu'il peut être entendu en toute saison. Le ZOUK de Kassav fait frémir, fait réfléchir, fait dire, laisse à comprendre qu'il porte le drapeau d'une identité métisse issue de la négritude et gagné à force de combativité. Oui le Zouk a été leur bataille, et ils nous ont témoigné encore, Jocelyne, Jacob, Jean-Philippe, Jean-Claude et Georges, les cuivres et tous leurs complices que « Universel » se transcrit en musique.
Trois jours durant, et à terme, une constatation : JUST ONE LOVE.
Pour ceux qui auraient quelques regrets de n'y avoir pas été, sachez qu'en décembre, Kassav fera son Olympia. Et là à coup sûr, la capitale parisienne s'embrasera encore de la chaleur des « péyis » Guadeloupe er Martinique fusionnés pas Kassav.
Avec des notes voilà ce que l'on obtient. Des moments de pure communion. Voilà l'union sacrée grâce à Kassav. C'était un week-end où un Millésime a été débouché pour des amis. N'est-il pas cela aussi l'art de bien vivre aux Antilles, l'appréciation de ses musiques. Le Zouk est un Label identitaire, qu'on se le dise. Ils sont venus, ils ont joué, ils ont convaincu. Et comme un succès n'arrive pas en vain. Après des heures de travail et de concentration. De création. Il est des médias pour le reconnaitre,
Le Monde, Le Parisien, France Inter, France Télévisions et de nombreux autres.
Aujourd'hui, les journalistes nationaux témoignent du triomphe légitime de Kassav. Nous pouvons dire Loné épi Rèspé ba yo (honneur et respect).
Euzhan Palcy parlait d'eux en signifiant leur musique de poésie
Au delà de la vibration musicale. Kassav conforte que la société antillaise, celle en partie de la génération Bumidom retrouve la fierté et se tient debout. Là au Zénith pour dire combien il compte dans la nation française.
Kassav au Zénith Paris - http://youtu.be/szyiy_wM7C0
KASSAV in Concert at the Zenith/Paris - June 2013 - http://youtu.be/vp7Fi5moYcc by FamilieJungeHH
Photos copyright Migail Montlouis-Félicité