Chris Combette doit se produire très bientôt au festival de Montreuil génialement intitulé « C’est pas du Jazz ». Ce concept qui en dit long sur la perception de nos cultures et la volonté des médias de cantonner nos musiques dans « l’exotisme et le doudouisme ». Ce qui dérange et opprime nos talents privés d’espaces d’expression. Le zouk les aura pris de vitesse par la force du succès populaire …
La route semble encore bien longue pour les musiques de nos mondes ...
Revenons à Chris Combette que nous décrivons : une douceur infi nie se dégage de cet homme au regard clair et la sensibilité à fl eur de peau…
Outremerlemag : Faisons connaissance ?
Guyanais c’est ainsi que Chris se déclare même si la Martinique où il a grandit pendant 12 années sera toujours dans son coeur. Il embrasse pleinement la culture caribéenne dans laquelle il a évolué toute sa vie. Entre la Martinique, et la Guyane né dans une famille où ses frères ainés faisaient de la musique il n’a aucun mal à construire sa musicalité caribéenne.
Martinico-Guyanais ou Guyanais ?
Sans se rendre compte il dévoile son amour et son attachement pour la Guyane qu’il appuie avec calme et évidence sans que cela ne le contredise ni ne nous heurte. Car on sent bien qu’il est attaché à ses deux territoires, même si la Guyane semble gagner sa préférence, c’est la terre qui l’a vu naître …
Pourquoi cet attachement à la Guyane ?
Selon Chris Combette la Guyane souffre d’un déficit d’image. Le bagne, l’orpaillage clandestin et l’expédition de Kourou en 1763 ternissent quelque peu l’aura de la Guyane… Il s’emploie donc par son travail d’artiste à participer à sa manière à la promotion de son pays. Il le dit avec un ton solennel et on comprend que l’artiste est engagé pour sa Guyane natale.
Un parcours atypique scientifique enseignant ou Musicien ?
Peu à peu Chris se dévoile plutôt surpris qu’Outremerlemag ait cherché à découvrir qui se cachait derrière cet immense musicien, il répond très simplement.
« J’ai été informaticien de formation et j’ai également été enseignant, précisément professeur de mathématiques pendant 18 ans ». Aujourd’hui et depuis 17 ans Chris se consacre entièrement et avec passion à la musique. Cependant, il avoue aider ses enfants en mathématiques mais nous avons bien conscience que la Musique est sa vie à plein temps. Surtout, quand il nous explique le cheminement de l’écriture des paroles qu’il doit poser sur ses mélodies.
L’homme est consciencieux il s’impose une rigueur catégorique presque cartésienne. Il dit que « faire son auto-critique est un avantage, savoir quand ce n’est pas bon est une force.
Alors il recommence… Il donne du sens à sa création musicale, une certaine logique … On ne peut s’empêcher d’y voir la rationalité du scientifique.
« La mélodie ça va, c’est naturel … » nous dit-il. Mettre des paroles sur une musique nécessite une maturation, un exercice long et réfléchi … presqu’un accouchement … Parfois l’exercice n’aboutit à rien… mais le compositeur nous révèle qu’il ne lâche rien, il met sa pleine mesure jusqu’à ce que l’oeuvre soit accomplie…
Outremerlemag qui a participé à la Foire de Paris 2013 a noté que le concours Lépine 2013 avait salué l’ingéniosité d’un saxophoniste inventeur d’une ligature en laiton pour protéger l’anche de son instrument et en préservant le son.
A cette annonce Chris nous dit : « Le rêve me prend quand je vois le saxophone » cet instrument se joue avec le souffle et le souffle c’est la vie ! » Il est ravi et espére que ce prix en permette la vulgarisation.
C’est un instrument noble mais pas directement prisé par les enfants qui préfèrent la guitare car elle est plus connue plus familière… Pourtant l’expression musicale avec le saxophone est tellement exceptionnelle… Chris est enthousiaste… il fait mine de jouer au saxo …
Là, Maïty Freeman, l’attachée de presse de l’événement Jazz de la saison à Montreuil, lui met une guitare entre mains… Il joue naturellement, il est midi au café… tout le monde se tait et la magie opère … le public médusé écoute… Chris chante le blues .. ! Il entame quelques accords et il chante à nouveau doucement mais sa voix résonne jusque dans nos coeurs … les regards s’interrogent et s’illuminent … C’est magique !…
Comment définissez vous votre style de « Jazz » ?
- Très tôt j’ai appris la guitare. Avec mes frères, j’ai baigné dans toutes les musiques de la Caraïbe et de l’Amérique du sud (Le Compas D’Haïti , La Salsa, la Bossa nova, La biguine, Le calypso, … ).
J’ai tout interprété … plus jeune j’ai joué dans les groupes de Lycées… Quand je me suis mis à composer ce sont toutes ces infl uences qui ont surgi et façonné ma musique.
Bien qu’il soit Lauréat du Prix SACEM de la Martinique 1995 du meilleur compositeur avec l’inoubliable « Lé siel si bas », il nous dit « Si c’était à refaire je serai écrivain …. » . Ce qui ne nous étonne en rien parce que l’artiste semble vouloir dompter ce qui lui résiste : l’écriture…
Outremerlemag dénote cet esprit de « combattant » qui le caractérise. Nous le qualifi ons « aigre-doux » ou nous dirons plutôt qu’il nous apparaît comme les braises du volcan de Saint-Pierre et le Fleuve tranquille du Maroni…c’est Chris Combette.
Outremerlemag l’interroge alors sur Christiane Taubira Ministre de la Justice Garde des Sceaux, originaire de la terre de Guyane tout comme lui.
L’artiste admiratif du parcours de la Garde des Sceaux. « Son aptitude au travail est tout simplement édifi ant.». On perçoit alors une immense tendresse et très grande affection quand il parle d’elle. On découvre qu’une amitié sincère les lie. Madame la ministre a écrit plusieurs textes mis en musique par le musicien dont un, « Lenbé » fi gure dans son dernier album « Les Enfants de Gorée ».
Et les projets ?...
- Le 1er juin je donne un concert sur la Place François Mitterrand à Clamart, le 7 au festival « C’est pas du jazz » à Montreuil, puis deux concerts à Chypre les 21 et 22 et en août des clubs au Canada et le Reggae International Festival de Montréal.
