Culture

jeudi, 23 mai 2013 04:48

Marie-Galante, terre d'émotions, Terre de Blues

Il y a des terres qui se méritent et je vous assure que Marie-Galante en fait partie. Pour de nombreuses personnes de l’hexagone, la chanson de Laurent Voulzy Marie-Galante Belle-Ile-en-mer leur permettait de découvrir ce bout de terre bénie en face de la Guadeloupe. Je comprends l’engouement de certains de mes amis pour leur péyi Marie-Galante. A les entendre, on imagine cette île, immense ! Mais cette démesure est liée à la place qu’elle occupe dans nos cœurs. L’accueil sur la « Grande Galette », « Galante », c’est comme la Téranga au Sénégal. Vous êtes « pris en charge » par la bienveillance de ce peuple fier et souriant. Pendant cette 14ème édition de Terre de Blues, on a pu découvrir différents visages de Marie-Galante, d’autant que le nombre de la population a fortement doublée depuis le début de ces festivités.

Un festival qui donne à la destination Guadeloupe une nouvelle figure, avec un label  authentique. Le Festival, c’est un tourisme de masse venant de tous les horizons. C’est aussi et surtout un événement qui augure le meilleur. Faire venir des artistes de grande notoriété, et qui vise à offrir aux visiteurs une extraordinaire ouverture aux cultures du monde.

Terre de Blues, c’est non seulement les musiques des Caraïbes, mais aussi celles de l’ensemble de la planète. 13000 festivaliers se sont réunis cette année à l’ancienne Habitation Murat pour danser et chanter en chœur les chansons des invités de cette édition.

Des mélodies de la Martinique avec Tony Chasseur & son Mizikopéi. Il fallait entendre le son Mbalax du Sénégalais Omar Pene avec son orchestre le Super Diamono de Dakar.

Quarante ans de chants tirés de la tradition sénégalaise et qui ont fait danser les étoiles sur une terre d’ancêtres africains. Oui la musique est capable de tout. Nos âmes se sont souvenues de nos terres originelles.

L’énergie jamaïcaine de Damian Gong Marley, le fils au timbre de voix semblable à celle de Bob Marley nous a fait vibrer. Son Exodus s’éleva comme une prière au dessus du plateau de Terre de Blues. Il a dit : « Guadeloupe, I bless you ».



Le lendemain, Raul Paz, avec ses mélodies saupoudrées de couleurs cubaines a enchanté un public antillais amoureux de salsa, et a clôturé sa prestation avec un « Viva Marie-Galante ». Il venait de déclarer que la musique de Kassav était universelle. Puis, sous les vibrations funkies, le public a chaviré aux sons des titres à succès de Chic featuring Nile Rodgers : le talentueux compositeur et musicien qui a travaillé avec Sister Slege, Diana Ross, et depuis peu Daft Punk. Le matin même à la conférence de presse il avait émis l’envie de travailler avec les musiciens de Kassav. Why Not ! Les deux groupes s’étaient déjà rencontrés lors du festival de Curaçao l’an dernier.

Et puis l’heure de Kassav est arrivée, le moment attendu sans aucun doute par les milliers de festivaliers qui sont venus de Martinique, de Paris, de Guadeloupe, de Sainte-Lucie, de la Dominique, de Nice, de partout ailleurs. Deux heures d’un show passionné, c’est définitivement une histoire d’amour, Kassav et son public. Des chansons d’hier et d’aujourd’hui qui reflètent un peu leur tournée Mawona, avec une escale à Paris- au Zénith les 7, 8, 9 juin. Kassav a battu le record de tous les temps du festival avec les 13 000 festivaliers venus les applaudir.


Marie-Galante a été prise d’assaut par la compagnie consulaire Express des Iles avec une rotation triplée des navettes. Avions et transports maritimes privés avaient assuré ce trafic. Le soleil était au rendez-vous malgré quelques apparitions de nuages. Le Off comme le In ont battu le plein pour manifester de la dimension internationale de Terre de Blues. Des stands d’artisans locaux animaient le Village Terre de Blues érigé sur le Port.

Un mot de la marraine qui fut cette année une enfant du Pays, l’animatrice de RCI, Judith Symphorien. Le lendemain pour clôturer cet évènement ce sont Strings, mélange de troubadour haïtien et de flamenco tropical, le blues-man américain Guy Davis et l’enfant de la Guadeloupe Admiral T et son dancehall qui ont marqué les derniers rythmes.

Les différents invités, au terme de leurs shows ont salué Marie-Galante avec enthousiasme et ont témoigné de leur bonheur d’être là. 
Il faut souligner la nouveauté de l’année, chaque concert du In a été diffusé en direct par  Canal +/Canal Sat Caraïbes. Une équipe surprenante renforcée par des techniciens venus spécialement de l’hexagone. Le Off était quant à lui retransmis entre autres par les équipes de Canal 10. De nombreux journalistes et photographes avaient fait le déplacement pour couvrir la 14ème édition, et nous n’avions rien à envier au Festival du cinéma à Cannes, nous avons travaillé chaque jour sous la lumière d’un soleil chaud au bord de la mer et sur les hauteurs d’un lieu magnifique, l’Habitation Murat.


Quelques jalons d’histoire :
Marie-Galante c’est d’abord une terre d’Arawaks. Ces amérindiens, que découvre en 1493 Christophe Colomb lors de son deuxième voyage. Il baptise l’île du nom d’un de ses bateaux la Maria Galanda. En 1648, des colons français s’installent et bâtissent un fort à Grand-Bourg. Les Caraïbes se sont bien défendu de cette invasion étrangère. Les premiers esclaves ont été amenés d’Afrique afin de cultiver la canne  sucre, soient plus de 50% de la population. De nouvelles techniques de culture de la canne furent amenées par des colons hollandais qui fuyaient le Brésil. Ce fut alors l’apparition des moulins, l’île en compte une centaine, ce qui fait une attraction touristique de plus.
 
Pendant de nombreuses années des Français et Anglais se disputèrent longtemps ce petit bout de terre en forme de galette. Après l’abolition de l’esclavage en 1794, rétabli en 1802 et définitivement accordé en 1848, les Hollandais enlevèrent les habitants plusieurs fois et pillèrent le pays.

La « Grande Galette » connut bien des incidents, entre fléaux naturels et révolutions. Grand-Bourg, une des communes de Marie-Galante fut entièrement détruite par un incendie en 1838. En 1843, c’est un tremblement qui secoua l’île. Des révoltes d’esclaves retentirent afin que soit définitivement établie l’abolition de l’esclavage. Pendant trois jours et trois nuits, ce fut la liesse pour accueillir cette nouvelle liberté. Il subsista cependant des violences sur cette île colonisée. C’est seulement en 1849 que des élections législatives rétablirent un peu d’ordre entre les affranchis et les colons qui les exploitaient. Et en 1920, certains descendants d’esclaves ont pu accéder à la propriété d’une sucrerie à Marie-Galante.

Un nouveau fléau naturel en 1865, un cyclone et le choléra maltraitent la population. Un autre incendie en 1902 et deux autres cyclones en 1928 & 1995 ravagent encore la Grande Galette.



Une Charte est signée par les trois communes de Marie-Galante en 1994 afin de valoriser leur patrimoine écologique commun, leur production locale. Un site protégé existe dans le Nord-Est du pays.

En matière d’économie, Marie-Galante a vu se développer la culture du tabac, de l’Indigo, du coton. C’est au XVIIIème siècle que la canne à sucre a remplacé tout cela. Jusqu’au début du XXème siècle elle fut un revenu sûr. De petites exploitations agricoles ont remplacées les grandes plantations. Son rhum blanc à 59° est sous le label AOC. Le réseau sucrier s’y développe ainsi que le tourisme que est en passe de devenir une « manne » pour Belle Ile en Mer, Marie-Galante comme l’a chanté Laurent Voulzy. Il faut rappeler que cette chanson  a initié probablement au jumelage de Belle-île-en-Mer en Bretagne et de Marie-Galante.


La Rédaction tient à remercier :

La Cie Air Caraïbes qui a permis à notre Journaliste -Reporter Migail Montlouis-Félicité de se rendre à la Guadeloupe afin de couvrir le Festival Terre de Blues.
www.aircaraibes.com                               

Les Transports Attaud pour la visite de Marie-Galante. Une tournée de 3 heures à travers le péyi La Grande Galette pour mieux la découvrir – Transports Pierre & Félic Attaud : 06 90 40 26 10

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