Avec un son quelque peu funky-cadence créole et, l’étincelle a pris jusqu’au terme du concert. Et le cadeau fut beau hier soir dans un Paris engourdi par le froid. La salle était quant à elle surchauffée par les vibrations rythmiques des notes des musicos de La Pefecta. Imaginez, 40 ans de créations essentielles qui ont enrichi le patrimoine de la chanson martiniquaise.
C’est en 1970, en période encore d’exil by Bumidom (Bureau pour le développement des migrations dans les départements d'outre-mer) que naît un groupe qui forcera l’admiration d’un public depuis extrêmement fidèle. Et, pourtant l’ensemble a eu sa longue traversée du désert et lorsqu’il se reforme avec sa vieille garde dans les années 1990, c’est sans appel, l’engouement est toujours présent.
Ce sont à l’origine des enfants du Robert et de Trinité, deux communes du nord-est de la Martinique qui fondent La Perfecta. Sa spécificité, c’est qu’il réunit des musiciens très éclectiques venant d’horizons plutôt diverses. Ils sont aussi avec une de leur chanson à l’origine d’une danse « la Fouka » qui est extrêmement sensuelle.
Mais surtout, La Perfecta nous a promené tant dans la Martinique de nos enfances que dans l’Ile aux Fleurs vivant un modernisme assumé. La musique de La Perfecta vous conduit sur les mornes du Robert, dans les savanes du Sud, vous fait plonger dans les rivières du Nord et vous fait traverser encore les rues foyalaises. L’essence même de la Martinique est alliée à quelques sonorités caribéennes des îles voisines, anglaises et espagnoles. La Perfecta c’est tout ce mix, cette recette à consommer sans modération.
Et le public de deux sinon trois décennies a encensé ce 10 février une formation de professionnels passionnés et qui nous ont joué hier soir le cœur palpitant et les jambes d’une efficace jeunesse.
Tout en blanc vêtu, de la tête aux pieds, avec une classe folle, les pas façonnés à la façon d’une Fania All Stars (groupe de musiciens cubains nés à New-York dans les années 60/70), c’était « belman » (superbement) enchanteur ce nouveau rendez-vous avec La Perfecta.
De la Divinité à Ayouskous, le Chik Chèk Chok a frappé en puissance les souvenirs des femmes et hommes dansant sur parquet du Casino, mais les enfants aussi se sont laissés convaincre par les chansons qu’ont aimé leurs parents et cela étaient en dehors du spectacle, ce qu’il y eut de plus beau à voir. Il y a eu aussi les boléros chantés par Marius Priam l’autre lead des premiers temps avec Paulo Albin.
Gageons que cette Perfecta-là n’a pas fini de nous émouvoir, et de nous surprendre.
A tout un orchestre qui rentrait ce lundi sur leur terre natale, merci de nous faire palpiter encore et à jamais.