Culture

lundi, 25 mai 2015 12:56

Haïti honorée à la 17ème édition de Limyè Ba Yo !

La 17ème édition de la commémoration des victimes de l’esclavage initiée par le CM98 a tenu ses promesses. Un spectacle de théâtre et de danse qui raconte l’histoire de nos ancêtres esclaves. « Le mois de mai marque dans l’hexagone celui de la mémoire de l’esclavage colonial ».
Et pour cet événement 2015, c’est le groupe phare de la première République Nègre Libre qui a chanté pour témoigner du pardon des uns aux autres.

Des milliers de personnes à la Place de la République, et même si la statue de « dame République », nous tournait quelque peu le dos, les officiels présents ont su dire les mots qui peuvent convaincre du bien-fondé de leurs engagements auprès des descendants d’esclaves.
Monsieur Serge Romana a d’abord rappelé l’historique du CM98 et introduit la Présidente du CM98, Mme Viviane Romana qui a invité à  sur scène les différents interlocuteurs et surtout ceux qui depuis des années soutiennent cette association.
Les représentants de la Région Ile de France Jean-Paul Huchon et de la République, Monsieur Jean-Paul Huchon et Mme la Ministre George Pau-Langevin ont après leur discours respectif été chaleureusement salués par la foule.

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Jean-Paul Huchon a déclaré : «  Les colons  ont détruit une mémoire collective de plusieurs générations (… ), nous sommes donc ici pour guérir cette blessure depuis la marche du 23 mai 1998, nous avons choisi de faire de cette date un temps de recueillement où nous regardons en face une tragédie, un crime pendant plusieurs siècles. En redonnant une mémoire à ces oubliés de l’histoire française, (…) nous reconstruisons notre propre histoire car la mémoire de l’esclavage dans les anciennes colonies françaises n’est pas l’affaire d’une communauté, d’une minorité mais de toute une nation. Accepter cette mémoire et la sortir des oubliettes, c’est nous permettre d’avancer vers un avenir commun. (…) La mémoire collective ne peut pas être faite de refoulements et d’ignorances. La vérité doit être dite… »

George Pau-Langevin a déclaré : «  Quel chemin parcouru depuis ce fameux jour de mai 1998 avec cette idée qu’il y avait eu crime et esclavage mais qu’il y a désormais des victimes de l’esclavage que l’on avait oublié. Pour tous ceux qui n’avaient pas eu de tombeau leurs sépultures étaient notre mémoire. Il nous faut nous souvenir d’eux, grâce à ce chemin parcouru et le travail effectué depuis 15 ans par le CM98, nous pouvons donné un nom, un identité à ces gens que nous connaissions pas… Je dois dire que lorsque j’ai reçu mon document qui décrivait l’arbre généalogique de mes ancêtres retrouvés sur l’habitation Longueteau, à sa lecture c’est une émotion immense que je souhaite à chacun d’entre vous. Il faut que tous ces hommes soient désormais considérés à égalité des héros tels Delgrès, Solitude ou Ignace ; l’homme ordinaire qui s’est battu pour résister malgré les coups et les humiliations est sans doute le plus souvent notre ancêtre, il nous faut donc nous rappeler sa vie et respecter la leçon de courage que nous héritons de lui. Ils ont résisté et n’ont pas perdu leur âme. Leur cause a enfin été entendue par la République. La leçon que nous devons en tirer, c’est être à l’avant garde des luttes, se battre pour que l’humiliation et l’offense par racisme ne survivent plus. Nous avons encore des Bastille à conquérir. Il nous faut rendre hommage à ses ancêtres suppliciés quotidiennement. (…) »

Quant à Mme Christiane Taubira, la Garde des Sceaux c’est dans un recueillement silencieux qu’elle a assisté à la cérémonie en mémoire des victimes de l’esclavage, elle avait auparavant au côté de Mme la Ministre de l’Outre-Mer et des représentants du CM98 visité les stands  de généalogie et d’histoires des familles du CM98.

Mesdames Sophie Elizéon, la Déléguée interministérielle pour l’égalité des chances des Français d’Outre-mer et l’adjointe de Madame le Maire Anne Hidalgo Célia Blauel, la comédienne Firmine Richard ont également participé à l’ouverture de cette rencontre.

Moment fort de la journée, c’est l’intervention du Docteur Emmanuel Gordien, Maître de Conférences des Université et  directeur du centre de généalogie du CM98, responsable de l’atelier de généalogie et d’histoires des familles antillaises qui pour l’honneur rappelait à chacun des artistes le nom du premier esclave dont il est descendant. Quelques larmes ont sans doute été retenues, mais l’émotion des voix les a traduites sensiblement.

Chacun de ceux qui ont participé à la 17ème édition de « Limyè Ba Yo » a véritablement marqué : du technicien à l’artisan, du musicien au comédien, du « diseur » de mots au bénévole, des communicants aux chefs d’entreprises, et le public éclectique. Tous ont montré combien la force vive d’un peuple rassemblé, fusse t’il d’origines différentes est certes liée à son passé mais qu’ensemble ont peut construire pour un meilleur développement en devenir.

A la Place de la République, trois termes gravés sur la toile font le label du CM98 :
*Retrouver pour honorer… autour de l’atelier de généalogie et d’histoires des familles antillaises créé depuis 2006 et qui permet de retrouver l’origine des noms de 120 000 personnes en Guadeloupe et en Martinique, après l’abolition de l’esclavage.
*Comprendre pour transmettre… une université populaire permet depuis le 18 mai 2013 de mieux comprendre les sociétés post-esclavagistes. Elle est d’ailleurs l’unique espace d’apprentissage scientifique à ce sujet.
*Honorer pour s’affilier… A partir des archives, le CM98 a pu réunir de nombreux objets permettant d’honorer la mémoire des esclaves fabriqués à partir de documents d’archives. Des livres également ont été édités pour témoigner et un site anchoukaj.fr permet de retrouver un aïeul esclave…

La journée de Limyè Ba Yo permet bien sûr aux Antillais de se réunir pour honorer, mais également convie à un rassemblement communautaire, nationale et égalitaire.

Il est certain que tous n’y adhèrent pas, mais force est de constater que cet événement déplace bons nombres de personnes qui y viennent pour se renseigner, retrouver le nom d’un aïeul. En effet tout le long des cérémonies et spectacles, le stand de généalogie n’a pas désempli. Il y aussi le plaisir d’y retrouver un plateau d’artistes amis du CM98, comme Jocelyne Béroard qui participa à l’élaboration du bureau du CM98 aux origines. Tous ont témoigné de leur appartenance à cette communauté et du respect qu’ils portent à la mémoire des victimes de l’esclavage.

James Germain a clôturé en hommage à Haïti la première partie de la prestation musicale dirigée par Tony Chasseur et son groupe les » Déchinnés » (les sans chaînes) et c’est Tabou Combo, l’orchestre phare du compas qui a rapporté les message du pardon au public de Paname en deuxième partie, avec une émouvante interprétation de Jocelyne Béroard de la chanson YO, un hymne pour AYITI de l’auteur-compositeur Fred Désir, co-écrit avec Patrick Chamoiseau.

Au bout du compte, après la date du 10 mai pour le Mémorial ACTe à la Guadeloupe, et au Luxembourg à Paris, le 22 mai pour la Martinique, le 23 mai pour le CM98, le 27 mai pour la Guadeloupe, 2015 est sans doute l’année du Mois de la Mémoire Républicaine consacrée à rendre honneur à nos histoires. Il nous faudra toujours nous rappeler de  toutes les dates : 10 août pour la Guyane,  20 décembre pour la Réunion, 1er janvier pour Haïti.

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