Politique

Une nouvelle monnaie vient d’entrer en vigueur en Guyane. Le Kwak fait partie du vaste réseau de monnaie locale. Sur le marché depuis fin mars, cette monnaie parallèle vise à apporter un souffle à l’économie locale, sans toutefois se substituer à la devise européenne. « Ça reste une monnaie complémentaire » annonce Meryll Martin président de l’Association Kwak La Guyane (AKLG), porteur du projet. Il détaille : « C’est une monnaie d’échange et non pas du troc. 1 euro égal 1 Kwak. Cette monnaie n’a pas pour but de remplacer l’euro, elle amène de la résilience car lorsqu’il y a aura une dévaluation de l’euro cela permettra plus de stabilité ». Par conséquent, mieux vaut ne pas échanger son salaire en Kwak. D’autant que pour l’heure, vous ne pouvez retirer des kwaks que chez une trentaine de commerçants principalement basés Cayenne et sa région. « Les démarrages sont toujours prudents » concède Meryll Martin, « on a mis 3 ans pour sortir les billets, on n’a pas eu de subventions, on est juste une équipe de bénévoles. Mais maintenant que la phase de mise en circulation des billets est opérée, le prochain challenge est de bien marquer l’ancrage territorial et ça se fera grâce à des services civiques et l’accompagnement de professionnels »

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Meryll Martin (à droite) échangeant un petit giraumon contre des kwaks. © AKLG

Le socle social de l’Amazonie

Le nom n’a pas été choisi au hasard. En Guyane, le kwak est une galette de manioc (qui prend le nom de kassav en Guadeloupe et en Martinique) et le manioc est le socle social de toute l’Amazonie. Il faut donc voir cette monnaie comme le symbole d’un retour à l’échange à échelle locale. Mais pas que. L’utilisation du Kwak est l’affirmation d’un engagement politique pour des produits locaux. « Il faut presque le voir comme un label et non plus comme un billet » souligne Meryll Martin. Le Guyanais prend également exemple sur le Brésil voisin. « Dans une favela à Fortaleza, ils ont mis en place une monnaie locale complémentaire. Cela a permis de relocaliser les échanges. Car beaucoup d’habitants allaient dépenser leurs réals en dehors du quartier. L’utilisation d’une monnaie locale a permis une plus grande autonomie du quartier en plus de le valoriser économiquement. Pour nous c’est peut-être l’occasion de s’émanciper davantage. » Le président de l’AKLG n’est même pas hostile à une monnaie locale transfrontalière (Surinam, Guyane et Brésil), valorisant un véritable écosystème financier.

Comment trouver des Kwak et payer en Kwak ?

Chez des commerçants membres de l’association Kwak Lagwiyann, vous pourrez échanger des euros contre des kwaks. Mais avant de recevoir les « billets maniocs » il vous faudra adhérer à l’association et ainsi signer la charte de l’AKLG.

Le Kwak en quelques chiffres :

-    30 000 billets imprimées

-    60 adhérents à l’association pour le moment

-    Objectif : toucher les 22 communes de la Guyane.

L’exemple du Wir en Suisse :

Le Wir est une monnaie locale suisse, créée en 1934 pour pallier au krach boursier de 1929. L’existence de cette monnaie parallèle au Franc suisse dure depuis 80 ans et assure une certaine souplesse au fonctionnement d’ensemble de l’économie locale. Aujourd’hui, elle est mise en circulation par sa propre banque, la Banque Wir, et elle est utilisée par 60 000 entreprises qui l’utilisent comme unité de compte et monnaie de règlement.  

Publié dans Economie

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