

Saül et son passé aurifère
Saül au cœur de la Guyane, à 180 km de Cayenne, point de départ des plus beaux sentiers de randonnée ouverts au cœur du parc national, rêve d’un écotourisme impossible à ce jour car sans accès par fleuve.
Saül, l’ancien cœur de la ruée vers l’or guyanaise, ne vit plus aujourd’hui qu’au rythme de sa centaine d’habitants avec une cafeteria épicerie, et sa piste d’atterrissage cabossée, seul moyen d’accès. Elle a choisi de faire le pari de l’écotourisme et de participer à la longue histoire du Parc. Imaginé sous Giscard en 1978, puis relancé en 1992 par Mitterrand au sommet de Rio, avec ses 33 900 km2. Le parc englobe 40% de la Guyane, aux confins du Brésil et du Surinam. Le problème, c’est qu’il recouvre aussi la « la chaîne Inini-Camopi », aux gisements d’or légendaires. Or, l’actuelle flambée les rend de nouveau rentables.
Protéger : le choix des élus
Cette signature du permis d’exploitation pourrait certes redonner vie à Saül, mais à quel prix ! Les organisations de protections de la nature ont immédiatement réagi. « Ce secteur éco-tourisme n’a pas vocation à accueillir une mine industrielle », affirment-elles. Le permis accordé est constitué par la partie amont de la vallée alluviale de la Crique Limonade, classée en zone de libre adhésion du Parc National. Directement en aval du permis, le bassin de la Crique Limonade bascule en zone cœur, et depuis le 1er janvier 2012, le Schéma Départemental d’Orientation Minière SDOM, classe l’ensemble de la zone comme étant interdit aux activités minières, en raison notamment de l’importante richesse biologique du secteur. Au-delà du scepticisme, voire de la détresse des habitants de Saül qui s’inquiètent de leur avenir, c’est toute la Guyane qui est inquiète par ce permis d’exploitation à la société REXMA, contre l’avis de la commission des mines, du maire de Saül et de ses habitants et du CA du PN de Guyane. D’autant que ce n’est pas la première fois qu’un tel fait se produit. Déjà en 2006, pour satisfaire les intérêts particuliers de l’entreprise, le Ministre de l’Industrie de l’époque avait autorisé les recherches minières dans ce secteur en passant outre les avis défavorables du Maire, de la Commission Départementale des Mines et du Préfet. Collectivités et grands élus de Guyane sont en émoi. D’autant que cette autorisation intervient en pleine réforme du code minier.
Que pourrait gagner Saül dans cette affaire ? Une piste aérienne rénovée et le financement de la décharge.




